Ventes d'œuvres le 1748.04.22

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  • 1748.04.22/ -. Vente de l'œuvre décrite comme [[Un grand Tableau peint sur toile par Rubens. Ce Morceau est un de ces effets prodigieux du Pinceau de ce grand Maître, où sans chercher à finir avec soin toutes les parties du Tableau, il se contentoit de la composer poëtiquement, & de l'exécuter avec cette fougue de génie & cette énergie d'expression, dont il étoit seul capable. Son Sujet est le fameux Quos Ego... tiré de l'Eneide de Virgile. Rubens a suivi de point en point ce que le poëte a si bien rendu dans son Poëme. Cet excellent Peintre a eu le talent d'exprimer dans ce Tableau, la plus grande partie de ce que Virgile a renfermé dans plus de soixante Vers du premier Livre des son Enéide, où il décrit cette furieuse tempête qu'Eole Dieu des Vents fit soulever à la priere de Junon qui avoit jurée la perte des Vaisseaux de la Flotte d'Enée. Si ces deux grands hommes, supérieurs chacun dans leur Art, eussent vécu dans le même tems, il seroit difficile de dire à la vûe de ce Tableau, si le Peintre a fait ce Sujet d'après la Description qu'en a donnée le Poëte, ou bien si le Poëte l'a exécuté dans son Poëme, d'après l'imagination du Peintre. Les Eaux se trouvent confondues avec le Ciel, & la fureur de leurs flots s'élèvent jusqu'aux cîmes des Rochers les plus élevés, contre lesquels ils viennent se briser avec impétuosité. L'air est par-tout enflammé d'éclairs, & le tonnerre tombe de toutes parts. On voit s'enfoncer dans l'abîme de ces Eaux un de ces Vaisseaux, tout enflammé de la foudre que Junon elle-même que l'on appercoit dans un nuage, a lancée sur lui. L'effet de l'embrazement de ce Vaisseau est peint avec tant de séduction, que l'on s'imagine véritablement le voir enflammé. On admire sur le haut d'un Rocher, une figure dans une attitude animée, saisie d'effroi par la vûe de ce Spectacle, & dans laquelle le sentiment de terreur est exprimé avec tout le feu imaginable. Les nuages cependant commencent à fuir, & le Soleil cherche à reparoître. La présence de Neptune a déjà commencée à ramener le calme dans le lieu où on l'apperçoit. Ce Dieu est monté sur son Char soulevé par quelques Nayades, & tiré par des Chevaux Marins. Nous ne prétendons pas donner ce Tableau comme un de ces Morceaux capitaux de ce Maître, sur lesquels il a employé un tems suffisant pour en rendre toutes les parties avec les soins nécessaires qui les font mettre au rang de ses Ouvrages les plus précieux. Il ne peut pas, cependant, passer pour une simple Esquisse, les Figures y étant exactement dessinées & peintes d'une manière assez arrêtée, pour qu'il puisse être regardé comme un Tableau fait. Nous le présentons donc, avec confiance, comme un Morceau piquant, peint librement & avec intelligence, qui peut-être placé avantageusement dans un Cabinet, auprès des productions des plus grands Maîtres, & qui doit satisfaire un véritable Connoisseur. Il est même plus convenable à ces vrais Amateurs de la Peinture qui s'attachent ordinairement, plus au grand goût d'un Peintre, au beau génie de la composition, & au feu d'une exécution facile, qu'à ces Ouvrages trop terminés, & qui font presque toujours accompagnés d'un froid & d'une Secheresse qui ne peuvent leur plaire. (Rubens)|Un grand Tableau peint sur toile par Rubens. Ce Morceau est un de ces effets prodigieux du Pinceau de ce grand Maître, où sans chercher à finir avec soin toutes les parties du Tableau, il se contentoit de la composer poëtiquement, & de l'exécuter avec cette fougue de génie & cette énergie d'expression, dont il étoit seul capable. Son Sujet est le fameux Quos Ego... tiré de l'Eneide de Virgile. Rubens a suivi de point en point ce que le poëte a si bien rendu dans son Poëme. Cet excellent Peintre a eu le talent d'exprimer dans ce Tableau, la plus grande partie de ce que Virgile a renfermé dans plus de soixante Vers du premier Livre des son Enéide, où il décrit cette furieuse tempête qu'Eole Dieu des Vents fit soulever à la priere de Junon qui avoit jurée la perte des Vaisseaux de la Flotte d'Enée. Si ces deux grands hommes, supérieurs chacun dans leur Art, eussent vécu dans le même tems, il seroit difficile de dire à la vûe de ce Tableau, si le Peintre a fait ce Sujet d'après la Description qu'en a donnée le Poëte, ou bien si le Poëte l'a exécuté dans son Poëme, d'après l'imagination du Peintre. Les Eaux se trouvent confondues avec le Ciel, & la fureur de leurs flots s'élèvent jusqu'aux cîmes des Rochers les plus élevés, contre lesquels ils viennent se briser avec impétuosité. L'air est par-tout enflammé d'éclairs, & le tonnerre tombe de toutes parts. On voit s'enfoncer dans l'abîme de ces Eaux un de ces Vaisseaux, tout enflammé de la foudre que Junon elle-même que l'on appercoit dans un nuage, a lancée sur lui. L'effet de l'embrazement de ce Vaisseau est peint avec tant de séduction, que l'on s'imagine véritablement le voir enflammé. On admire sur le haut d'un Rocher, une figure dans une attitude animée, saisie d'effroi par la vûe de ce Spectacle, & dans laquelle le sentiment de terreur est exprimé avec tout le feu imaginable. Les nuages cependant commencent à fuir, & le Soleil cherche à reparoître. La présence de Neptune a déjà commencée à ramener le calme dans le lieu où on l'apperçoit. Ce Dieu est monté sur son Char soulevé par quelques Nayades, & tiré par des Chevaux Marins. Nous ne prétendons pas donner ce Tableau comme un de ces Morceaux capitaux de ce Maître, sur lesquels il a employé un tems suffisant pour en rendre toutes les parties avec les soins nécessaires qui les font mettre au rang de ses Ouvrages les plus précieux. Il ne peut pas, cependant, passer pour une simple Esquisse, les Figures y étant exactement dessinées & peintes d'une manière assez arrêtée, pour qu'il puisse être regardé comme un Tableau fait. Nous le présentons donc, avec confiance, comme un Morceau piquant, peint librement & avec intelligence, qui peut-être placé avantageusement dans un Cabinet, auprès des productions des plus grands Maîtres, & qui doit satisfaire un véritable Connoisseur. Il est même plus convenable à ces vrais Amateurs de la Peinture qui s'attachent ordinairement, plus au grand goût d'un Peintre, au beau génie de la composition, & au feu d'une exécution facile, qu'à ces Ouvrages trop terminés, & qui font presque toujours accompagnés d'un froid & d'une Secheresse qui ne peuvent leur plaire.]] réalisée par Rubens, vendue par Charles Godefroy, achetée par Mr de Lor pr le Roy de Polongne au prix de 600 frs. [3]
  • 1748.04.22/ -. Vente de l'œuvre décrite comme [[Un agréable Tableau peint sur toile par le Guide. La rareté & le mérite des Ouvrages de ce grand Maître sont connus de tous les Curieux. Celui-ci représente un jeune Enfant nud, dormant, & couché sur un linge. Le Guide avoit un talent supérieur pour rendre les Carnations dans leur fraîcheur, & pour conserver un ton lumineux & clair dans toutes les parties de son Sujet, joint à la legereté de son Pinceau qui est inimitable. C'est aussi ce qui fait l'agrément de ce Morceau. (Le Guide)|Un agréable Tableau peint sur toile par le Guide. La rareté & le mérite des Ouvrages de ce grand Maître sont connus de tous les Curieux. Celui-ci représente un jeune Enfant nud, dormant, & couché sur un linge. Le Guide avoit un talent supérieur pour rendre les Carnations dans leur fraîcheur, & pour conserver un ton lumineux & clair dans toutes les parties de son Sujet, joint à la legereté de son Pinceau qui est inimitable. C'est aussi ce qui fait l'agrément de ce Morceau.]] réalisée par Le Guide, vendue par Charles Godefroy, achetée par Giraud au prix de 600 frs. [5]
  • 1748.04.22/ -. Vente de l'œuvre décrite comme [[Une magnifique Nôce, de David Teniers peinte sur toile. Ce Tableau est encore un de ces morceaux capitaux de ce grand Maître, dont la varieté & l'action des Figures, ainsi que le mérite de l'exécution, attirent ordinairement les regards des Curieux. Les Figures y sont d'une certaine grandeur, au nombre de trente-quatre. C'est un de ceux qu'il a peints avec le plus de vigueur, quoiqu'il soit d'un grand fini. L'effet en est admirable, & les caractère de Tête y sont d'un tr`es-beau choix. Il y en a un surtout d'un Vieillard qui paroît sur le devant du Tableau, dont la finesse & la fierté de la Touche sont tout-à-fait dans le goût des Têtes du Rimbrandt. On découvre vers la droite du Tableau un lointain, avec un Village placé sur le haut d'une Colline. On ne rencontre guères de Tableaux de ce Maître qui soient plus vigoureux, & qui méritent mieux les attentions d'un Amateur. Sa bordure est de sept pouces de bois. (David Teniers)|Une magnifique Nôce, de David Teniers peinte sur toile. Ce Tableau est encore un de ces morceaux capitaux de ce grand Maître, dont la varieté & l'action des Figures, ainsi que le mérite de l'exécution, attirent ordinairement les regards des Curieux. Les Figures y sont d'une certaine grandeur, au nombre de trente-quatre. C'est un de ceux qu'il a peints avec le plus de vigueur, quoiqu'il soit d'un grand fini. L'effet en est admirable, & les caractère de Tête y sont d'un tr`es-beau choix. Il y en a un surtout d'un Vieillard qui paroît sur le devant du Tableau, dont la finesse & la fierté de la Touche sont tout-à-fait dans le goût des Têtes du Rimbrandt. On découvre vers la droite du Tableau un lointain, avec un Village placé sur le haut d'une Colline. On ne rencontre guères de Tableaux de ce Maître qui soient plus vigoureux, & qui méritent mieux les attentions d'un Amateur. Sa bordure est de sept pouces de bois.]] réalisée par David Teniers, vendue par Charles Godefroy, achetée par De Gaignat au prix de 2410 frs. [6]
  • 1748.04.22/ -. Vente de l'œuvre décrite comme [[Un très beau Paysage peint sur toile par Adrien Vanden-Velde. Les Morceaux de ce Maître, qui sont très-recherchés, ne se trouvent pas ordinairement d'un si grand volume. Celui-ci représente la vûe d'un Paysage Hollandois d'après nature, & dont l'horizon est fort bas. Toutes les vûes de ce Pays ne peuvent jamais donner de variété dans le Terrein, n'y ayant aucunes éminences qui puissent favoriser un Peintre qui travaille d'après nature, & qui veut rendre son Sujet tel qu'il le voit. On apercoit sur le devant du Tableau, un Paysan qui conduit un troupeau de Boeufs & de Vaches. Ces animaux y sont dessinés avec la plus grande correction, & peints avec tous les Ouvrages de cet excellent Maître. L'effet en est beau, & la touche en est ferme. (Adrien Vanden-Velde)|Un très beau Paysage peint sur toile par Adrien Vanden-Velde. Les Morceaux de ce Maître, qui sont très-recherchés, ne se trouvent pas ordinairement d'un si grand volume. Celui-ci représente la vûe d'un Paysage Hollandois d'après nature, & dont l'horizon est fort bas. Toutes les vûes de ce Pays ne peuvent jamais donner de variété dans le Terrein, n'y ayant aucunes éminences qui puissent favoriser un Peintre qui travaille d'après nature, & qui veut rendre son Sujet tel qu'il le voit. On apercoit sur le devant du Tableau, un Paysan qui conduit un troupeau de Boeufs & de Vaches. Ces animaux y sont dessinés avec la plus grande correction, & peints avec tous les Ouvrages de cet excellent Maître. L'effet en est beau, & la touche en est ferme.]] réalisée par Adrien Vanden-Velde, vendue par Charles Godefroy, achetée par Le Dou au prix de 500 frs. [7]
  • 1748.04.22/ -. Vente de l'œuvre décrite comme [[Un sujet allégorique peint sur bois dans le goût de Franc Flore. Quoique ce Morceau ne soit point décidé touchant le nom de son Auteur, il n'en est pas moins intéressant dans l'exécution de son coloris & dans la correction de son dessein. Il y a même des parties qui approchent beaucoup du goût & de la Touche de Rubens. Il représente un jeune homme dans une Barque qui se défend en ramant, contre les flots. On voit deux femmes dans cette Barque, dont l'une prend ce jeune homme par-dessous le menton. Cette Allégorie paroît tendre à donner l'idée du combat des hommes contre les passions. (Franc Flore)|Un sujet allégorique peint sur bois dans le goût de Franc Flore. Quoique ce Morceau ne soit point décidé touchant le nom de son Auteur, il n'en est pas moins intéressant dans l'exécution de son coloris & dans la correction de son dessein. Il y a même des parties qui approchent beaucoup du goût & de la Touche de Rubens. Il représente un jeune homme dans une Barque qui se défend en ramant, contre les flots. On voit deux femmes dans cette Barque, dont l'une prend ce jeune homme par-dessous le menton. Cette Allégorie paroît tendre à donner l'idée du combat des hommes contre les passions.]] réalisée par Franc Flore, vendue par Charles Godefroy, achetée par L'abbé Mayinville au prix de 160.1 frs. [8]
  • 1748.04.22/ -. Vente de l'œuvre décrite comme [[Un très-beau Tableau peint sur toile par Carlo Maratti. Il porte trente-sept pouces de haut, sur cinquante pouces de large. Ce Tableau, qui est des plus agréables de ce grand Maître, représente une Sainte-Famille, ou pour mieux dire, un repos en Egypte. Les graces, la legereté, la noblesse des Figures, & ce bel accord des couleurs que Carlo Maratti répandoit toujours dans ses Tableaux, se remarquent dans toutes les parties de celui-ci, qui, par malheur, n'a fait que trop de bruit parmi les Curieux. Sa réputation est établie sur une aventure trop sinistre, pour en rappeller ici la mémoire. Il seroit souhaiter que cette triste aventure eût pû du moins instruire fructueusement des dangers qu'il y a de donner indiscretement ou à dessein, des impressions désavantageuses sur certains Morceaux, dont le mérite réel perce tôt ou tard. Ceux, sur-tout, qui font commerce en ce genre de curiosité, ne peuvent être trop circonspects dans les conseils qu'on leur demande, & dans les avis qu'un Curieux chancelant veut, quelquefois, exiger d'eux. Le parti le plus sage est de ne hazarder jamais de parler, de soi-même, d'un Tableau, que lorsqu'il y a occasion d'en relever les beautés. Cependant on ne doit nullement être embarrassé quand on ne peut éviter de dire son sentiment. Il ne faut que suivre, en ce cas, la conduite prudente de ces ennemis déclarés de toute partialité, qui se contentent d'exprimer exactement & avec vérité, l'effet que fait sur eux un Tableau, sans vouloir lui être trop favorable, sous prêtexte qu'il intéresseroit quelqu'un qu'ils voudroient obliger, & aussi sans affecter d'en vouloir attaquer tous les défauts, avec intention de nuire à celui qui en seroit le propriétaire. Quel fruit peut-on se promettre d'une autre conduite? Et n'est-ce pas là le véritable moyen que doit employer un homme d'honneur dans ces occasions, comme le seul capable de le mettre à l'abri de tout reproche, tant de la part de celui qui le consulte, que du côté de celui qui le consulte, que du côté de celui à qui l'effet appartient? Mais il n'arrive que trop souvent que par un intérêt mal entendu, ou que poussé par une basse jalousie de Métier, attachée plus particulierement à ce genre de négoce qui d'ailleurs n'a rien que d'agréable & d'amusant, on ne cherche qu'à dégoûter, de propos délibéré, par un examen rigoureux & malin, un Curieux qui paroît avoir quelque penchant pour un Morceau qui lui plaît. On prive souvent par là un Amateur, d'un Tableau qu'il aime, & qu'il ne peut s'empêcher de regretter toutes les fois qu'il le retrouve entre les mains d'un autre. Ces exemples sont fréquens, & nous les voyons arriver tous les jours. Comme il n'y a point de Tableaux, tels parfaits qu'ils soient, dont on ne puisse facilement donner quelques impressions désavantageuses, & auxquels on ne soit en état de porter préjudice, lorsqu'on en veut anatomiser les parties foibles, en les attaquant les unes après les autres, on est sûr alors de réussir dans son dessein, & l'on se trouve toujours dans la possibilité de nuire quand on le veut. On va même encore plus loin quelquefois. On ne se contente pas de mettre en évidence, & dans un grand jour, les défauts réels d'un Morceau, mais on lui en prête souvent qu'il n'a pas. Tout devient excellent ou détestable, original ou copie, pur ou retouché, correct ou incorrect dans le dessein, selon les différens intérêts pour ou contre que l'on prend aux choses ou aux personnes qui les possedent. Combien ces sortes de manoeuvres opposées à l'honneur & à la bonne foi, sont-elles sujettes à de fâcheuses suites! On n'en voit que trop souvent des preuves. Et combien aussi ces sortes d'avis doivent-ils paroître suspects & méprisables aux Amateurs, quand ils se trouvent dans l'occasion d'en découvrir le faux & la malignité, dont les effets ne peuvent tourner avec le tems, qu'à la confusion de ceux qui sont dans ce mauvais usage! Quelle erreur de croire encourager ainsi un Amateur, & de s'imaginer de gagner par-là auprès de lui un plus grand crédit! Mais bien plûtôt, quel inconvénient n'arrive-t-il pas ordinairement d'un pareille conduite! On nourrit, en ce cas, dans l'esprit d'un Curieux qui n'est pas en état de se décider, une méfiance déjà naturelle & qu'on ne peut blâmer. Il croit avoir été trompé sur chaque Tableau, ou du moins, il craint de l'être par la suite. Il chancelle & combat ses desirs, sur un nouveau morceau qui le flate. Il voudroit, mais il n'ose, en rechercher la possession. Cette émulation qu'il avoit pour augmenter son Cabinet tombe insensiblement & tourne en dégoût. Il n'a plus de confiance en qui que ce soit, parce qu'il ne peut pas en avoir en lui-même ; & enfin tout le fruit qu'il tire de sa curiosité, est de se persuader que l'on court toujours trop de risque dans ces sortes d'acquisitions, & qu'on ne doit presque jamais compter sur la franchise des sentimens de ceux qui exercent cette Prosession. Je ne prétens pas, à beaucoup près, insinuer par-là aux Marchands, une fausse complaisance en faveur de leurs Confrères, ni les exciter à s'étendre en de fades & ridicules louanges sur des Morceaux qui n'auroient aucun mérite, & encore moins leur conseiller de taire, quand ils seront consultés, les malversations qu'ils reconnoîtroient dans des suppositions de noms d'Auteurs ou d'originalité. Cette maxime seroit encore plus condamnable, comme contraire au bien public. Il n'y a rien alors à ménager ; le silence deviendroit repréhensible ; ce seroit soutenir la fraude, & vouloir ouvrir le chemin à une tromperie manifeste. Mais, j'entens seulement qu'ils doivent se refermer, en ce cas, dans les bornes étroites de la plus exacte vérité, sans préjudicier aux intérêts des deux parties ; Qu'ils ont tort de prendre sur eux une décision affirmative pour ou contre, s'ils ne se sentent pas capables de la pouvoir donner avec connoissance de cause ; & enfin, qu'ils ne doivent point rencherir sur les beautés d'un Morceau, ou en grossir les défauts, selon les differens mouvemens des passions qui pourroient les faire parler en bien ou en mal. Ce vice n'est que trop le vice général des Commerçants en tout genre ; il n'est aussi que trop connu ; il seroit à désirer, pour l'avantage des Arts, ainsi que pour celui des personnes qui les cultivent & qui les aiment, qu'il fût moins ordinaire. Un Curieux, en effet, doit toujours être en garde contre la réalité des avis donnés par un Marchand, sur des effets dont il fait lui-même commerce, & que l'intérêt peut porter à mépriser, dans l'espoir que ce Curieux pourroit avoir recours à lui. Il faut avoir beaucoup de foi pour être persuadé de la fidélité de ces avis, sur-tout quand ils sont donnés sans qu'on les ait requis ; & rarement aussi, en est-on dupe. (Carlo Maratti)|Un très-beau Tableau peint sur toile par Carlo Maratti. Il porte trente-sept pouces de haut, sur cinquante pouces de large. Ce Tableau, qui est des plus agréables de ce grand Maître, représente une Sainte-Famille, ou pour mieux dire, un repos en Egypte. Les graces, la legereté, la noblesse des Figures, & ce bel accord des couleurs que Carlo Maratti répandoit toujours dans ses Tableaux, se remarquent dans toutes les parties de celui-ci, qui, par malheur, n'a fait que trop de bruit parmi les Curieux. Sa réputation est établie sur une aventure trop sinistre, pour en rappeller ici la mémoire. Il seroit souhaiter que cette triste aventure eût pû du moins instruire fructueusement des dangers qu'il y a de donner indiscretement ou à dessein, des impressions désavantageuses sur certains Morceaux, dont le mérite réel perce tôt ou tard. Ceux, sur-tout, qui font commerce en ce genre de curiosité, ne peuvent être trop circonspects dans les conseils qu'on leur demande, & dans les avis qu'un Curieux chancelant veut, quelquefois, exiger d'eux. Le parti le plus sage est de ne hazarder jamais de parler, de soi-même, d'un Tableau, que lorsqu'il y a occasion d'en relever les beautés. Cependant on ne doit nullement être embarrassé quand on ne peut éviter de dire son sentiment. Il ne faut que suivre, en ce cas, la conduite prudente de ces ennemis déclarés de toute partialité, qui se contentent d'exprimer exactement & avec vérité, l'effet que fait sur eux un Tableau, sans vouloir lui être trop favorable, sous prêtexte qu'il intéresseroit quelqu'un qu'ils voudroient obliger, & aussi sans affecter d'en vouloir attaquer tous les défauts, avec intention de nuire à celui qui en seroit le propriétaire. Quel fruit peut-on se promettre d'une autre conduite? Et n'est-ce pas là le véritable moyen que doit employer un homme d'honneur dans ces occasions, comme le seul capable de le mettre à l'abri de tout reproche, tant de la part de celui qui le consulte, que du côté de celui qui le consulte, que du côté de celui à qui l'effet appartient? Mais il n'arrive que trop souvent que par un intérêt mal entendu, ou que poussé par une basse jalousie de Métier, attachée plus particulierement à ce genre de négoce qui d'ailleurs n'a rien que d'agréable & d'amusant, on ne cherche qu'à dégoûter, de propos délibéré, par un examen rigoureux & malin, un Curieux qui paroît avoir quelque penchant pour un Morceau qui lui plaît. On prive souvent par là un Amateur, d'un Tableau qu'il aime, & qu'il ne peut s'empêcher de regretter toutes les fois qu'il le retrouve entre les mains d'un autre. Ces exemples sont fréquens, & nous les voyons arriver tous les jours. Comme il n'y a point de Tableaux, tels parfaits qu'ils soient, dont on ne puisse facilement donner quelques impressions désavantageuses, & auxquels on ne soit en état de porter préjudice, lorsqu'on en veut anatomiser les parties foibles, en les attaquant les unes après les autres, on est sûr alors de réussir dans son dessein, & l'on se trouve toujours dans la possibilité de nuire quand on le veut. On va même encore plus loin quelquefois. On ne se contente pas de mettre en évidence, & dans un grand jour, les défauts réels d'un Morceau, mais on lui en prête souvent qu'il n'a pas. Tout devient excellent ou détestable, original ou copie, pur ou retouché, correct ou incorrect dans le dessein, selon les différens intérêts pour ou contre que l'on prend aux choses ou aux personnes qui les possedent. Combien ces sortes de manoeuvres opposées à l'honneur & à la bonne foi, sont-elles sujettes à de fâcheuses suites! On n'en voit que trop souvent des preuves. Et combien aussi ces sortes d'avis doivent-ils paroître suspects & méprisables aux Amateurs, quand ils se trouvent dans l'occasion d'en découvrir le faux & la malignité, dont les effets ne peuvent tourner avec le tems, qu'à la confusion de ceux qui sont dans ce mauvais usage! Quelle erreur de croire encourager ainsi un Amateur, & de s'imaginer de gagner par-là auprès de lui un plus grand crédit! Mais bien plûtôt, quel inconvénient n'arrive-t-il pas ordinairement d'un pareille conduite! On nourrit, en ce cas, dans l'esprit d'un Curieux qui n'est pas en état de se décider, une méfiance déjà naturelle & qu'on ne peut blâmer. Il croit avoir été trompé sur chaque Tableau, ou du moins, il craint de l'être par la suite. Il chancelle & combat ses desirs, sur un nouveau morceau qui le flate. Il voudroit, mais il n'ose, en rechercher la possession. Cette émulation qu'il avoit pour augmenter son Cabinet tombe insensiblement & tourne en dégoût. Il n'a plus de confiance en qui que ce soit, parce qu'il ne peut pas en avoir en lui-même ; & enfin tout le fruit qu'il tire de sa curiosité, est de se persuader que l'on court toujours trop de risque dans ces sortes d'acquisitions, & qu'on ne doit presque jamais compter sur la franchise des sentimens de ceux qui exercent cette Prosession. Je ne prétens pas, à beaucoup près, insinuer par-là aux Marchands, une fausse complaisance en faveur de leurs Confrères, ni les exciter à s'étendre en de fades & ridicules louanges sur des Morceaux qui n'auroient aucun mérite, & encore moins leur conseiller de taire, quand ils seront consultés, les malversations qu'ils reconnoîtroient dans des suppositions de noms d'Auteurs ou d'originalité. Cette maxime seroit encore plus condamnable, comme contraire au bien public. Il n'y a rien alors à ménager ; le silence deviendroit repréhensible ; ce seroit soutenir la fraude, & vouloir ouvrir le chemin à une tromperie manifeste. Mais, j'entens seulement qu'ils doivent se refermer, en ce cas, dans les bornes étroites de la plus exacte vérité, sans préjudicier aux intérêts des deux parties ; Qu'ils ont tort de prendre sur eux une décision affirmative pour ou contre, s'ils ne se sentent pas capables de la pouvoir donner avec connoissance de cause ; & enfin, qu'ils ne doivent point rencherir sur les beautés d'un Morceau, ou en grossir les défauts, selon les differens mouvemens des passions qui pourroient les faire parler en bien ou en mal. Ce vice n'est que trop le vice général des Commerçants en tout genre ; il n'est aussi que trop connu ; il seroit à désirer, pour l'avantage des Arts, ainsi que pour celui des personnes qui les cultivent & qui les aiment, qu'il fût moins ordinaire. Un Curieux, en effet, doit toujours être en garde contre la réalité des avis donnés par un Marchand, sur des effets dont il fait lui-même commerce, & que l'intérêt peut porter à mépriser, dans l'espoir que ce Curieux pourroit avoir recours à lui. Il faut avoir beaucoup de foi pour être persuadé de la fidélité de ces avis, sur-tout quand ils sont donnés sans qu'on les ait requis ; & rarement aussi, en est-on dupe.]] réalisée par Carlo Maratti, vendue par Charles Godefroy, achetée par Agard au prix de 1201 frs. [10]
  • 1748.04.22/ -. Vente de l'œuvre décrite comme [[Un magnifique Tableau peint sur toile par Jacob Bassan. Il porte cinq pieds trois pouces de hauteur, sur trois pieds sept pouces & demi de largeur. La bordure, qui répond à l'excellence de ce Tableau, est très-bien sculptée : la largeur de son bois est de dix pouces. Ce Tableau est encore un de ceux de ce Catalogue, qui mérite le plus de considération : c'est aussi un de ces Chef-d'oeuvres dont on peut avancer, sans risquer d'être repréhensible, qu'il seroit très-difficile d'en trouver un second en France qui pût entrer en paralléle avec lui. Sa parfaite conservation ; la majesté & la richesse de son ordonnance ; la fierté & la franchise de sa touche ; la pureté & l'effet de ses couleurs ; l'élégance du Dessein de ses Figures qui sont environ au nombre de quarante, & l'expression de leurs caracteres ; ce grand goût reconnu & unique dans les seuls Maîtres renommés de cette Ecole ; tout enfin concourt à le faire regarder comme unn des plus intéressans que l'on puisse voir de ce Peintre, dont les Tableaux vrais & incontestables sont si rares, qu'on en trouve à peine dans les plus fameux Cabinets. Ce Sujet, qui est l'Assomption de la Vierge, est même traité avec beaucoup plus de noblesse que Jacques Bassan n'avoit accoutumé de mettre dans les Ouvrages de sa main. La Gloire qui est dans le haut du Tableau, & qui entoure la Vierge, est ornée de plusieurs Anges qui y répandent une aimable gayeté & une lumiere agréable. Ce Tableau peut être placé avec confiance à côté des Maîtres les plus redoutables, sans que l'on puisse appréhender d'en alterer le mérite, ni l'effet. (Jacob Bassan)|Un magnifique Tableau peint sur toile par Jacob Bassan. Il porte cinq pieds trois pouces de hauteur, sur trois pieds sept pouces & demi de largeur. La bordure, qui répond à l'excellence de ce Tableau, est très-bien sculptée : la largeur de son bois est de dix pouces. Ce Tableau est encore un de ceux de ce Catalogue, qui mérite le plus de considération : c'est aussi un de ces Chef-d'oeuvres dont on peut avancer, sans risquer d'être repréhensible, qu'il seroit très-difficile d'en trouver un second en France qui pût entrer en paralléle avec lui. Sa parfaite conservation ; la majesté & la richesse de son ordonnance ; la fierté & la franchise de sa touche ; la pureté & l'effet de ses couleurs ; l'élégance du Dessein de ses Figures qui sont environ au nombre de quarante, & l'expression de leurs caracteres ; ce grand goût reconnu & unique dans les seuls Maîtres renommés de cette Ecole ; tout enfin concourt à le faire regarder comme unn des plus intéressans que l'on puisse voir de ce Peintre, dont les Tableaux vrais & incontestables sont si rares, qu'on en trouve à peine dans les plus fameux Cabinets. Ce Sujet, qui est l'Assomption de la Vierge, est même traité avec beaucoup plus de noblesse que Jacques Bassan n'avoit accoutumé de mettre dans les Ouvrages de sa main. La Gloire qui est dans le haut du Tableau, & qui entoure la Vierge, est ornée de plusieurs Anges qui y répandent une aimable gayeté & une lumiere agréable. Ce Tableau peut être placé avec confiance à côté des Maîtres les plus redoutables, sans que l'on puisse appréhender d'en alterer le mérite, ni l'effet.]] réalisée par Jacob Bassan, vendue par Charles Godefroy, achetée par Slodtz pour le Roi de Pologne au prix de 6001 frs. [11]
  • 1748.04.22/ -. Vente de l'œuvre décrite comme [[Un Tableau Capital peint sur toile par Van Dyck, de six pieds un pouces de large, sur quatre pieds deux pouces de haut. Sa bordure qui est très-riche a dix pouces de bois. Celui-ci représente Samson lié & surpris par des soldats, faisant des efforts impuissants pour rompre ses liens. Dalila, d'un air victorieux, est assise sur un lit de repos, insultant au triste état de Samson, de qui elle a eu l'adresse d'arracher le secret, par l'aveu qu'il lui a fait que le principe de sa force résidoit dans sa chevelure. Elle triomphe de la foiblesse & de l'indiscretion de son Amant, dont la fureur est irritée par la présence de celle qui est l'auteur de sa peine, & qu'il voit jouïr avec satisfaction, des fruits de sa trahison. On appercoit encore par terre, les cheveux de Samson épars, ainsi que le cizeau dont cette perfide s'est servie pour les couper pendant qu'il dormoit. La rareté des Ouvrages de cet excellent Maître est assez connue. Il a peu fait de Tableaux d'Histoire, & sur-tout de ceux qui peuvent être propres pour des Cabinets, tant du côté de la forme que par rapport au sujet. La grande réputation que ce Peintre s'étoit acquise dans le Portrait, l'occupoit trop, pour qu'il pût s'attacher à des Morceaux d'une grande composition qui auroient exigé trop de tems. Vandyck vivoit noblement. Il étoit, outre cela, ennemi de la contrainte & d'une application trop suivie. Un ouvrage d'une longue exécution, réïtéré souvent, ne convenoit point au genre de vie libre & aisée qu'il menoit. Ainsi l'on ne voit guères de lui que des Portraits, & par hazard quelques Sujets de dévotion, faits pour des Eglises ou pour des Chapelles particulieres. On ne doit donc pas être étonné du prix où l'on porte ces Tableaux de choix, qui sont convenables pour des Cabinets, & qui, par leur rareté & leur mérite, excitent toujours les desirs des grands Curieux. On peut se représenter une partie du mérite de cet excellent Morceau, par la vûe de la belle Estampe qui a été gravée d'après, par Snyers. Elle ne peut que donner une idée avantageuse de ce Tableau, dont la composition est admirable & pleine de feu, quoiqu'il soit peint avec toute la legereté dont Vandyck étoit capable. Il seroit difficile de trouver un sujet plus intéressant, & qui méritât mieux d'occuper une place distinguée dans les Cabinets les plus renommés. (Van Dyck)|Un Tableau Capital peint sur toile par Van Dyck, de six pieds un pouces de large, sur quatre pieds deux pouces de haut. Sa bordure qui est très-riche a dix pouces de bois. Celui-ci représente Samson lié & surpris par des soldats, faisant des efforts impuissants pour rompre ses liens. Dalila, d'un air victorieux, est assise sur un lit de repos, insultant au triste état de Samson, de qui elle a eu l'adresse d'arracher le secret, par l'aveu qu'il lui a fait que le principe de sa force résidoit dans sa chevelure. Elle triomphe de la foiblesse & de l'indiscretion de son Amant, dont la fureur est irritée par la présence de celle qui est l'auteur de sa peine, & qu'il voit jouïr avec satisfaction, des fruits de sa trahison. On appercoit encore par terre, les cheveux de Samson épars, ainsi que le cizeau dont cette perfide s'est servie pour les couper pendant qu'il dormoit. La rareté des Ouvrages de cet excellent Maître est assez connue. Il a peu fait de Tableaux d'Histoire, & sur-tout de ceux qui peuvent être propres pour des Cabinets, tant du côté de la forme que par rapport au sujet. La grande réputation que ce Peintre s'étoit acquise dans le Portrait, l'occupoit trop, pour qu'il pût s'attacher à des Morceaux d'une grande composition qui auroient exigé trop de tems. Vandyck vivoit noblement. Il étoit, outre cela, ennemi de la contrainte & d'une application trop suivie. Un ouvrage d'une longue exécution, réïtéré souvent, ne convenoit point au genre de vie libre & aisée qu'il menoit. Ainsi l'on ne voit guères de lui que des Portraits, & par hazard quelques Sujets de dévotion, faits pour des Eglises ou pour des Chapelles particulieres. On ne doit donc pas être étonné du prix où l'on porte ces Tableaux de choix, qui sont convenables pour des Cabinets, & qui, par leur rareté & leur mérite, excitent toujours les desirs des grands Curieux. On peut se représenter une partie du mérite de cet excellent Morceau, par la vûe de la belle Estampe qui a été gravée d'après, par Snyers. Elle ne peut que donner une idée avantageuse de ce Tableau, dont la composition est admirable & pleine de feu, quoiqu'il soit peint avec toute la legereté dont Vandyck étoit capable. Il seroit difficile de trouver un sujet plus intéressant, & qui méritât mieux d'occuper une place distinguée dans les Cabinets les plus renommés.]] réalisée par Van Dyck, vendue par Charles Godefroy, achetée par Stodtz pour le Roi de Pologne au prix de 2001 [ou] 2011 frs. [13]
  • 1748.04.22/ -. Vente de l'œuvre décrite comme [[Un Tableau d'Italie peint sur toile, & portant quarante pouces de haut, sur trente-trois pouces & demi de large. Ce morceau représente un Ecce Homo. Il est vigoureusement peint dans la maniere du Tintoret, ou fait dans son Ecole. La touche en est fiere & pittoresque. (Tintoret)|Un Tableau d'Italie peint sur toile, & portant quarante pouces de haut, sur trente-trois pouces & demi de large. Ce morceau représente un Ecce Homo. Il est vigoureusement peint dans la maniere du Tintoret, ou fait dans son Ecole. La touche en est fiere & pittoresque.]] réalisée par Tintoret, vendue par Charles Godefroy, achetée par Beauchamp au prix de 50 frs. [16]
  • 1748.04.22/ -. Vente de l'œuvre décrite comme [[Un Tableau peint sur toile par André Schiavon, de cinq pieds trois pouces de large, qur trois pieds trois pouces de haut. Ce Tableau représente Jesus-Christ guérissant les malades. Il est d'une touche large & ferme, d'un coloris vigoureux, & tient tout-à-fait de la maniere du Tintoret. Le Schiavon nâquit à Venise, en 1522. on le met au nombre des plus grands Peintres d'Italie, dans la partie du coloris, le grand goût de composition, & la belle disposition des attitudes. Ses études furent trop précipitées, pour qu'il pût devenir un grand Dessinateur, joint à la pauvreté dans laquelle il étoit né, qui ne lui permit pas d'employer en refléxions utiles, un tems qu'il trouvoit à peine suffisant pour lui fournir ses besoins. Son mérite fut si long-tems inconnu, qu'il n'étoit occupé qu'à des Ouvrages médiocres qu'il faisoit pour des Marchands, & dans l'exécution desquels la prompte & facile expedition pouvoit seule le tirer d'affaire. On se doute assez du peu de lucre qu'il retiroit de ses Ouvrages, étant sur-tout dans l'obligation de les envoyer ou de les porter lui-même de Boutique en Boutique, pour s'en procurer une défaite. Il eût resté long-tems dans cette misere, si le Titien n'eût travaillé à l'en retirer, en l'employant avec d'autres Peintres aux ouvrages de la Bibliothéque de Saint-Marc, de l'exécution de laquelle il étoit chargé. André Schiavon s'étoit beaucoup attaché à l'étude des Ouvrages du Georgion & du Titien. En travaillant d'après ces grands Maîtres, qu'il avoit choisi pour ses modeles, il se forma une maniere particuliére, si bien soutenue par les dispositions naturelles qu'il avoit pour cet Art, qu'il se fit admirer des Connoisseurs par la fermeté de son Pinceau, le goût exquis de sa couleur, l'intelligence de ses ordonnances, & la fierté de sa touche. Ce fut par-là qu'il sçut réparer les négligences qu'on auroit pû lui reprocher dans son Dessein. Tintoret même, suivant Felibien, faisoit tant de cas de son coloris, qu'il disoit souvent qu'il n'y avoit point de Peintre qui ne dût avoir devant les yeux un Tableau du Schiavon ; mais aussi ne lui faisoit-il pas de grace sur l'incorrection de ses Figures. Le même Auteur rapporte dans ses Entretiens déjà cités, que ce Peintre mourut à l'âge de soixante ans dans la même pauvreté où il avoit vécu ; que sa réputation & le prix de ses Peintures augmenterent lorsqu'il ne fut plus au monde, & que l'on trouve très-peu de ses Tableaux en France. (André Schiavon)|Un Tableau peint sur toile par André Schiavon, de cinq pieds trois pouces de large, qur trois pieds trois pouces de haut. Ce Tableau représente Jesus-Christ guérissant les malades. Il est d'une touche large & ferme, d'un coloris vigoureux, & tient tout-à-fait de la maniere du Tintoret. Le Schiavon nâquit à Venise, en 1522. on le met au nombre des plus grands Peintres d'Italie, dans la partie du coloris, le grand goût de composition, & la belle disposition des attitudes. Ses études furent trop précipitées, pour qu'il pût devenir un grand Dessinateur, joint à la pauvreté dans laquelle il étoit né, qui ne lui permit pas d'employer en refléxions utiles, un tems qu'il trouvoit à peine suffisant pour lui fournir ses besoins. Son mérite fut si long-tems inconnu, qu'il n'étoit occupé qu'à des Ouvrages médiocres qu'il faisoit pour des Marchands, & dans l'exécution desquels la prompte & facile expedition pouvoit seule le tirer d'affaire. On se doute assez du peu de lucre qu'il retiroit de ses Ouvrages, étant sur-tout dans l'obligation de les envoyer ou de les porter lui-même de Boutique en Boutique, pour s'en procurer une défaite. Il eût resté long-tems dans cette misere, si le Titien n'eût travaillé à l'en retirer, en l'employant avec d'autres Peintres aux ouvrages de la Bibliothéque de Saint-Marc, de l'exécution de laquelle il étoit chargé. André Schiavon s'étoit beaucoup attaché à l'étude des Ouvrages du Georgion & du Titien. En travaillant d'après ces grands Maîtres, qu'il avoit choisi pour ses modeles, il se forma une maniere particuliére, si bien soutenue par les dispositions naturelles qu'il avoit pour cet Art, qu'il se fit admirer des Connoisseurs par la fermeté de son Pinceau, le goût exquis de sa couleur, l'intelligence de ses ordonnances, & la fierté de sa touche. Ce fut par-là qu'il sçut réparer les négligences qu'on auroit pû lui reprocher dans son Dessein. Tintoret même, suivant Felibien, faisoit tant de cas de son coloris, qu'il disoit souvent qu'il n'y avoit point de Peintre qui ne dût avoir devant les yeux un Tableau du Schiavon ; mais aussi ne lui faisoit-il pas de grace sur l'incorrection de ses Figures. Le même Auteur rapporte dans ses Entretiens déjà cités, que ce Peintre mourut à l'âge de soixante ans dans la même pauvreté où il avoit vécu ; que sa réputation & le prix de ses Peintures augmenterent lorsqu'il ne fut plus au monde, & que l'on trouve très-peu de ses Tableaux en France.]] réalisée par André Schiavon, vendue par Charles Godefroy, achetée par Agard au prix de 205 frs. [17]
  • 1748.04.22/ -. Vente de l'œuvre décrite comme [[Un Tableau peint sur toile par Alexandre Veronese, de quatre pieds trois pouces de large, sur trois pieds trois pouces de haut. Le sujet de ce Tableau représente Andromède attachée au Rocher, dans le moment que le Monstre Marin s'avance pour la dévorer, & que Persée descend des Airs sur le Cheval Pégase, pour la délivrer. L'ordonnance de ce Tableau est des plus séduisantes, & attire les yeux malgré soi. Ce grand Peintre a eu le talent de rendre son principal Sujet très-intéressant, tant par la grande beauté, l'aimable jeunesse, & en même tems le sentiment de terreur qu'il a sçu peindre avec art sur le visage d'Androméde, que l'on voit frémir à l'approche de ce Monstre, que par les graces & l'élégance qu'il a répandues dans le reste & cette Figures. Il est difficile de pouvoir la regarder sans ressentir une tendre & amoureuse inquiétude de sa situation, & sans se mettre au nombre des Spectateurs représentés dans ce Tableau, qui tous s'intéressent au fort malheureux de cette Princesse, & qui témoignent par différentes attitudes de douleur, la pitié qu'elle leur inspire. Mais, d'un autre côté, on se sent bien-tôt rassuré par l'espoir de la délivrance de cette Princesse. Cet espoir naît d'une confiance parfaitement exprimée dans les caracteres de plusieurs de ces Figures, qui à l'approche de Persée, qu'ils apperçoivent dans les Airs venir au secours d'Androméde, paroissent certains de la Victoire que ce Prince doit remporter sur le Monstre. Alexandre Veronese étoit ainsi appellé, parce qu'il étoit de la Ville de Verone, où il naquit au commencement du siècle précédent. Sa maniére est une des plus finies & des plus arrêtées des Maîtres de cette Ecole, & en même tems des plus agréables. Son coloris, néanmoins, est plus vigoureux que son Dessein n'est exactement correct. On prétend cependant qu'il ne peignoit rien que d'après nature, & c'étoit ordinairement sa femme & ses filles qui lui servoient de modeles. Ce qu'il y avoit de particulier chez ce Maître, est que sa maniére d'opérer étoit totalement differente de celle de la plûpart des meilleurs Peintres. Quand il avoit un Sujet à traiter, il se contentoit de le composer dans son imagination, & d'en concevoir l'ensemble, dont il conservoit en lui-même une idée ; il plaçoit ensuite & finissoit entierement chaque Figure l'une après l'autre, en le grouppant par degrés, suivant le besoin qu'exigeoit sa composition ; & son Tableau se finissoit ainsi, partie par partie, sans que pour cela il fût obligé de rien changer dans ses Figures ainsi que dans son Coloris. Quoique cette méthode singuliere lui ait réussi, & qu'elle n'ait causé aucun préjudice à l'accord, à l'intelligence, & aux proportions réciproques de ses Figures, elle doit être plus admirée comme extraordinnaire, que suivie comme avantageuse. Cette maniére est trop opposée à la sage prudence de tous les bons Peintres qui reconnoissent la nécessité indispensable de tâter leurs Sujets par des idées qu'ils jettent avec un crayon sur le papier, ou par des esquisses qu'ils tracent sur une toile avec un pinceau, afin de faire leur choix avec plus de sureté. Alexandre peignoit souvent de petits Sujets sur des Marbres ou sur des Agates qui lui servoient de fonds. Il n'y a guères de grands Cabinets où l'on ne trouve de ses Tableaux, qui de tous tems ont été estimés. On connoît assez les deux qui sont compris dans les trente-six morceaux gravés d'après les Tableaux de Sa Majesté, dont l'un représente le Déluge qui a été parfaitement rendu dans l'Estampe que le Chevalier Edelink a faite d'après. Le second est un Mariage de sainte Catherine. Felibien, dans ses Entretiens sur la Vie & sur les Ouvrages des plus excellens Peintres dit, à la page 141 du quatriéme tome de l'Edition de Londres, in-douze 1745, que l'on rencontre très peu de ses Tableaux en France, parce que la plûpart ont été portés en Espagne. Aussi, ajoute-t'il, ne travailloit-il guéres que pour ceux de cette Nation, n'ayant aucun Commerce avec les François, & même fort peu avec les Italiens. Ce Peintre mourut à Rome en 1670, âgé de 70 ans. (Alexandre Veronese)|Un Tableau peint sur toile par Alexandre Veronese, de quatre pieds trois pouces de large, sur trois pieds trois pouces de haut. Le sujet de ce Tableau représente Andromède attachée au Rocher, dans le moment que le Monstre Marin s'avance pour la dévorer, & que Persée descend des Airs sur le Cheval Pégase, pour la délivrer. L'ordonnance de ce Tableau est des plus séduisantes, & attire les yeux malgré soi. Ce grand Peintre a eu le talent de rendre son principal Sujet très-intéressant, tant par la grande beauté, l'aimable jeunesse, & en même tems le sentiment de terreur qu'il a sçu peindre avec art sur le visage d'Androméde, que l'on voit frémir à l'approche de ce Monstre, que par les graces & l'élégance qu'il a répandues dans le reste & cette Figures. Il est difficile de pouvoir la regarder sans ressentir une tendre & amoureuse inquiétude de sa situation, & sans se mettre au nombre des Spectateurs représentés dans ce Tableau, qui tous s'intéressent au fort malheureux de cette Princesse, & qui témoignent par différentes attitudes de douleur, la pitié qu'elle leur inspire. Mais, d'un autre côté, on se sent bien-tôt rassuré par l'espoir de la délivrance de cette Princesse. Cet espoir naît d'une confiance parfaitement exprimée dans les caracteres de plusieurs de ces Figures, qui à l'approche de Persée, qu'ils apperçoivent dans les Airs venir au secours d'Androméde, paroissent certains de la Victoire que ce Prince doit remporter sur le Monstre. Alexandre Veronese étoit ainsi appellé, parce qu'il étoit de la Ville de Verone, où il naquit au commencement du siècle précédent. Sa maniére est une des plus finies & des plus arrêtées des Maîtres de cette Ecole, & en même tems des plus agréables. Son coloris, néanmoins, est plus vigoureux que son Dessein n'est exactement correct. On prétend cependant qu'il ne peignoit rien que d'après nature, & c'étoit ordinairement sa femme & ses filles qui lui servoient de modeles. Ce qu'il y avoit de particulier chez ce Maître, est que sa maniére d'opérer étoit totalement differente de celle de la plûpart des meilleurs Peintres. Quand il avoit un Sujet à traiter, il se contentoit de le composer dans son imagination, & d'en concevoir l'ensemble, dont il conservoit en lui-même une idée ; il plaçoit ensuite & finissoit entierement chaque Figure l'une après l'autre, en le grouppant par degrés, suivant le besoin qu'exigeoit sa composition ; & son Tableau se finissoit ainsi, partie par partie, sans que pour cela il fût obligé de rien changer dans ses Figures ainsi que dans son Coloris. Quoique cette méthode singuliere lui ait réussi, & qu'elle n'ait causé aucun préjudice à l'accord, à l'intelligence, & aux proportions réciproques de ses Figures, elle doit être plus admirée comme extraordinnaire, que suivie comme avantageuse. Cette maniére est trop opposée à la sage prudence de tous les bons Peintres qui reconnoissent la nécessité indispensable de tâter leurs Sujets par des idées qu'ils jettent avec un crayon sur le papier, ou par des esquisses qu'ils tracent sur une toile avec un pinceau, afin de faire leur choix avec plus de sureté. Alexandre peignoit souvent de petits Sujets sur des Marbres ou sur des Agates qui lui servoient de fonds. Il n'y a guères de grands Cabinets où l'on ne trouve de ses Tableaux, qui de tous tems ont été estimés. On connoît assez les deux qui sont compris dans les trente-six morceaux gravés d'après les Tableaux de Sa Majesté, dont l'un représente le Déluge qui a été parfaitement rendu dans l'Estampe que le Chevalier Edelink a faite d'après. Le second est un Mariage de sainte Catherine. Felibien, dans ses Entretiens sur la Vie & sur les Ouvrages des plus excellens Peintres dit, à la page 141 du quatriéme tome de l'Edition de Londres, in-douze 1745, que l'on rencontre très peu de ses Tableaux en France, parce que la plûpart ont été portés en Espagne. Aussi, ajoute-t'il, ne travailloit-il guéres que pour ceux de cette Nation, n'ayant aucun Commerce avec les François, & même fort peu avec les Italiens. Ce Peintre mourut à Rome en 1670, âgé de 70 ans.]] réalisée par Alexandre Veronese, vendue par Charles Godefroy, achetée par Girault au prix de 1517 frs. [18]
  • 1748.04.22/ -. Vente de l'œuvre décrite comme [[Un petit Portrait de femme peint sur bois par Rimbrandt, de quinze pouces de haut, sur onze pouces trois quarts de large. Ce Portrait doit être mis au nombre de ces petits morceaux piquans qui ragoûtent ordinairement les Connoisseurs, tant par le mérite de leur exécution, que par la difficulté de les pouvoir rencontrér. Il représente une femme passablement jeune qui paroît à sa toilette devant un miroir. Son attitude qui est simple & naturelle, a été saisie dans le moment qu'elle attache une de ses boucles d'oreille. Le tout y est peint avec beaucoup de soin, de légereté & de vraisemblance. Le coloris en est clair & brillant, & les effets très-piquans. (Rimbrandt)|Un petit Portrait de femme peint sur bois par Rimbrandt, de quinze pouces de haut, sur onze pouces trois quarts de large. Ce Portrait doit être mis au nombre de ces petits morceaux piquans qui ragoûtent ordinairement les Connoisseurs, tant par le mérite de leur exécution, que par la difficulté de les pouvoir rencontrér. Il représente une femme passablement jeune qui paroît à sa toilette devant un miroir. Son attitude qui est simple & naturelle, a été saisie dans le moment qu'elle attache une de ses boucles d'oreille. Le tout y est peint avec beaucoup de soin, de légereté & de vraisemblance. Le coloris en est clair & brillant, & les effets très-piquans.]] réalisée par Rimbrandt, vendue par Charles Godefroy, achetée par Agard au prix de 305 frs. [19]
  • 1748.04.22/ -. Vente de l'œuvre décrite comme [[Un très-beau Tableau peint sur toile par Rothenamer, de quarante-huit pouces de haut sur trente-neuf pouces & demi de large. Le sujet de ce Tableau est la chute de Phaëton. Il est orné d'une grande quantité de figures très-finies & gracieuses, telles enfin que les peignoit toujours ce maître, dont le Pinceau est agréable & moelleux. L'effet en est admirable, l'ordonnance riche, & le coloris vigoureux. Rothenamer étoit de Munik où il nâquit en 1564. Peu content du Maître chez lequel il avoit appris les premiers élémens de la Peinture, il sentit que pour se rendre transcendant dans cet Art, un voyage en Italie lui étoit nécessaire. Quoiqu'il y ait étudié beaucoup d'après les plus grands Maîtres des Ecoles Romaine & Venitienne, il n'a jamais pû perdre tout-à-fait dans son dessein, un certain goût Flamand qui regne dans ses Tableaux, & qui caractérise sa maniére. Son coloris & le beau fini de son Pinceau l'ont toujours fait estimer. Il s'est attaché particulierement aux figures nues, par l'avantage qu'elles lui procuroient de faire briller son coloris, en lui donnant occasion de répandre beaucoup de lumineux dans ses compositions. Ses ordonnances sont toujours chargées d'un grand nombre de figures, & quoiqu'il se soit occupé souvent à faire de très petits Tableaux, presque toujours sur cuivre, cependant on en trouve quelquefois d'un très-grand volume. Un de ses sujets favoris étoit celui de l'Assemblée des Dieux, qu'il a répété très-souvent en grand & en petit, mais avec une ordonnance differente. Comme il ne peignoit pas bien le Paysage, c'étoit Brughel de Velours & Paul Bril qu'il employoit ordinairement pour les faire, & l'on ne voit guéres de Morceaux de lui où il y en ait, qu'il ne soit de la main de l'un de ces deux habiles Maîtres. Ses Ouvrages furent recherchés de son vivant, & payés fort cherement. Ils sont encore courus & très estimés aujourd'hui, & même on n'en trouve pas facilement. Le gracieux & le tour agréable de ses Figures dont les têtes sont toujours d'un beau choix, ainsi que la fraîcheur de son coloris & le beau fini de son Pinceau, feront toujours desirer ses Tableaux. L'histoire rapporte, que comme il étoit d'une grande dépense, il vécut mal-aisément pendant toute sa vie, malgré les grandes occupations qu'il avoit, & les bienfaits considerables qu'il reçut de nombre de Seigneurs pour lesquels il travailloit. Il mourut à Venise, & l'on prétend que ses amis furent obligés de fournir aux frais de ses Obséques. (Rothenamer)|Un très-beau Tableau peint sur toile par Rothenamer, de quarante-huit pouces de haut sur trente-neuf pouces & demi de large. Le sujet de ce Tableau est la chute de Phaëton. Il est orné d'une grande quantité de figures très-finies & gracieuses, telles enfin que les peignoit toujours ce maître, dont le Pinceau est agréable & moelleux. L'effet en est admirable, l'ordonnance riche, & le coloris vigoureux. Rothenamer étoit de Munik où il nâquit en 1564. Peu content du Maître chez lequel il avoit appris les premiers élémens de la Peinture, il sentit que pour se rendre transcendant dans cet Art, un voyage en Italie lui étoit nécessaire. Quoiqu'il y ait étudié beaucoup d'après les plus grands Maîtres des Ecoles Romaine & Venitienne, il n'a jamais pû perdre tout-à-fait dans son dessein, un certain goût Flamand qui regne dans ses Tableaux, & qui caractérise sa maniére. Son coloris & le beau fini de son Pinceau l'ont toujours fait estimer. Il s'est attaché particulierement aux figures nues, par l'avantage qu'elles lui procuroient de faire briller son coloris, en lui donnant occasion de répandre beaucoup de lumineux dans ses compositions. Ses ordonnances sont toujours chargées d'un grand nombre de figures, & quoiqu'il se soit occupé souvent à faire de très petits Tableaux, presque toujours sur cuivre, cependant on en trouve quelquefois d'un très-grand volume. Un de ses sujets favoris étoit celui de l'Assemblée des Dieux, qu'il a répété très-souvent en grand & en petit, mais avec une ordonnance differente. Comme il ne peignoit pas bien le Paysage, c'étoit Brughel de Velours & Paul Bril qu'il employoit ordinairement pour les faire, & l'on ne voit guéres de Morceaux de lui où il y en ait, qu'il ne soit de la main de l'un de ces deux habiles Maîtres. Ses Ouvrages furent recherchés de son vivant, & payés fort cherement. Ils sont encore courus & très estimés aujourd'hui, & même on n'en trouve pas facilement. Le gracieux & le tour agréable de ses Figures dont les têtes sont toujours d'un beau choix, ainsi que la fraîcheur de son coloris & le beau fini de son Pinceau, feront toujours desirer ses Tableaux. L'histoire rapporte, que comme il étoit d'une grande dépense, il vécut mal-aisément pendant toute sa vie, malgré les grandes occupations qu'il avoit, & les bienfaits considerables qu'il reçut de nombre de Seigneurs pour lesquels il travailloit. Il mourut à Venise, & l'on prétend que ses amis furent obligés de fournir aux frais de ses Obséques.]] réalisée par Rothenamer, vendue par Charles Godefroy, achetée par Agard au prix de 556 frs. [20]
  • 1748.04.22/ -. Vente de l'œuvre décrite comme [[Un autre Paysage peint sur toile par Vanude, avec des figures de David Teniers. Il porte huit pieds dix pouces de large sur cinq pieds de haut. On ne risque point d'en imposer au public, en lui annonçant ce Tableau comme un des plus séduisans Paysages qui soit connu. Une fraîcheur aimable ; une touche libre & aisée ; les effets de la nature parfaitement rendus ; un site avantageux & varié ; une lumiére répandue à propos & par degré dans toute son étendue ; quelques coups de Soleil dispersés avantageusement & exprimés avec une vérité surprenante ; enfin tout ce que l'on peut desirer dans un Ouvrage de ce genre, se trouve réuni dans ce morceau. On sçait le talent que Vanude avoit pour les Paysages, puisque Rubens l'employoit quand il ne les pouvoit pas peindre lui-même. Celui-ci représente un vaste Pays avec des Prairies à perte de vûe, coupées par des Ruisseaux qui circulent dans toute la Campagne, & qui forment dans certaines parties des petites Cascades qui y donnent une fraîcheur générale. On y voit une Mariée de Village qui revient d'une Eglise, dont on apperçoit le Clocher dans le lointain. Cette Mariée est accompagnée de sa famille & de ses amis qui la reconduisent dans sa Chaumiere placée sur le haut d'une élévation. Toutes les figures sont artistiment peintes par David Teniers dans son bon tems, & touchées avec tout l'esprit & tout le goût imaginable, dans la maniere de Rubens, ainsi que les devans du Tableau dont l'effet est surprenant. Peut-être trouvera-t'on cette Description un peu vive, & qu'on la soupçonnera d'être trop avantageuse? Je déclare cependant que je tâche toujours de rendre les effets d'un Tableau, tels que je m'en sens affecté, sans en vouloir alterer ni augmenter le mérite. Je pourrois peut-être me laisser quelquefois surprendre & séduire par les apparences d'un éclat ou faux, ou emprunté. Je ne suis pas assez vain pour me croire à l'abri de toute erreur. Mais du moins puis-je assurer que je ne cherche jamais à surprendre ni à séduire qui que ce soit, en voulant lui insinuer, par des éloges captieux & mal placés, des desirs & de l'amour pour des choses qui n'exigeroient aucune attention. Ce seroit agir alors contre la foi & contre la confiance publique : & j'ose me flater qu'on ne seroit pas assez injuste pour me soupçonner d'une pareille conduite qui répugneroit à l'honneur, comme contraire à la vérité. J'avoue que je n'ai pû me refuser au plaisir de retracer à mon imagination les agrémens & le mérite supérieur de cet excellent morceau qui seroit un de ceux qui me piqueroit le plus, si j'étois dans le cas d'en acquérir pour ma propre satisfaction, ou si j'avois un lieu convenable pour le placer. Quoique les deux précédens Tableaux soient décrits sous deux Numeros différens, ils peuvent se servir de pendans l'un à l'autre. (Vanude)|Un autre Paysage peint sur toile par Vanude, avec des figures de David Teniers. Il porte huit pieds dix pouces de large sur cinq pieds de haut. On ne risque point d'en imposer au public, en lui annonçant ce Tableau comme un des plus séduisans Paysages qui soit connu. Une fraîcheur aimable ; une touche libre & aisée ; les effets de la nature parfaitement rendus ; un site avantageux & varié ; une lumiére répandue à propos & par degré dans toute son étendue ; quelques coups de Soleil dispersés avantageusement & exprimés avec une vérité surprenante ; enfin tout ce que l'on peut desirer dans un Ouvrage de ce genre, se trouve réuni dans ce morceau. On sçait le talent que Vanude avoit pour les Paysages, puisque Rubens l'employoit quand il ne les pouvoit pas peindre lui-même. Celui-ci représente un vaste Pays avec des Prairies à perte de vûe, coupées par des Ruisseaux qui circulent dans toute la Campagne, & qui forment dans certaines parties des petites Cascades qui y donnent une fraîcheur générale. On y voit une Mariée de Village qui revient d'une Eglise, dont on apperçoit le Clocher dans le lointain. Cette Mariée est accompagnée de sa famille & de ses amis qui la reconduisent dans sa Chaumiere placée sur le haut d'une élévation. Toutes les figures sont artistiment peintes par David Teniers dans son bon tems, & touchées avec tout l'esprit & tout le goût imaginable, dans la maniere de Rubens, ainsi que les devans du Tableau dont l'effet est surprenant. Peut-être trouvera-t'on cette Description un peu vive, & qu'on la soupçonnera d'être trop avantageuse? Je déclare cependant que je tâche toujours de rendre les effets d'un Tableau, tels que je m'en sens affecté, sans en vouloir alterer ni augmenter le mérite. Je pourrois peut-être me laisser quelquefois surprendre & séduire par les apparences d'un éclat ou faux, ou emprunté. Je ne suis pas assez vain pour me croire à l'abri de toute erreur. Mais du moins puis-je assurer que je ne cherche jamais à surprendre ni à séduire qui que ce soit, en voulant lui insinuer, par des éloges captieux & mal placés, des desirs & de l'amour pour des choses qui n'exigeroient aucune attention. Ce seroit agir alors contre la foi & contre la confiance publique : & j'ose me flater qu'on ne seroit pas assez injuste pour me soupçonner d'une pareille conduite qui répugneroit à l'honneur, comme contraire à la vérité. J'avoue que je n'ai pû me refuser au plaisir de retracer à mon imagination les agrémens & le mérite supérieur de cet excellent morceau qui seroit un de ceux qui me piqueroit le plus, si j'étois dans le cas d'en acquérir pour ma propre satisfaction, ou si j'avois un lieu convenable pour le placer. Quoique les deux précédens Tableaux soient décrits sous deux Numeros différens, ils peuvent se servir de pendans l'un à l'autre.]] réalisée par Vanude, vendue par Charles Godefroy, achetée par Stodtz pr le Roy de Polongne au prix de 1912 frs. [21]
  • 1748.04.22/ -. Vente de l'œuvre décrite comme [[Un Paysage peint sur toile par David Teniers, de huit pieds trois pouces de large sur cinq pieds cinq pouces de haut. Ce Tableau est une des plus grandes Machines que Teniers ait jamais exécuté, tant par l'étendue de sa forme que par l'immensité du pays qu'il représente, & la quantité innombrable de figures & d'animaux dont il est rempli. On découvre dans le lointain de ce Paysage, les Villes de Bruxelles, Malines, Anvers & autres. Teniers jouant du violon & sa femme, paroissent sur le devant, avec un Page qui leur sert à boire. Il y a sur la même ligne deux Marchands de Bestiaux entourés de divers Troupeaux de Vaches, Moutons, Porcs & autres Animaux en grand nombre. Ces deux Paysans consomment un marché, en se frappant dans la main suivant l'usage Flamand. A coté, sur la droite, plusieurs autres Paysans & Paysannes conversent ensemble & se réjouissent. Plus loin, sont d'autres Marchands de Grains & de différentes Denrées, avec quelques Charettes chargées de Foin, & des Moissonneurs qui sont l'Août. Dans l'endroit le plus éloigné on apperçoit une quantité prodigieuse de petites figures. La composition de ce Tableau est des plus riches. Il est clair, brillant, plein d'ouvrage ; la variété des sujets qui y sont représentés le rend très-amusant. (David Teniers)|Un Paysage peint sur toile par David Teniers, de huit pieds trois pouces de large sur cinq pieds cinq pouces de haut. Ce Tableau est une des plus grandes Machines que Teniers ait jamais exécuté, tant par l'étendue de sa forme que par l'immensité du pays qu'il représente, & la quantité innombrable de figures & d'animaux dont il est rempli. On découvre dans le lointain de ce Paysage, les Villes de Bruxelles, Malines, Anvers & autres. Teniers jouant du violon & sa femme, paroissent sur le devant, avec un Page qui leur sert à boire. Il y a sur la même ligne deux Marchands de Bestiaux entourés de divers Troupeaux de Vaches, Moutons, Porcs & autres Animaux en grand nombre. Ces deux Paysans consomment un marché, en se frappant dans la main suivant l'usage Flamand. A coté, sur la droite, plusieurs autres Paysans & Paysannes conversent ensemble & se réjouissent. Plus loin, sont d'autres Marchands de Grains & de différentes Denrées, avec quelques Charettes chargées de Foin, & des Moissonneurs qui sont l'Août. Dans l'endroit le plus éloigné on apperçoit une quantité prodigieuse de petites figures. La composition de ce Tableau est des plus riches. Il est clair, brillant, plein d'ouvrage ; la variété des sujets qui y sont représentés le rend très-amusant.]] réalisée par David Teniers, vendue par Charles Godefroy, achetée par Agard au prix de 1000 frs. [22]
  • 1748.04.22/ -. Vente de l'œuvre décrite comme [[Deux Esquisses en Grisaille, peintes sur toile par Benedete de Castiglione. Elles portent chacune dix-sept pouces & demi de haut sur vingt-cinq pouces de large. Ces deux morceaux convienent plus à un Connoisseur qui ne cherche que du goût & de la grande maniere, qu'à un Curieux qui ne s'attache qu'aux agrémens du sujet, & au précieux du Pinceau. (Benedete de Castiglione)|Deux Esquisses en Grisaille, peintes sur toile par Benedete de Castiglione. Elles portent chacune dix-sept pouces & demi de haut sur vingt-cinq pouces de large. Ces deux morceaux convienent plus à un Connoisseur qui ne cherche que du goût & de la grande maniere, qu'à un Curieux qui ne s'attache qu'aux agrémens du sujet, & au précieux du Pinceau.]] réalisée par Benedete de Castiglione, vendue par Charles Godefroy, achetée par Agard au prix de 19 frs. [23]
  • 1748.04.22/ -. Vente de l'œuvre décrite comme [[Un autre superbe Tableau peint par Rubens, représentant une Adoration des Rois. Sa hauteur est de cinq pieds quatre pouces & sa largeur de sept pieds dix pouces. La Bordure qui répond au mérite du Tableau est de douze pouces de large. Ce Tableau est un de ces morceaux capitaux dont il est difficile de pouvoir rendre parfaitement le mérite, & sur lesquels les termes manquent souvent pour en pouvoir faire sentir toutes les beautés. Le simple coup d'oeil seroit beaucoup plus éloquent & plus expressif que le discours le mieux étudié. Ainsi je me contenterai de dire, qu'il doit être regardé comme un de ces chefs-d'oeuvres dans lesquels ce grand Peintre déployoit son vaste génie par la richesse de l'ordonnance, l'expression des différens caracteres, le brillant des couleurs, la noblesse & la variété des figures, & le grand goût des draperies. Il y a dans ce Tableau quatorze figures de grandeur de nature. Elles sont d'un dessein svelte, ce qui ne se trouve pas toujours dans celles de Rubens, à qui l'on reproche quelquefois de les avoir faites lourdes & courtes. Il regne dans le tout une gayeté & des graces qui en rendent le coup d'oeil des plus agréables. La Vierge dont l'Atitude est simple & noble, la figure imposante & d'un très-beau choix, tient l'Enfant Jesus debout sur une table, où l'on voit une coupe pleine de pieces d'or, dont un des trois Rois ôte le couvercle, & dans laquelle cet enfant met la main pour en prendre. Ce Roi a pour Page un beau jeune homme qui porte le bas de son manteau, & qui se présente au milieu du Tableau, sur le devant ; ce qui réveille & fait briller cette partie, & y répand beaucoup d'agrémens. Le second Roi qui présente la Myrrhe est à genoux & prosterné ; son caractere est admirable & pénétre d'admiration. Le Roi Maure est debout, tenant un Encensoir dans lequel brûle l'encens. Toute la suite qui accompagne ces trois Rois est en action & prend part au principal sujet de ce Tableau. Cette piece est d'une conversation parfaite, d'un précieux & d'un fini admirable. Elle mérite de tenir place dans les Cabinets de la plus haute réputation, & même dans les Collections renommées des plus grandes Puissances. Il seroit triste néanmoins que la France fût privée d'un morceau aussi excellent, ainsi que de plusieurs autres du même mérite, qui sont compris dans ce Catalogue. (Rubens)|Un autre superbe Tableau peint par Rubens, représentant une Adoration des Rois. Sa hauteur est de cinq pieds quatre pouces & sa largeur de sept pieds dix pouces. La Bordure qui répond au mérite du Tableau est de douze pouces de large. Ce Tableau est un de ces morceaux capitaux dont il est difficile de pouvoir rendre parfaitement le mérite, & sur lesquels les termes manquent souvent pour en pouvoir faire sentir toutes les beautés. Le simple coup d'oeil seroit beaucoup plus éloquent & plus expressif que le discours le mieux étudié. Ainsi je me contenterai de dire, qu'il doit être regardé comme un de ces chefs-d'oeuvres dans lesquels ce grand Peintre déployoit son vaste génie par la richesse de l'ordonnance, l'expression des différens caracteres, le brillant des couleurs, la noblesse & la variété des figures, & le grand goût des draperies. Il y a dans ce Tableau quatorze figures de grandeur de nature. Elles sont d'un dessein svelte, ce qui ne se trouve pas toujours dans celles de Rubens, à qui l'on reproche quelquefois de les avoir faites lourdes & courtes. Il regne dans le tout une gayeté & des graces qui en rendent le coup d'oeil des plus agréables. La Vierge dont l'Atitude est simple & noble, la figure imposante & d'un très-beau choix, tient l'Enfant Jesus debout sur une table, où l'on voit une coupe pleine de pieces d'or, dont un des trois Rois ôte le couvercle, & dans laquelle cet enfant met la main pour en prendre. Ce Roi a pour Page un beau jeune homme qui porte le bas de son manteau, & qui se présente au milieu du Tableau, sur le devant ; ce qui réveille & fait briller cette partie, & y répand beaucoup d'agrémens. Le second Roi qui présente la Myrrhe est à genoux & prosterné ; son caractere est admirable & pénétre d'admiration. Le Roi Maure est debout, tenant un Encensoir dans lequel brûle l'encens. Toute la suite qui accompagne ces trois Rois est en action & prend part au principal sujet de ce Tableau. Cette piece est d'une conversation parfaite, d'un précieux & d'un fini admirable. Elle mérite de tenir place dans les Cabinets de la plus haute réputation, & même dans les Collections renommées des plus grandes Puissances. Il seroit triste néanmoins que la France fût privée d'un morceau aussi excellent, ainsi que de plusieurs autres du même mérite, qui sont compris dans ce Catalogue.]] réalisée par Rubens, vendue par Charles Godefroy au prix de 8000 frs. [24]
  • 1748.04.22/ -. Vente de l'œuvre décrite comme [[Le Portrait de l'Empereur Charles V. peint sur toile en hauteur par Rubens, de grandeur de nature & sans Bordure. Il porte six pieds onze pouces de haut sur quatre pieds huit pouces de large. Ce Portrait est peint à peu de frais & touché avec art & liberté. Charles V. y est représenté en pied & en habit d'Empereur, tenant une épée nue à sa main. Il paroît que Rubens a peint ce morceau pour être exposé dans quelque lieu vaste, ou peut-être pour quelque Arc de Triomphe. Il n'y a cherché que l'effet ; & pour jouir de son véritable point de vûe, il demande à être regardé de loin. (Rubens)|Le Portrait de l'Empereur Charles V. peint sur toile en hauteur par Rubens, de grandeur de nature & sans Bordure. Il porte six pieds onze pouces de haut sur quatre pieds huit pouces de large. Ce Portrait est peint à peu de frais & touché avec art & liberté. Charles V. y est représenté en pied & en habit d'Empereur, tenant une épée nue à sa main. Il paroît que Rubens a peint ce morceau pour être exposé dans quelque lieu vaste, ou peut-être pour quelque Arc de Triomphe. Il n'y a cherché que l'effet ; & pour jouir de son véritable point de vûe, il demande à être regardé de loin.]] réalisée par Rubens, vendue par Charles Godefroy, achetée par Godefroy du Cloitre, peintre au prix de 130 frs. [25]
  • 1748.04.22/ -. Vente de l'œuvre décrite comme [[Un fort beau Tableau d'Architecture, peint sur toile par le fameux Pere Pouzze Jesuite. Il a vingt-huit pouces & demi de haut sur vingt-deux pouces & demi de large. Les Tableaux de ce Maître sont très rares. Ce Religieux s'est rendu illustre dans la partie de l'Architecture. Nous avons de lui, en langue Italienne, un excellent Traité de Perspective en deux parties, in folio, estimé & recherché de tous les Curieux, & même de tous les Maîtres de cet Art. Il est orné de quantité de Planches parfaitement bien gravées. Il parut au commencement de ce siècle, & on ne le trouve que difficilement ici. En voici le titre. Prospettiva de Pittori & Architetti d'Andrea Pozzo della Compagnia di Giezu, in cui s'insegna il modo più Sbrigato di mettere in Prospettiva tutti i di segni d'Architettura in Roma 1702. Ce Livre porte un second titre Latin, qui n'est que la traduction de l'Italien. Le Tableau de ce Peintre qui forme ce Numero est d'une belle ordonnance. Il représente un magnifique Temple dans lequel est peint le sujet de la présentation de Notre Seigneur par la Vierge. Les figures qui sont en grand nombre, y sont aussi bien peintes que bien dessinées. On voit dans le haut plusieurs Anges qui forment une Gloire. Ce morceau est clair dans toutes ses parties, frais, brillant, & doit plaire à ceux qui recherchent des Tableaux agréables. (Pere Pouzze)|Un fort beau Tableau d'Architecture, peint sur toile par le fameux Pere Pouzze Jesuite. Il a vingt-huit pouces & demi de haut sur vingt-deux pouces & demi de large. Les Tableaux de ce Maître sont très rares. Ce Religieux s'est rendu illustre dans la partie de l'Architecture. Nous avons de lui, en langue Italienne, un excellent Traité de Perspective en deux parties, in folio, estimé & recherché de tous les Curieux, & même de tous les Maîtres de cet Art. Il est orné de quantité de Planches parfaitement bien gravées. Il parut au commencement de ce siècle, & on ne le trouve que difficilement ici. En voici le titre. Prospettiva de Pittori & Architetti d'Andrea Pozzo della Compagnia di Giezu, in cui s'insegna il modo più Sbrigato di mettere in Prospettiva tutti i di segni d'Architettura in Roma 1702. Ce Livre porte un second titre Latin, qui n'est que la traduction de l'Italien. Le Tableau de ce Peintre qui forme ce Numero est d'une belle ordonnance. Il représente un magnifique Temple dans lequel est peint le sujet de la présentation de Notre Seigneur par la Vierge. Les figures qui sont en grand nombre, y sont aussi bien peintes que bien dessinées. On voit dans le haut plusieurs Anges qui forment une Gloire. Ce morceau est clair dans toutes ses parties, frais, brillant, & doit plaire à ceux qui recherchent des Tableaux agréables.]] réalisée par Pere Pouzze, vendue par Charles Godefroy, achetée par Labbé Mayinville au prix de 210.5 frs. [26]
  • 1748.04.22/ -. Vente de l'œuvre décrite comme [[Un Paysage peint sur toile par Van Romyn, collé sur bois & orné de figures & d'animaux, sans Bordure. Il porte vingt-cinq pouces trois quarts de haut sur trente pouces de large. Ce Maître étoit Hollandois : il peignoit dans le goût de Carles Dujardin, mais ses Tableaux ne sont ni si bien coloriés, ni si exactement dessinés ; cependant ils ne laissent pas d'être très estimés en Hollande, quand ils sont de son bon tems. (Van Romyn)|Un Paysage peint sur toile par Van Romyn, collé sur bois & orné de figures & d'animaux, sans Bordure. Il porte vingt-cinq pouces trois quarts de haut sur trente pouces de large. Ce Maître étoit Hollandois : il peignoit dans le goût de Carles Dujardin, mais ses Tableaux ne sont ni si bien coloriés, ni si exactement dessinés ; cependant ils ne laissent pas d'être très estimés en Hollande, quand ils sont de son bon tems.]] réalisée par Van Romyn, vendue par Charles Godefroy, achetée par Gouy au prix de 50.1 frs. [28]
  • 1748.04.22/ -. Vente de l'œuvre décrite comme [[Un Dessein de Rubens, représentant le Martyre de S. Livin, haut de vingt-deux pouces un quart sur seize pouces & demi de large. Ce Dessein est de la même grandeur que l'Estampe qui est gravée par Corneille Van Caukerken. Il y a toute apparence que c'est d'après ce Dessein que cette Estampe a été gravée. (Rubens)|Un Dessein de Rubens, représentant le Martyre de S. Livin, haut de vingt-deux pouces un quart sur seize pouces & demi de large. Ce Dessein est de la même grandeur que l'Estampe qui est gravée par Corneille Van Caukerken. Il y a toute apparence que c'est d'après ce Dessein que cette Estampe a été gravée.]] réalisée par Rubens, vendue par Charles Godefroy, achetée par Agard au prix de 75.1 frs. [29]
  • 1748.04.22/ -. Vente de l'œuvre décrite comme [[Deux petites Esquisses peintes sur toile, & collées sur bois. Elles portent chacune six pouces & demi de haut sur cinq pouces de large. L'une de ces Esquisses représente Vénus qui fait forger des armes pour Enée, par Vulcain. L'autre, est un Mercure qui met le jeune Bacchus nouveau né entre les mains des Nimphes, en les chargeant de son éducation. Elles sont peintes par le Chevalier Wleughels. (Chevalier Wleughels)|Deux petites Esquisses peintes sur toile, & collées sur bois. Elles portent chacune six pouces & demi de haut sur cinq pouces de large. L'une de ces Esquisses représente Vénus qui fait forger des armes pour Enée, par Vulcain. L'autre, est un Mercure qui met le jeune Bacchus nouveau né entre les mains des Nimphes, en les chargeant de son éducation. Elles sont peintes par le Chevalier Wleughels.]] réalisée par Chevalier Wleughels, vendue par Charles Godefroy, achetée par Labbé Maginville au prix de 13 frs. [31]
  • 1748.04.22/ -. Vente de l'œuvre décrite comme [[Le Portrait de Mieris, peint sur bois par lui-même. Il est ceintré par le haut. Il porte trois pouces un quart de largeur sur quatre pouces & demi de hauteur. Ce Tableau, quoique petit, n'en est pas moins précieux, tant par la rareté des ouvrages de celui qui l'a peint, que par le beau fini de son Pinceau ; sans parler de l'avantage d'y trouver le Portrait d'un Maître aussi renommé. On voit au fond de ce morceau un Attelier de Peintre avec un Chevalet qui porte un Tableau sur lequel, malgré la petitesse des objets qui y sont représentés, on ne laisse pas d'y distinguer le sujet d'une Sainte Famille. (Mieris)|Le Portrait de Mieris, peint sur bois par lui-même. Il est ceintré par le haut. Il porte trois pouces un quart de largeur sur quatre pouces & demi de hauteur. Ce Tableau, quoique petit, n'en est pas moins précieux, tant par la rareté des ouvrages de celui qui l'a peint, que par le beau fini de son Pinceau ; sans parler de l'avantage d'y trouver le Portrait d'un Maître aussi renommé. On voit au fond de ce morceau un Attelier de Peintre avec un Chevalet qui porte un Tableau sur lequel, malgré la petitesse des objets qui y sont représentés, on ne laisse pas d'y distinguer le sujet d'une Sainte Famille.]] réalisée par Mieris, vendue par Charles Godefroy, achetée par Ledoux au prix de 168 frs. [32]
  • 1748.04.22/ -. Vente de l'œuvre décrite comme [[Un Christ mort, accompagné d'un Ange, peint sur pierre de touche par Annibal Carrache. Il a douze pouces & demi de large sur onze pouces de haut. Le nom que porte ce Tableau est assez illustre, sans qu'on soit obligé de s'étendre beaucoup ici pour en faire l'éloge. Ce nom suffit pour présumer le mérite qu'il doit y avoir dans l'exécution de ce morceau. Ainsi nous nous contenterons seulement d'avertir les Amateurs, qu'il est du meilleur tems de ce Maître, & pur dans toutes ses parties. On connoît assez la rareté de ces Tableaux, surtout quand ils sont de choix. (Annibal Carrache)|Un Christ mort, accompagné d'un Ange, peint sur pierre de touche par Annibal Carrache. Il a douze pouces & demi de large sur onze pouces de haut. Le nom que porte ce Tableau est assez illustre, sans qu'on soit obligé de s'étendre beaucoup ici pour en faire l'éloge. Ce nom suffit pour présumer le mérite qu'il doit y avoir dans l'exécution de ce morceau. Ainsi nous nous contenterons seulement d'avertir les Amateurs, qu'il est du meilleur tems de ce Maître, & pur dans toutes ses parties. On connoît assez la rareté de ces Tableaux, surtout quand ils sont de choix.]] réalisée par Annibal Carrache, vendue par Charles Godefroy, achetée par Gaucherelle vendu à M. de Tallard au prix de 552 frs. [33]
  • 1748.04.22/ -. Vente de l'œuvre décrite comme [[Un très-beau Tableau de forme octogone, peint sur cuivre dans le goût de Morillos, & portant treize pouces en tous sens. Ce morceau représente un Christ descendu de la Croix, accompagné de la Vierge & de deux Anges. Le Dessein y est exact. Il est peint d'un grand goût, avec beaucoup de vigueur et de fermeté. Quoique ce Tableau soit recommandable, il seroit difficile de lui donner un nom sur lequel on pût ne pas craindre de contradiction. Pour éviter cet inconvénient, nous avons crû qu'il étoit plus convenable d'en abandonner la décision aux Connoisseurs, que de la vouloir prendre sur nous-mêmes, afin d'éviter le reproche qu'on pourroit nous faire de vouloir donner par un nom illustre, un plus grand mérite à ce Tableau ; mérite cependant réel & reconnu, qu'on ne peut lui refuser sans être injuste. (Morillos)|Un très-beau Tableau de forme octogone, peint sur cuivre dans le goût de Morillos, & portant treize pouces en tous sens. Ce morceau représente un Christ descendu de la Croix, accompagné de la Vierge & de deux Anges. Le Dessein y est exact. Il est peint d'un grand goût, avec beaucoup de vigueur et de fermeté. Quoique ce Tableau soit recommandable, il seroit difficile de lui donner un nom sur lequel on pût ne pas craindre de contradiction. Pour éviter cet inconvénient, nous avons crû qu'il étoit plus convenable d'en abandonner la décision aux Connoisseurs, que de la vouloir prendre sur nous-mêmes, afin d'éviter le reproche qu'on pourroit nous faire de vouloir donner par un nom illustre, un plus grand mérite à ce Tableau ; mérite cependant réel & reconnu, qu'on ne peut lui refuser sans être injuste.]] réalisée par Morillos, vendue par Charles Godefroy, achetée par Molin au prix de 200 frs. [34]
  • 1748.04.22/ -. Vente de l'œuvre décrite comme [[Le Portrait de la premiere femme de Rubens, peint aussi en Buste sur bois par le même, haut de vingt-trois pouces, & large de dix-sept pouces & demi. Ce Portrait est un des plus agréables & en même tems des plus piquans. Tout a concouru pour n'y rien laisser à desirer. La Tête en est gracieuse, aimable & jeune ; le Pinceau y est extrêmement leger. Il est clair dans toutes ses parties, pur & aussi fini qu'un Girard Dow. Je doute que Rubens ait rien fait avec plus de soin, & l'effet y est aussi ménagé que dans un grand morceau. (Rubens)|Le Portrait de la premiere femme de Rubens, peint aussi en Buste sur bois par le même, haut de vingt-trois pouces, & large de dix-sept pouces & demi. Ce Portrait est un des plus agréables & en même tems des plus piquans. Tout a concouru pour n'y rien laisser à desirer. La Tête en est gracieuse, aimable & jeune ; le Pinceau y est extrêmement leger. Il est clair dans toutes ses parties, pur & aussi fini qu'un Girard Dow. Je doute que Rubens ait rien fait avec plus de soin, & l'effet y est aussi ménagé que dans un grand morceau.]] réalisée par Rubens, vendue par Charles Godefroy, achetée par Gersaint au prix de 516 frs. [35]
  • 1748.04.22/ -. Vente de l'œuvre décrite comme [[Le Portrait du Duc de Buckingham en Buste peint sur bois, par Rubens, de vingt-trois pouces de haut sur dix-sept pouces & demi de large, dans une Bordure de bois proprement sculpté & doré.(*) note en bas de page : Tous les Tableaux sont richement bordés proportionnellement à leur mérite & à leur grandeur. Il y en a même quelques-uns dont le bois des Bordures est de douze pouces de large. Les mesures que l'on donne de ces Tableaux, sont prises comme à l'ordinaire, d'une des extrémités à l'autre, sans y comprendre les Bordures. Rubens a fait plusieurs Portraits de ce Seigneur, qui avoit de l'Amitié pour lui. Celui-ci est un des plus beaux, des mieux peints, & des plus vigoureux de ce Maître. Il est d'une conservation parfaite & d'une pureté admirable. Comme c'est au Duc de Buckingham que Rubens doit l'Ambassade qu'il fit dans les Cours d'Espagne & d'Angleterre, pour rétablir la paix entre ces deux Couronnes, on ne sera peut-être pas fâché de trouver ici l'origine de la députation de ce grand homme. J'ai saisi l'occasion de ce Portrait qui me donne lieu de rapporter ce trait d'Histoire. Il peut être intéressant pour les Amateurs de la Peinture, qui ordinairement ne négligent rien de ce qui a rapport aux actions remarquables de ceux qui se sont le plus distingués dans cet Art. Rubens vint à Paris en 1625. pour faire placer lui-même les Tableaux de la Gallerie du Luxembourg, qui avoit peints à Anvers par ordre de la Reine Marie de Medicis, & pour y donner la derniere main, suivant ce qu'il exigeroient quand ils seroient en place. Le Duc de Buckingham, homme de goût qui aimoit les Arts, & Seigneur fort estimé à la Cour de France, étoit alors dans cette Ville ; comme il avoit appris que le mérite de Rubens n'étoit pas borné aux seuls talens de la Peinture, & qu'il avoit donné plusieurs fois des preuves d'un esprit solide & d'une pénétration transcendante, il chercha l'occasion de faire connoissance avec lui. L'Amour que le Duc de Buckingham avoit pour la Peinture, fut moins alors le motif de cette recherche, que les heureuses dispositions que l'on connoissoit dans ce grand Peintre pour la Politique & le maniement des Affaires. Il le crut capable de contribuer, par son intelligence, à faire cesser les troubles qui regnoient dans ce tems-là entre l'Espagne & l'Angleterre. Ce Seigneur, pour mieux réussir dans son dessein, & pour se procurer plus facilement le tems de s'entretenir avec Rubens, le pria de faire son Portrait. Il lui fit part, dans les conversations réiterées auxquelles l'execution de ce Portrait donna lieu, du chagrin que lui causoit la mésintelligence de ces deux Couronnes. Il lui insinua le projet qu'il avoit formé de l'engager à se charger lui-même de leur réunion, ne doutant point qu'il n'en vint à bout s'il vouloit s'y prêter. Ce fut alors que le Duc & Rubens se lierent d'amitié ; & c'est cette amitié qui fournit par la fuite à cet excellent Peintre, l'occasion de recommencer plusieurs fois son Portrait. Le Duc de Buckingham ne fut point trompé dans son attente. Rubens étant de retour à Bruxelles, rendit compte à l'Infante, tante du Roy d'Espagne, des conversations qu'il avoit eu avec ce Seigneur, & cette princesse lui ordonna d'entretenir soigneusement cette amitié, qui eut son effet quelque tems après ; car le Marquis de Spinola qui n'ignoroit point aussi le mérite supérieur de Rubens pour les Négociations, crut qu'il n'y avoit personne plus propre que lui pour terminer cette grande affaire. L'Infante approuva ce choix, & Rubens fut envoyé au Roy d'Espagne avec les Instructions nécessaires. Le Roy fut si satisfait de ses soins & de sa conduite, que pour donner plus d'éclat à son ministère, il le créa son Chevalier, & le fit de plus Secretaire de son Conseil Privé. Rubens passa ensuite en Angleterre, chargé des Commissions du Roy Catholique & de l'Infante, pour terminer cette grande Négociation, & il parvint enfin à conclure cette Paix au gré des Puissances qui l'avoient employé. Le Roy d'Angletere ne lui fit pas un accueil moins favorable que le Roy d'Espagne. Il le créa pareillement Chevalier, & lui donna en plein Parlement l'Epée qu'il avoit à son côté, ainsi qu'un riche Diamant qui étoit à son doigt, & qu'il mit lui-même à celui de Rubens : ce qu'il accompagna d'un cordon de Diamans, de la valeur de dix milles écus. On apprend dans le Livre des Conversations sur la Connoissance de la Peinture, par M. de Piles, imprimé à Paris en 1677. que ce fut le Duc de Buckingham qui fit acquisition des Statues antiques & des Tableaux précieux qui formoient le Cabinet de Rubens, & cela pendant la vie même de ce Peintre. On lit à la page 196. de ce Volume, que ce Duc s'appercevant que Rubens alloit entrer dans la Négociation dont nous venons de parler, & croyant que les grandes affaires auxquelles il seroit employé, pourroient diminuer son amour pour la Peinture, envoya un de ses Domestiques à Anvers lui offrir cent mille florins de ses Antiques, & de la plûpart des Tableaux de son Cabinet, avec ordre de faire toutes les instances possibles pour l'engager à les lui céder. Rubens connoissant la forte passion que ce Seigneur avoit pour les belles choses, se laissa vaincre, à la charge néanmoins que pour être consolé de la perte des objets où il avoit mis son affection, & qui lui avoient coûté tant de soins à rassembler, le Duc seroit mouler les figures de marbre dont il se privoit, pour remplir les mêmes places qu'elles occupoient. A l'égard des Tableaux, Rubens, par la suite, remplit de ses propres Ouvrages, les vuides que laisserent dans son Cabinet ceux qu'il lui avoit abandonn (Rubens)|Le Portrait du Duc de Buckingham en Buste peint sur bois, par Rubens, de vingt-trois pouces de haut sur dix-sept pouces & demi de large, dans une Bordure de bois proprement sculpté & doré.(*) note en bas de page : Tous les Tableaux sont richement bordés proportionnellement à leur mérite & à leur grandeur. Il y en a même quelques-uns dont le bois des Bordures est de douze pouces de large. Les mesures que l'on donne de ces Tableaux, sont prises comme à l'ordinaire, d'une des extrémités à l'autre, sans y comprendre les Bordures. Rubens a fait plusieurs Portraits de ce Seigneur, qui avoit de l'Amitié pour lui. Celui-ci est un des plus beaux, des mieux peints, & des plus vigoureux de ce Maître. Il est d'une conservation parfaite & d'une pureté admirable. Comme c'est au Duc de Buckingham que Rubens doit l'Ambassade qu'il fit dans les Cours d'Espagne & d'Angleterre, pour rétablir la paix entre ces deux Couronnes, on ne sera peut-être pas fâché de trouver ici l'origine de la députation de ce grand homme. J'ai saisi l'occasion de ce Portrait qui me donne lieu de rapporter ce trait d'Histoire. Il peut être intéressant pour les Amateurs de la Peinture, qui ordinairement ne négligent rien de ce qui a rapport aux actions remarquables de ceux qui se sont le plus distingués dans cet Art. Rubens vint à Paris en 1625. pour faire placer lui-même les Tableaux de la Gallerie du Luxembourg, qui avoit peints à Anvers par ordre de la Reine Marie de Medicis, & pour y donner la derniere main, suivant ce qu'il exigeroient quand ils seroient en place. Le Duc de Buckingham, homme de goût qui aimoit les Arts, & Seigneur fort estimé à la Cour de France, étoit alors dans cette Ville ; comme il avoit appris que le mérite de Rubens n'étoit pas borné aux seuls talens de la Peinture, & qu'il avoit donné plusieurs fois des preuves d'un esprit solide & d'une pénétration transcendante, il chercha l'occasion de faire connoissance avec lui. L'Amour que le Duc de Buckingham avoit pour la Peinture, fut moins alors le motif de cette recherche, que les heureuses dispositions que l'on connoissoit dans ce grand Peintre pour la Politique & le maniement des Affaires. Il le crut capable de contribuer, par son intelligence, à faire cesser les troubles qui regnoient dans ce tems-là entre l'Espagne & l'Angleterre. Ce Seigneur, pour mieux réussir dans son dessein, & pour se procurer plus facilement le tems de s'entretenir avec Rubens, le pria de faire son Portrait. Il lui fit part, dans les conversations réiterées auxquelles l'execution de ce Portrait donna lieu, du chagrin que lui causoit la mésintelligence de ces deux Couronnes. Il lui insinua le projet qu'il avoit formé de l'engager à se charger lui-même de leur réunion, ne doutant point qu'il n'en vint à bout s'il vouloit s'y prêter. Ce fut alors que le Duc & Rubens se lierent d'amitié ; & c'est cette amitié qui fournit par la fuite à cet excellent Peintre, l'occasion de recommencer plusieurs fois son Portrait. Le Duc de Buckingham ne fut point trompé dans son attente. Rubens étant de retour à Bruxelles, rendit compte à l'Infante, tante du Roy d'Espagne, des conversations qu'il avoit eu avec ce Seigneur, & cette princesse lui ordonna d'entretenir soigneusement cette amitié, qui eut son effet quelque tems après ; car le Marquis de Spinola qui n'ignoroit point aussi le mérite supérieur de Rubens pour les Négociations, crut qu'il n'y avoit personne plus propre que lui pour terminer cette grande affaire. L'Infante approuva ce choix, & Rubens fut envoyé au Roy d'Espagne avec les Instructions nécessaires. Le Roy fut si satisfait de ses soins & de sa conduite, que pour donner plus d'éclat à son ministère, il le créa son Chevalier, & le fit de plus Secretaire de son Conseil Privé. Rubens passa ensuite en Angleterre, chargé des Commissions du Roy Catholique & de l'Infante, pour terminer cette grande Négociation, & il parvint enfin à conclure cette Paix au gré des Puissances qui l'avoient employé. Le Roy d'Angletere ne lui fit pas un accueil moins favorable que le Roy d'Espagne. Il le créa pareillement Chevalier, & lui donna en plein Parlement l'Epée qu'il avoit à son côté, ainsi qu'un riche Diamant qui étoit à son doigt, & qu'il mit lui-même à celui de Rubens : ce qu'il accompagna d'un cordon de Diamans, de la valeur de dix milles écus. On apprend dans le Livre des Conversations sur la Connoissance de la Peinture, par M. de Piles, imprimé à Paris en 1677. que ce fut le Duc de Buckingham qui fit acquisition des Statues antiques & des Tableaux précieux qui formoient le Cabinet de Rubens, & cela pendant la vie même de ce Peintre. On lit à la page 196. de ce Volume, que ce Duc s'appercevant que Rubens alloit entrer dans la Négociation dont nous venons de parler, & croyant que les grandes affaires auxquelles il seroit employé, pourroient diminuer son amour pour la Peinture, envoya un de ses Domestiques à Anvers lui offrir cent mille florins de ses Antiques, & de la plûpart des Tableaux de son Cabinet, avec ordre de faire toutes les instances possibles pour l'engager à les lui céder. Rubens connoissant la forte passion que ce Seigneur avoit pour les belles choses, se laissa vaincre, à la charge néanmoins que pour être consolé de la perte des objets où il avoit mis son affection, & qui lui avoient coûté tant de soins à rassembler, le Duc seroit mouler les figures de marbre dont il se privoit, pour remplir les mêmes places qu'elles occupoient. A l'égard des Tableaux, Rubens, par la suite, remplit de ses propres Ouvrages, les vuides que laisserent dans son Cabinet ceux qu'il lui avoit abandonn ]] réalisée par Rubens, vendue par Charles Godefroy, achetée par Noël pour M. Godefroy le conseiller au prix de 500 frs. [36]
  • 1748.04.22/ -. Vente de l'œuvre décrite comme [[Quatre Tableaux peints sur toile par Van-Bouck. Ils ont chacun six pieds dix pouces de large, sur quatre pieds un pouces de haut, & sont renfermés dans de vieilles bordures. Ce Peintre a voulu donner dans chacun de ces quatre Morceaux, une idée de chaque Elément. Le premier qui représente l'Eau, est une vûe de la tête de Flandre, qui est vis-à-vis la Ville d'Anvers : ce qui caractérise cet Elément, sont plusieurs grands Poissons répandus sur le bord de l'Escaut qui paroît au-devant du Tableau. Le second, qui est l'Air, est représenté par divers Oyseaux de toute espece. On voit dans le troisième, qui est la Terre, un grand nombre de fruits & de légumes dispersés & grouppés ensemble : Enfin le Feu, qui est le quatrième Elément, est reconnoissable par plusieurs Canons & autres instruments de Guerre, ainsi que par un Fort assiégé que l'on voit dans le lointain du Tableau. Ces quatre Morceaux peuvent servir d'ornement dans une salle ; ils sont très-bien peints, & la plupart des objets y sont représentés avec beaucoup de vérité. (Van-Bouck)|Quatre Tableaux peints sur toile par Van-Bouck. Ils ont chacun six pieds dix pouces de large, sur quatre pieds un pouces de haut, & sont renfermés dans de vieilles bordures. Ce Peintre a voulu donner dans chacun de ces quatre Morceaux, une idée de chaque Elément. Le premier qui représente l'Eau, est une vûe de la tête de Flandre, qui est vis-à-vis la Ville d'Anvers : ce qui caractérise cet Elément, sont plusieurs grands Poissons répandus sur le bord de l'Escaut qui paroît au-devant du Tableau. Le second, qui est l'Air, est représenté par divers Oyseaux de toute espece. On voit dans le troisième, qui est la Terre, un grand nombre de fruits & de légumes dispersés & grouppés ensemble : Enfin le Feu, qui est le quatrième Elément, est reconnoissable par plusieurs Canons & autres instruments de Guerre, ainsi que par un Fort assiégé que l'on voit dans le lointain du Tableau. Ces quatre Morceaux peuvent servir d'ornement dans une salle ; ils sont très-bien peints, & la plupart des objets y sont représentés avec beaucoup de vérité.]] réalisée par Van-Bouck, vendue par Charles Godefroy, achetée par Agard au prix de 315 frs. [37]
  • 1748.04.22/ -. Vente de l'œuvre décrite comme [[Deux petits Tableaux peints sur toile par Mr. Chardin. Ces deux Tableaux sont du premier genre dans lequel Monsieur Chardin a donné. Ils représentent des légumes & quelques attirails de Cuisine. Quoique ces objets soient peu interessans, ils sont rendus avec ce naturel & cette Touche particulière à cet excellent Maître, qui fait rechercher toujours avidement tout ce qui est sorti de ses mains. (Chardin)|Deux petits Tableaux peints sur toile par Mr. Chardin. Ces deux Tableaux sont du premier genre dans lequel Monsieur Chardin a donné. Ils représentent des légumes & quelques attirails de Cuisine. Quoique ces objets soient peu interessans, ils sont rendus avec ce naturel & cette Touche particulière à cet excellent Maître, qui fait rechercher toujours avidement tout ce qui est sorti de ses mains.]] réalisée par Chardin, vendue par Charles Godefroy, achetée par Gersaint au prix de 100 frs. [38]
  • 1748.04.22/ -. Vente de l'œuvre décrite comme [[Un très beau Tableau peint sur toile par Sebastien Bourdon. Ce Morceau représente Andromède délivrée par Persée. Il doit passer incontestablement pour un des plus interessants & des plus agréables que ce grand Maître ait fait. C'est le moment après lequel Andromède a été délivrée des fureurs du monstre, que ce Peintre a voulu représenter. Elle n'est plus attachée au Rocher ; le Monstre paroît renversé & sans vie ; & Persée triomphant se lave les mains sur le bord du Fleuve, où sont plusieurs jeunes Nayades, dont quelques-unes sont appuyées sur son Bouclier. Rien n'est plus séduisant à l'oeil que ce Tableau, par les graces & la fraicheur qui y sont répandues de toutes parts. Il est clair, brillant, & extrêmement fini. Il seroit difficile de trouver un Sujet de ce Maître, qui fût plus agréablement traité, & qui eût plus de parties intéressantes & capable de satisfaire un Curieux difficile. (Sebastien Bourdon)|Un très beau Tableau peint sur toile par Sebastien Bourdon. Ce Morceau représente Andromède délivrée par Persée. Il doit passer incontestablement pour un des plus interessants & des plus agréables que ce grand Maître ait fait. C'est le moment après lequel Andromède a été délivrée des fureurs du monstre, que ce Peintre a voulu représenter. Elle n'est plus attachée au Rocher ; le Monstre paroît renversé & sans vie ; & Persée triomphant se lave les mains sur le bord du Fleuve, où sont plusieurs jeunes Nayades, dont quelques-unes sont appuyées sur son Bouclier. Rien n'est plus séduisant à l'oeil que ce Tableau, par les graces & la fraicheur qui y sont répandues de toutes parts. Il est clair, brillant, & extrêmement fini. Il seroit difficile de trouver un Sujet de ce Maître, qui fût plus agréablement traité, & qui eût plus de parties intéressantes & capable de satisfaire un Curieux difficile.]] réalisée par Sebastien Bourdon, vendue par Charles Godefroy, achetée par Slodtz pr le Roy de Polongne au prix de 900 frs. [39]
  • 1748.04.22/ -. Vente de l'œuvre décrite comme [[Un joli Tableau peint sur bois par Bartholomé Brehenberg. Ce Tableau est des plus finis & des plus piquans de ce Maître. Il représente une espèce de Rocher ouvert, au travers duquel on voit un fort beau Paysage peint avec beaucoup de soin. Son effet est agréable, & les Figures y sont bien dessinées. Sa forme est ceintrée dans le haut, & sa bordure est quarrée. (Bartholomé Brehenbergh)|Un joli Tableau peint sur bois par Bartholomé Brehenberg. Ce Tableau est des plus finis & des plus piquans de ce Maître. Il représente une espèce de Rocher ouvert, au travers duquel on voit un fort beau Paysage peint avec beaucoup de soin. Son effet est agréable, & les Figures y sont bien dessinées. Sa forme est ceintrée dans le haut, & sa bordure est quarrée.]] réalisée par Bartholomé Brehenbergh, vendue par Charles Godefroy, achetée par Gaucherelle au prix de 171 frs. [48]
  • 1748.04.22/ -. Vente de l'œuvre décrite comme [[Un Tableau peint sur bois par Philippes Wauwermens, haut de quinze pouces & demi, & large de douze pouces & demi. Ce Morceau est peint dans le meilleur tems de ce Maître ; il représente trois Chevaux de Paysan dans une prairie, avec deux Figures dans le lointain qui sont couchées sur l'herbe. Le tout est fini soigneusement, & la touche approche beaucoup de la maniére de Paul Poter. Il paroît imiter, sur tout dans les terasses. Le tout est clair & brillant. (Philippes Wauwermens)|Un Tableau peint sur bois par Philippes Wauwermens, haut de quinze pouces & demi, & large de douze pouces & demi. Ce Morceau est peint dans le meilleur tems de ce Maître ; il représente trois Chevaux de Paysan dans une prairie, avec deux Figures dans le lointain qui sont couchées sur l'herbe. Le tout est fini soigneusement, & la touche approche beaucoup de la maniére de Paul Poter. Il paroît imiter, sur tout dans les terasses. Le tout est clair & brillant.]] réalisée par Philippes Wauwermens, vendue par Charles Godefroy, achetée par [[Gersaint pr Mr Devi[ ]]] au prix de 205.1 [ou] 305.1 frs. [49]
  • 1748.04.22/ -. Vente de l'œuvre décrite comme [[Deux très-beaux Tableaux peints sur toile par Bourdon. Ces deux Tableaux représentent deux riches Paysages ornés de différentes fabriques & de plusieurs Figures. La quantité des eaux qui s'y trouvent, & dont la plupart forment des chûtes, rendent ces Morceaux agréables & amusans. Ils sont du nombre de ceux qui ont été gravés d'après ce Maître. (Bourdon)|Deux très-beaux Tableaux peints sur toile par Bourdon. Ces deux Tableaux représentent deux riches Paysages ornés de différentes fabriques & de plusieurs Figures. La quantité des eaux qui s'y trouvent, & dont la plupart forment des chûtes, rendent ces Morceaux agréables & amusans. Ils sont du nombre de ceux qui ont été gravés d'après ce Maître.]] réalisée par Bourdon, vendue par Charles Godefroy, achetée par Blondel au prix de 302 frs. [50]