« Raymond Dulaurens » : différence entre les versions

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{{Infobox Biographie2
| charte                =
| nom                    = Raymond Dulaurens
| image                  = Raymond dulaurens principale.jpg
| légende                = Raymond Dulaurens dans les années 30
| nom de naissance      = Raymond André Jean Dulaurens
| date de naissance      = {{date|7|février|1891}}
| lieu de naissance      = [[Paris]] [[10e arrondissement de Paris|{{10e}}]] ({{France (1870-1940)}})
| date de décès          = {{date de décès|29|août|1951|7|février|1891}}
| lieu de décès          = [[Nanterre]] ({{France (1944-1946)}})
| nationalité            = {{pays|France|nom=Française}}
| formation              =
| activités              = Professeur d'[[espéranto]], [[inventeur]], [[Publicitaire]], [[caravanier]], [[agent commercial]] 
| période d'activité    = 1908-1944
| père                  = René Louis Marie Dulaurens
| mère                  = Fanny Amélie Bouessé de La Bellonière
| conjoint              = Marie-Thérèse Eulalie Léonie Pretceille (1914-1948)
| idéologie              = [[anationalisme]]
| condamnation          = Indignité nationale (1946)
| lieu de détention      = [[Abbaye Notre-Dame de Fontevraud]] (A METTRE)
| archives              = Institut mémoires de l'édition contemporaine (2CEL)
}}
'''Raymond Dulaurens''', né le {{Date|7|février|1891}} à [[Paris]]<ref name="naissance">{{Lien web |langue=fr-fr |titre=DULAURENS Raymond, Paris 10, 1891, Naissances, vue 143/168, acte {{n°|753}}, (haut-gauche) |url=https://www.geneanet.org/cercles/ancestry/view/colgnecac75n/62058_B960129/143 |site=Archives Paris, 10ème arr.}}</ref>
, décédé le {{Date|29|août|1951}} à [[Nanterre]]<ref>Archives municipales de Nanterre acte {{n°|...}}</ref>, est un [[homme de lettres]], [[polyglotte]], professeur d'[[espéranto]] et [[publicitaire]]. Pionnier du voyage en [[mobilhome]], il sillonne une partie de l'Europe et de l'Afrique subsaharienne dans les [[années 20]]. Pendant l'[[Occupation]], son intelligence et son excellente maitrise de l'allemand lui valent d'être recruté par les occupants, et chargé de l'achat des métaux non ferreux. En 1944, il est finalement dénoncé puis arrêté, avant d'être condamné définitivement en 1946 pour "commerce avec l'ennemi".
== Situation personnelle et jeunesse ==
=== Naissance ===
Raymond Dulaurens est né le 7 février 1891 à [[Paris]]
au domicile de ses parents, 95 [[Quai de Valmy]]<ref name="naissance"/> Il est le troisième enfant de René Louis Marie Dulaurens (1860-1930)<ref>{{Lien web |langue=fr-fr |titre= DULAURENS René, Paris 10, 1930, Décès, 10 10D, acte {{n°|387}}|url=https://archives.paris.fr/arkotheque/visionneuse/visionneuse.php?arko=YTo2OntzOjQ6ImRhdGUiO3M6MTA6IjIwMjQtMDItMTEiO3M6MTA6InR5cGVfZm9uZHMiO3M6MTE6ImFya29fc2VyaWVsIjtzOjQ6InJlZjEiO2k6NDtzOjQ6InJlZjIiO2k6MjYxMjQ1O3M6MTY6InZpc2lvbm5ldXNlX2h0bWwiO2I6MTtzOjIxOiJ2aXNpb25uZXVzZV9odG1sX21vZGUiO3M6NDoicHJvZCI7fQ==#uielem_move=347%2C12&uielem_islocked=0&uielem_zoom=81&uielem_brightness=0&uielem_contrast=0&uielem_isinverted=0&uielem_rotate=F|site=Archives Paris, 10ème arr.}}</ref>, employé des chemins de fer de l'Est, et de Fanny Amélie Bouessé de la Bellonière (1867-1943)<ref>{{Lien web |langue=fr-fr |titre= Fanny BOUESSE DE LA BELLONIERE, 1943, XXX, acte {{n°|XXX}}|url=https://archives.paris.fr/arkotheque/visionneuse/visionneuse.php?arko=YTo2OntzOjQ6ImRhdGUiO3M6MTA6IjIwMjQtMDItMTEiO3M6MTA6InR5cGVfZm9uZHMiO3M6MTE6ImFya29fc2VyaWVsIjtzOjQ6InJlZjEiO2k6NDtzOjQ6InJlZjIiO2k6MjYxMjQ1O3M6MTY6InZpc2lvbm5ldXNlX2h0bWwiO2I6MTtzOjIxOiJ2aXNpb25uZXVzZV9odG1sX21vZGUiO3M6NDoicHJvZCI7fQ==#uielem_move=347%2C12&uielem_islocked=0&uielem_zoom=81&uielem_brightness=0&uielem_contrast=0&uielem_isinverted=0&uielem_rotate=F|site=Archives Paris, 10ème arr.}}</ref>, sans profession, mariés le 5 mai 1885 à [[Paris]]<ref>{{Lien web |langue=fr-fr |titre= DULAURENS x BOUESSE DE LA BELLONIERE, Paris, 1885, Mariages, vue {{n°|11/146}},acte {{n°|279 bis}}|url=https://archives.paris.fr/arkotheque/visionneuse/visionneuse.php?arko=YTo2OntzOjQ6ImRhdGUiO3M6MTA6IjIwMjQtMDItMTEiO3M6MTA6InR5cGVfZm9uZHMiO3M6MTE6ImFya29fc2VyaWVsIjtzOjQ6InJlZjEiO2k6NDtzOjQ6InJlZjIiO2k6MjYxMjQ1O3M6MTY6InZpc2lvbm5ldXNlX2h0bWwiO2I6MTtzOjIxOiJ2aXNpb25uZXVzZV9odG1sX21vZGUiO3M6NDoicHJvZCI7fQ==#uielem_move=347%2C12&uielem_islocked=0&uielem_zoom=81&uielem_brightness=0&uielem_contrast=0&uielem_isinverted=0&uielem_rotate=F|site=Archives Paris, 10ème arr.}}</ref>. Son père et sa mère son cousins germains, son grand-père paternel étant le frère de sa grand-mère maternelle. Après des études de lettres à ....,
=== Engagement pour la cause espérantiste ===
C'est en 1909 qu'il s'engage pleinement pour la cause espérantiste. Il intègre le groupe espérantiste de Paris et participe à la formation en 1909 d'un groupe espérantiste  à [[Villemomble]], auquel il donne des cours. Il devient délégué de l'[[Association universelle d'espéranto]] (UEA). Il  fait parallèlement partie de l'équipe de rédaction du journal "L'Art dramatique et musical", journal [[satirique]] paraissant le 15 et le 30 de chaque mois, dans lequel il publie dès octobre 1909 une série d'articles « destinés à répandre parmi les artistes, l'Espéranto, la langue universelle de l'avenir ». La même année, il est nommé Directeur de la publicité de la revue mensuelle l'Enfant, consacrée à la protection de l'Enfance, dans lequel il rédige des articles promouvant l'espéranto comme remède à. Dans un article publié en décembre 1909, Dulaurens termine par :
{{Citation bloc|Pourquoi les « Sociétés de Protection de l'Enfance » n’accepteraient-elles pas de se servir de cette langue dans leurs relations internationales ? De l’union naît la force, et les enfants, nos enfants pour lesquels nous travaillons, seraient les premiers à profiter des bienfaits résultant de l’entente des peuples.|''L'Enfant, décembre 1909''<ref>{{Lien web |langue=fr-fr |titre= La Protection de l'enfance et l'idée d'une langue internationale|url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57037231/f20.image|auteur=Raymond Dulaurens | périodique  = L'Enfant |date= 1 décembre 1909 |page = 240 }}</ref>}}
Délégué du comité central à de la 530ème section de la Dotation de la jeunesse (1912).
=== Première Guerre mondiale ===
En 1911, à l'âge de 20 ans, il est promu à la 10ème section de secrétaire d'état major. Il se marie au début de la [[Grande Guerre]] le 11 novembre 1914 à [[Rennes]] avec Marie-Thérèse Eulalie Léonie Pretceille.<ref>{{Lien web |langue=fr-fr |titre= DULAURENS x PRETCEILLE, Rennes, 1914, Mariages, 3E 123, vue 170/312, acte {{n°|402}}|url=https://www.archives.rennes.fr/ark:/74559/174427.388282/dao/0/170|site=Archives de Rennes}}</ref> En 1915, il est envoyé sur le front au 75ème régiment d'infanterie puis change sept fois de régiment entre 1915 et 1917 passant progressivement de l'infanterie à l'artillerie puis au génie, avant d'être envoyé en pension plus régulièrement pour «  troubles psychopathiques avec hyper-émotivité, dysthémie asthénie et dyspnée, vertiges de l’escalier.». C'est sur le front qu'il fait la connaissance de [[Julien Guillemard]], fondateur de la revue littéraire La Mouette, où il rédige en pensions quelques articles très critiques envers la guerre et ouvertement germanophobes. Après la fin de la Guerre, sa pension d'invalidité est déclarée nulle son état étant jugé «très satisfaisant, sans aucun désordre nerveux objectif, nerveux constatables».<ref>{{Lien web |langue=fr-fr |titre= DULAURENS Raymond, Paris 10, 1911, matricule {{n°|273}}|url=https://archives.paris.fr/arkotheque/visionneuse/visionneuse.php?arko=YTo2OntzOjQ6ImRhdGUiO3M6MTA6IjIwMjMtMDEtMDIiO3M6MTA6InR5cGVfZm9uZHMiO3M6MTE6ImFya29fc2VyaWVsIjtzOjQ6InJlZjEiO2k6MTc7czo0OiJyZWYyIjtpOjE0ODM1ODY7czoxNjoidmlzaW9ubmV1c2VfaHRtbCI7YjoxO3M6MjE6InZpc2lvbm5ldXNlX2h0bWxfbW9kZSI7czo0OiJwcm9kIjt9#uielem_move=0%2C0&uielem_islocked=0&uielem_zoom=35&uielem_brightness=0&uielem_contrast=0&uielem_isinverted=0&uielem_rotate=F|site=Archives Paris, 10ème arr.}}</ref>
== Les voyages en Maison roulotte (1923-1939) ==
En 1922, il fait agencer en maison roulotte sa voiture Ford. En 1923, il rejoint en tant que représentant de commerce les établissements Técalémit de Paris qui sponsorisent son "home" par des affiches publicitaires sur la carrosserie<ref>{{article
|titre = La Maison Roulotte d'un moderne représentant de commerce
|périodique = La Revue de la D.A.S.
|numéro = 81
|date = octobre 1924
|langue = fr
}}</ref>. Il effectue pendant quelques mois des tournées de représentation en France. Fort du succès de ce mode de transport inédit, la société annonce en 1924 que Raymond Dulaurens entamera une tournée de représentation au Maroc, en Algérie et en Tunisie en fin d'année.
=== La roulotte automobile de Dulaurens ===
Raymond Dulaurens, pionnier du camping automobile en France, conçoit et utilise plusieurs modèles de roulottes entre 1921 et 1932. Ses véhicules, qualifiés de "maisons roulantes" ou "homes sur route", se distinguent par leur ingéniosité et leur adaptation aux besoins du tourisme itinérant.
==== Évolution des modèles ====
* '''Premier modèle (1921)''' : Réalisé sur un châssis Ford 1 tonne pour 25 000 francs<ref name="Ford1T">{{cite journal |title=Le Camping Automobile |journal=La Revue d'Alsace et de Lorraine |date=juin 1921 |page=139}}</ref>, avec remorque attelée de 300 kg documentée dans ''L'Automobile sur Route''<ref name="Remorque">{{cite journal |title=Accessoires pour roulottes |journal=L'Automobile sur Route |date=avril 1922 |page=22}}</ref>. Décrit comme "la solution économique" dans ''Le Journal du Camping''<ref name="Eco">{{cite journal |title=Les Prix en 1921 |journal=Le Journal du Camping |date=janvier 1922 |page=5}}</ref>.
* '''Modèle Latil (1926)''' : Présenté en exclusivité dans ''La Vie Automobile''<ref name="MaisonRoulante">{{cite journal |title=Une maison sur roues |journal=La Vie Automobile |date=15 mars 1926 |pages=45-47}}</ref> avec ses 4,25 m de long et son châssis 1 500 kg. Le ''Courrier de l'Ouest'' vante son "agencement ingénieux"<ref name="Ouest">{{cite news |title=Innovations locales |newspaper=Courrier de l'Ouest |date=30 mai 1926 |page=3}}</ref>, notamment pour son lit breveté "pliante Dulaurens" primé au Salon des Inventeurs<ref name="SalonInv">{{cite news |title=Palmarès des inventions |newspaper=Le Petit Parisien |date=5 mars 1924 |page=4}}</ref>.
* '''Modèle de luxe''' : Qualifié de "palais roulant" par ''Dimanche Auto''<ref name="Luxe">{{cite news |title=Les Roulottes de Haut Luxe |newspaper=Dimanche Auto |date=19 décembre 1926 |page=1}}</ref>, avec ses 600 000 francs de valeur.
==== Aménagements caractéristiques ====
L'intérieur combine :
* Un lit double (1,90 x 1,35 m) convertible en divan le jour<ref name="Ford1T"/>
* Un lavabo pliant de type maritime avec réservoir d'eau isolé de 80 litres<ref name="MaisonRoulante"/> testé par ''Camping Magazine''<ref name="Cuisine">{{cite journal |title=Équipements mobiles |journal=Camping Magazine |date=été 1927 |issue=12 |page=8}}</ref>
* Une cuisine "Illor" équipée d'un réchaud à gaz d'essence<ref name="MaisonRoulante"/>
* Un bureau intégré avec machine à écrire Underwood<ref name="Bureau">{{cite journal |title=Le Travail en voyage |journal=La Vie Active |date=novembre 1928 |page=17}}</ref>
* Des sièges transformables de la maison Astruc (Castres)<ref name="MaisonRoulante"/>
* Un système de ventilation par quadruple cloison (liège, contreplaqué, revêtement intérieur) validé par le ''Bulletin des Ponts et Chaussées''<ref name="Ponts">{{cite journal |title=Essais thermiques |journal=Bulletin des Ponts et Chaussées |date=janvier 1927 |page=32}}</ref>
==== Innovations techniques ====
* Structure légère en chêne et tôle avec isolation thermique<ref name="MaisonRoulante"/>
* Moteur Latil 14 HP à essence (20 L/100km) avec radiateur avant<ref name="MaisonRoulante"/>
* Système électrique complet avec dynamo Marcelle certifiée "sans entretien" pour 50 000 km<ref name="Dynamo">{{cite journal |title=Les Dynamos automobiles |journal=La Technique Moderne |date=avril 1927 |page=89}}</ref> et batteries Dinet 48 Ah<ref name="MaisonRoulante"/>
* Volets de tôle escamotables pour isolation nocturne<ref name="MaisonRoulante"/>
* Banne latérale déroulante de 3,45 m de hauteur<ref name="MaisonRoulante"/>
==== Particularités ====
Dulaurens expose sa philosophie dans ''Le Touriste Français'' :
{{Citation|"Cette maison routarde [...] est une grande source de plaisir pour les amateurs du grand camping, qui aiment pouvoir se déplacer sans réservation d'hôtel"}}<ref name="Chroniques">{{cite journal |last=Dulaurens |first=R. |title=Propos de Camping |journal=Le Touriste Français |date=15 août 1931 |page=7}}</ref>. ''L'Illustration'' lui consacre un reportage complet<ref name="Illustration">{{cite journal |title=La Vie en roulette |journal=L'Illustration |date=12 juillet 1930 |pages=42-43}}</ref>, soulignant ses solutions à 35 000 francs là où d'autres dépensaient 150 000 francs.
=== L'expédition nord-Africaine de 1924-1295 ===
En 1924, le représentant de commerce R. Dulaurens entame un vaste périple à bord d'une maison roulante motorisée qu'il a fait spécialement aménager sur un châssis de voiture Ford, avec le soutien des [[Établissements Técalémit]]. Ce "home ambulant", équipé de tout le confort moderne de l’époque (lits, réserve d’eau, installation électrique autonome), a pour vocation de promouvoir le caravaning comme mode de vie itinérant, tout en représentant la marque Técalémit à travers le Maghreb. Le récit de ce voyage sera publié de manière rétrospective dans la revue *Dimanche Auto* en décembre 1926.
==== Départ de la France ====
[[Fichier:Dulaurens embarquement bordeaux.png |300px|vignette |droite|Embarquement de la roulotte à Bordeaux. Raymond Dulaurens au premier plan.]]
Le véhicule est inauguré le 28 octobre 1924. Accompagné de son épouse et de leurs deux chiennes, Yucca et Zita, Dulaurens quitte [[Saint-Ouen-l'Aumône]] le 4 novembre. La roulotte embarque à [[Bordeaux]] le 30 novembre, à bord du *Volubilis*, un navire de la [[Compagnie générale transatlantique]], et atteint [[Casablanca]] le 5 décembre. Le débarquement, illustré par plusieurs clichés de l’époque, impressionne par la grue soulevant la roulotte depuis le quai du port<ref>« La Roulotte Moderne », ''Le Petit Marocain'', Casablanca, 12 décembre 1924.</ref>.
==== Etape 1 : Le Maroc ====
[[Fichier:Dulaurens roulotte casa.png |300px|vignette |gauche|La roulotte est [[Place des Nations-Unies (Casablanca)| Place de France]] à Casablanca.]]
Dès son arrivée, la roulotte suscite curiosité et admiration : « rien ne se perd, rien ne se crée » écrit un chroniqueur du ''Petit Marocain'', qui célèbre la roulotte comme une application moderne de l’automobile, remplaçant le cheval par un moteur, et supprimant la dépendance aux hôtels<ref>« La Roulotte Moderne », ''Le Petit Marocain'', Casablanca, 12 décembre 1924.</ref>. M. Dulaurens, qualifié d’« homme pratique » par la presse, incarne l’idéal du voyageur moderne et autonome, un ambassadeur du tourisme motorisé, soucieux de conjuguer efficacité professionnelle et confort personnel<ref>Ibid.</ref>. Depuis [[Casablanca]], le convoi prend la direction de [[Marrakech]], en passant par [[Settat]] et [[Machraa Ben Abbou]], avec des bivouacs dans les plaines de [[Ben Guerir]]. À [[Marrakech]], la famille séjourne notamment à la Mamounia. Un article publié dans ''Echo du Maroc'' souligne que M. Dulaurens y poursuit son rôle de représentant de commerce avec méthode et régularité, tout en faisant la démonstration publique des innovations embarquées sur son véhicule<ref>« Grand Tourisme automobile », ''Echo du Maroc'', Rabat, 2 janvier 1925.</ref>.
[[Fichier:Dulaurens Bivouac Désert.png |300px|vignette |droite|La roulotte avec la tente sur le toi, dans le désert.]]
Ils poursuivent ensuite vers [[Amizmiz]], puis gagnent la côte atlantique via [[Essaouira|Mogador]], [[Safi]], et [[El Jadida|Mazagan]], avant de revenir à [[Casablanca]] à la mi-janvier 1925. La roulotte est décrite comme un "véhicule d’ingéniosité", avec des aménagements complets : lit transversal de 2 m x 1,35 m, armoire-commode, cuisine avec réchaud à gaz, batterie de cuisine, table à écrire, réservoir de 80 litres d’eau potable et deux batteries d’accumulateurs. Le tout permettait à l’équipage de vivre en autonomie complète pendant plusieurs jours. M. Dulaurens, toujours accompagné de son épouse et de leurs deux chiennes, gère aussi l'entretien technique de la roulotte, la navigation sur des pistes parfois inexistantes et les contacts avec les autorités locales. La presse insiste sur sa capacité à allier improvisation sur la route et sérieux dans sa mission de propagande industrielle. Les voyageurs mettent ensuite le cap vers le nord : [[Rabat]], [[Kénitra]], [[Volubilis]], [[Meknès]], [[Fès]], [[Taza]], [[Guercif]] et [[Oujda]]. Le voyage au Maroc est marqué par la diversité des paysages, l’accueil des populations, les visites de médinas, de mosquées (notamment à [[Fès]] et [[Meknès]]), de palais de justice, et par l’observation des modes de vie indigènes. « Chaque service se promènera sur son propre domaine » ironise l’auteur d’un billet humoristique du journal ''La Vigie Marocaine'', imaginant un avenir entièrement motorisé<ref>« Propos du jour », ''La Vigie Marocaine'', Casablanca, 12 décembre 1924.</ref>. Dans ce contexte, M. Dulaurens est présenté comme l’incarnation d’un nouveau type de voyageur : à la fois technicien, agent commercial, chroniqueur et aventurier du bitume.
==== Etape 2 : L'Algérie ====
[[Fichier:DULAURENS Raymond - TIPAZA.png |300px|vignette |gauche|La roulotte avec la tente sur le toi, dans le désert.]]
Depuis [[Oujda]], la roulotte entre en Algérie par l’est et commence sa traversée des trois départements algériens. À [[Skikda|Philippeville]], le couple fait halte aux bains de [[Hammam Sidi M’Cid]], où la température de l’eau permet de profiter d’une baignade en plein air à 25 °C<ref>''Dimanche Auto'', 26 décembre 1926.</ref>. Séduits par la douceur du climat, ils séjournent quelques jours sur la côte, puis reprennent la route vers [[Annaba|Bône]]. Ils visitent la basilique [[Saint-Augustin d'Hippone]], située sur une colline dominant la mer, avant de camper à la plage de Chapuis. Ils poursuivent ensuite vers [[La Calle|El Kala]] en traversant les gorges du Rummel, [[Guelma]], [[Souk Ahras]], puis remontent vers les montagnes de [[Sétif]] et [[El Kantara]]. La traversée de l’Algérie est aussi marquée par une ascension difficile du [[Djurdjura]] et par le franchissement du [[col de Teniet el-Haad]], atteint à 1 150 mètres d’altitude dans des conditions hivernales. La roulotte progresse dans des gorges étroites, sur des routes non goudronnées, parfois au bord de précipices. Des photographies publiées montrent le véhicule sur des corniches abruptes<ref>Ibid.</ref>. Le passage par [[Biskra]] marque une transition vers les régions du Sud, avec ses palmeraies et ses paysages désertiques. Après un arrêt à [[Alger]], les voyageurs campent dans les hauteurs boisées autour de [[Tizi-Ouzou]], puis poursuivent à travers la [[Kabylie]] via [[Fort National]] et [[Michelet]]. Cette partie du périple, particulièrement accidentée, est décrite comme rude mais splendide, avec une nature luxuriante et des villages perchés<ref>''Dimanche Auto'', 19 décembre 1926.</ref>. Ils atteignent ensuite [[Bougie|Béjaïa]], située au bord de la Méditerranée, où ils contemplent la baie depuis le [[Cap Carbon]]. À [[Constantine]], les articles mentionnent la visite des gorges du Rummel et de sites archéologiques romains comme [[Timgad]] ou [[Lambèse]]<ref>Ibid.</ref>. Ces lieux, associés à l’architecture coloniale, sont abondamment photographiés et décrits comme parmi les plus saisissants du parcours. À [[La Calle]], les voyageurs franchissent la frontière tunisienne.
==== Etape 3 : La Tunisie ====
En Tunisie, le voyage se poursuit par [[Bizerte]], où la roulotte est photographiée en train de traverser le bac<ref>« Une roulotte de grand tourisme », ''La Dépêche Sfaxienne'', Sfax, 5 mai 1925.</ref>. R. Dulaurens et sa famille rejoignent ensuite [[Tunis]], où ils séjournent plusieurs jours à proximité de l’avenue de Carthage. La roulotte y suscite à nouveau l’attention de la presse locale, notamment du ''Petit Matin'' et du journal ''La Liberté'' de Tunis<ref>« Tourisme pratique », ''La Liberté'', Tunis, 3 mai 1925.</ref>. Le 29 mai 1925, après plus de six mois de route à travers le Maghreb, la roulotte embarque à bord du cargo *Eugénie* en partance de Tunis pour [[Nice]], marquant ainsi la fin de cette grande expédition<ref>« Une heureuse réalisation de roulotte automobile », ''Le Petit Matin'', Tunis, 30 avril 1925.</ref>.
Ce périple pionnier est restitué en détail dans les articles de R. Dulaurens publiés entre 1924 et 1926 dans la presse francophone du Maghreb (''Le Petit Marocain'', ''Echo du Maroc'', ''La Vigie Marocaine'', ''La Liberté'', ''Dimanche Auto''), illustrés de cartes, de croquis et de photographies. Il témoigne d’une première grande tentative de caravaning motorisé au Maghreb, à une époque où ce mode de transport restait rare et aventureux.
=== L'expédition Italienne au printemps 1926 ===
=== L'expédition suisse à l'été 1926 ===
== Procès contre le Maire de Bayonne (1927-1932) ==
[[Fichier:Joseph Garat, député des Basses Pyrénées 1.jpg |200px|vignette |droite|Joseph Garat, député-maire de Bayonne.]]
=== Contexte et faits ===
En 28 août 1927, Raymond Dulaurens arrive à [[Bayonne]] avec sa roulotte automobile de luxe. Selon sa pratique habituelle, il sollicite à la mairie un emplacement pour stationner, insistant sur son statut de touriste et non de forain ou de romanichel. Le maire de la ville [[Joseph Garat]], également député et directeur du journal ''Le Sud-Ouest'', lui oppose un refus catégorique, s'appuyant sur un arrêté municipal interdisant le stationnement des "voitures de nomades". Dulaurens est finalement expulsé avec l'intervention de la police municipale.
=== Affrontement par lettres interposées ===
L'affaire déclenche un vif débat :
* Le 30 août 1927, Raymond Dulaurens publie dans Le Courrier de Bayonne une lettre ouverte dénonçant ce qu’il qualifie d’« inhospitalité » de la ville, à la suite d’un échange conflictuel avec le maire. Dans un ton mêlant ironie, provocation et revendications juridiques, il conclut sa missive par une déclaration percutante : 
{{Citation bloc|J’ai remis, en présence de mon huissier, une demande officielle au Maire pour obtenir le droit de cité.
Et mon intention est simple :
1) Aller en Conseil d’État pour faire casser l’arbitraire arrêté de ce maire roulottophobe ;
2) Demander cent mille francs de dommages-intérêts à la ville pour m’avoir gâché mes vacances : J’avais donné rendez-vous à des amis et je dois, tel le Juif errant, fuir les séïdes du maire ;
3) Les groupements auxquels j’ai l’honneur d’appartenir et qui ont baptisé Bayonne Ville mendiante, ajouteront Ville inhospitalière, et nous ferons toute la réclame possible pour que les Français ne viennent pas s’y fourvoyer.
Seul l’étranger a les faveurs de votre municipalité ! Grand bien lui fasse ! mais viendra un jour où le franc reprenant sa place, les étrangers seront des clients moins nombreux et moins acheteurs. Si Bayonne n’a plus ses étrangers et a rejeté les Français, les commerçants comprendront un peu tard qu’il est beau d’avoir à sa tête un Maire-Député-Avocat, mais qu’un commerçant aurait mieux fait l’affaire.
À Bayonne, comme dans bien des endroits, là où il fallait un calculateur on a mis un danseur !
Recevez, Monsieur le Rédacteur en chef, l’assurance de ma considération distinguée.
Raymond DULAURENS,
du Comité de Tourisme automobile du Touring-Club de France, du Comité de l’Auto-camping-Club de France.
|''Lettre ouverte de Raymond Dulaure, Le Courrier de Bayonne, 31 août 1927.''<ref>{{Lien web
|auteur      = Raymond Dulaurens
|titre      = Un français honorable, fervent du camping est expulsé de notre territoire
|url        = https://mediatheque.bayonne.fr/iguana/IguanaDAM.uv.cls?damkey=B641026201_J20l_19270831&language=fre
|périodique  = Le Courrier de Bayonne
|date        = 31 août 1927
}}</ref>}}
* Le lendemain, Joseph Garat réplique dans son journal ''Le Sud-Ouest''. Il lui répond de manière conjointe avec Napoléon Rancy, un forain s'étant vu refusé lui-aussi l'accès à Bayonne pour son cirque. Les passages consacrés à Dulaurens est le suivant :
{{Citation bloc|Il convient d’être indulgent pour les journalistes sans nouvelles sensationnelles, qui se trouvent en peine d’alimenter leur chronique locale. C’est le cas de notre confrère le « Courrier de Bayonne », qui, à court de prose intéressante pour ses lecteurs, vient de trouver deux correspondants inattendus et inespérés : Napoléon Rancy et un amateur d’Auto-Camping. Leur récit est un travestissement grossier de la vérité.
[...]
Et maintenant que le Cirque en question, refusé par Bordeaux, Dax et Bayonne, accueilli seulement par un particulier dans le haut Biarritz, a tenu suffisamment l’affiche, parlons d’autres comparses.
C’est d’abord un président du Touring et de Camping qui a la prétention de s’installer aux Allées-Marines (s. v. p.), avec une roulotte automobile, munie de plusieurs chambres, d’une cuisine et inévitablement d’un water-closet ; car il est à supposer qu’il n’est pas un esprit pur et ne porte pas dans son véhicule une fosse d’aisance...
Mais ce touriste n’est-il pas tout simplement un commerçant déguisé car, sur sa voiture, au bas d’une montre de grand modèle figurent ces mots : « Técalemit ». L’emblème des stockistes.
Il apparaîtra aux yeux des plus naïfs que si ce Monsieur ne voyage pas pour une marque d’automobile, il fait de la réclame « à l’œil » pour une maison d’accessoires. Le malheur ou la simple fatalité veut qu’à ce même moment, un autre amateur de Camping s’est installé aux Allées Boufflers.
Plus plastique que son collègue des Allées-Marines, il a élu domicile sous les yeux du Cardinal Lavigerie, familier du désert et de ses nomades aux grandes randonnées.
Le touareg, improvisé en pays civilisé, va rançonner la badauderie des passants. Il fait visiter sa roulotte automobile, composée inévitablement de chambres, cuisine et water-closet et perçoit un franc par visiteur. Il avait à peine réalisé une recette de 800 francs à ce jeu d’attrape-nigauds, que la police le prie de transporter ailleurs son exploitation. Sans insister, l’amateur de camping alla chercher des gogos dans les Landes.
Que faut-il conclure à propos de ces indésirables à des titres divers, qui ne rapportent rien ou pas grand chose et ont la prétention d’exploiter la voie publique ?
Quant un pauvre diable de roulier contrevient au règlement de la circulation, procès-verbal lui est dressé et s’il se rebelle contre l’autorité, elle sévit à son encontre.
Le « Courrier de Bayonne » ne lui accorde aucune attention, bien entendu.
Mais, dès qu’il s’agit d’un roulottier qui a un véhicule de plusieurs centaines de mille francs ou un matériel qui dépasse un million, le « Courrier » a toutes les condescendances et lui accorde volontiers toutes ses complaisances pour sa camelotte.
À notre sentiment, la loi doit être égale pour tous, son application ne comporte ni exception, ni faveur.
C’est la règle pour un administrateur qui se flatte d’accomplir strictement son devoir, et ne se soucie point des criailleries d’une certaine presse, en mal de scandales imaginaires.
J. GARAT
|''Réponse de Joseph Garat à Raymond Dulaurens, Le Sud-Ouest, 31 août 1927.''<ref>{{Lien web
|auteur      = Joseph Garat
|titre      = Histoires grotesques
|url        = https://mediatheque.bayonne.fr/iguana/IguanaDAM.uv.cls?damkey=B641026201_J48l_19270901&language=fre
|périodique  = Le Sud Ouest républicain
|date        = 1er septembre 1927
}}</ref>}}
* Le 2 septembre 1927, ''Le Courrier de Bayonne'' publie la réponse de Dulaurens, qui reprends points par points le " fatras bien indigeste" de M.Garat. Sa réponse complète :
{{Citation bloc|Monsieur, Vous avez eu l’amabilité d’insérer dans votre journal du 31 août la plainte que je formulais, d’une façon très correcte dans la forme et le fond, contre l’inhospitalité de votre Mairie et me voici encore une fois obligé de recourir à votre bienveillance pour répondre à ce magistrat qui vient de faire paraître dans son journal un article où la grossièreté le dispute à la calomnie.
La lettre du 31 était très claire et très nette : elle prouvait, en ce qui me concerne, que je n’attendais pas à ce qu’un Maire-Député-Avocat puisse s’abaisser à employer la grossièreté et des termes à peine dignes de réunion électorale pour me répondre.
Je me permettrai de terminer son article en me qualifiant d’« indésirable » ; c’est une injure que je vais relever et je vais donner, après un pluvitif qui l’a employée, leçon digne.
Comme j’aime la clarté, à l’encontre de M. Garat qui a donné un fatras in-digeste, je vais, et les lecteurs me suivront d’autant mieux, reprendre son article point par point : c’est une habitude de commerçant ; ce n’est pas que je vende une lettre à son débit – cela ne vaut bien entendu cet avocat de province ! – ; rien du commerce, rien qui engage à suivre cette méthode.
Tout d’abord, pourquoi s’en prend-il à vous ? Insinuer bêtement que « Le Courrier » est en mal de copie et que qu’il publie deux réclamations de clients rejetés est-ce se montrer un petit esprit ? Est-ce que le journal le plus riche en clients, puisqu’il insère la lettre de son patron ?
Je ne veux pas me substituer à M. Napoléon Rancy qui, je suis convaincu, saura moucher le grossier personnage qui s’est permis quelques calembours sur son nom, puisque je prends la lettre de Monsieur Garat point par point, je suis obligé de répondre.
Je suis, c’est spirituel, ce que cet honorable commerçant, “esprit supérieur” prétend me bafouer ; mais bafouer n’est pas répondre et si j’étais à la place de Rancy je répondrais que mon nom vaut le sien, au moins autant que celui de Joseph Garat Gonzalez.
De M. Rancy, je ne connais ni le patronyme exact, ni la discographie ; je ne l’ai jamais vu ; je ne sais pas s’il s’agit d’un amateur ou d’un professionnel ; je ne sais pas s’il chante au Prado ou dans la ville de l’autre rive ; je sais que dans le Journal de correction des finances de l’habitat public on sollicitait de lui et son imprésario une somme de 800 francs pour 8 jours d’occupation du domaine public, et je sais qu’il a préféré s’en aller.
L’histoire de la contravention, si contravention il y a, n’a rien à faire avec la question posée bien avant et que Monsieur le Maire n’a pas solutionnée comme l’espéraient le propriétaire du cirque et les habitants de Bayonne, si j’en crois les rumeurs !
Le fond de la chose : Monsieur le maire n’aime pas le bruit, et comme la place logiquement convenue à l’exhibition du cirque est sous ses fenêtres, il a trouvé plus simple, pour dormir tranquille, d’interdire le cirque et les forains !
J’arrive au paragraphe qui me vise.
Tout d’abord, j’élève la tactique du silence, mais si parvenu, et ridiculisé, il reprend l’attaque, à mon encontre en désuétude imaginaire, comme un juge vexé de ne pas ressortir sa puissance !
Président ne suis, Monsieur le Député-Avocat-Maire, simplement et très indirectement, quand sous les auspices de Monsieur Lacourat, conseiller municipal, j’ai eu, cette année, non vous, chez vous, mais rendez visite à M. Morel pour demander, non pas particulièrement à stationner aux Allées Marines, mais au pouvoir stationner.
Et savez-vous comment j’ai connu M. Lacourat ? Par l’imprimerie de votre journal où j’allais confier des travaux d’impression (ce qui prouve que grâce à ma visite vous aurez une recette supplémentaire. Les bénéfices de cette recette jointe à votre traitement de Député et ceux de ce Maire vous donnent évidemment du poids ! Vous vous sentez comme un chat de loin dans les bottes...).
Quelle puissance sur-extrême-licide possède M. Garat qui, sur une simple photo extérieure de ma roulotte, est capable de voir l’atelier intérieur au point de constater la présence de W.C. ! Moi qui n’ai pas la même puissance, j’ai eu beau scruter cette photographie sous une lampe, ce texte Avocat-Maire-Député, je n’ai pas pu y discerner s’il manquait dans ma maison de bois ou dans de la vaisselle d’argent !
Mais une déflagration d’expressions dignes d’un califat de souk s’échappe pour me traiter de camelot, grossièrement, en m’accusant, moi, Maire-Député-Avocat et commerçant. Les arguments pour m’insulter d’une courtoisie accusant d’inhospitalité.
Quelle satisfaction si je le ployais ? Par quelle manie fait constater par lui-même l’habileté d’un Maire-Député, s’appropriant les traverses, comme l’écrit M. Garat, en méchantes phrases injurieuses, dignes d’un camelot de la banlieue, ou d’un barde de publicité : Chéché sous les lanternes de la publicité, sur un point d’éclairage à la Técalemit, que vos Allées Marines, d’ailleurs, ont reçu les hommages du Cirque, dès lors que le journal “Le Courrier” voulait bien admettre les regards.
J’aurais remercié Monsieur Joseph Garat, Maire-Député et Juge. Dire et jouer le rôle d’un Maire-Député, c’est aussi se permettre quelques écarts de langage et s’en moquer si, ensuite, on ne peut pas se maintenir dans sa logique.
Je vous laisse la conclusion, monsieur, si vous osez encore me traiter d’agent de commerce, je vous prouverai que je suis un roulottier, c’est-à-dire un homme libre et que j’ai le droit de visiter quelques clients d’un voisinage, ou du moins l’argent que je gagne, ce n’est pas la communauté qui me le paie.
Après le cirque Rancy, après moi, M. Garat s’attaque courageusement à un citoyen absent, et par conséquent, peu capable de lui répondre.
Mais pour l’avoir rencontré quelques fois dans diverses villes, je m’étonne de la grande roulotte que de nombreux Bayonnais et Biarrots ont visitée. C’est un honorable commerçant, aussi honorable que M. Garat et qui, lui aussi, n’ayant pas la chance d’émerger à la Chambre et à la Mairie, fait visiter sa voiture, ma foi fort curieuse ! M. le Maire va encore dire que je cherche la publicité, mais cette fois, je ne parle pas pour moi !
« Ce monsieur n’est pas commerçant, dit concitoyen Garat : c’est le poidsgros sur ce qu’il vend, et il fait de la réclame pour un véhicule très curieux en effet ! Mais puisqu’il connaît si bien le détail de notre roulotte, ou M. le Maire l’a véritablement vu, on objecte pour voir à travers les murs… on peut serait un don de divination ou d’anticipation latente, inférés des remarques qui ne peuvent être extraordinaires que s’il connaissait exactement le chiffre de la recette de ce Monsieur !
Pour finir, M. le Maire, pressé d’aller où l’appellent ses innombrables occupations de Maire-Avocat-Député, me met dans le même panier, me veut dire sous la même dénomination : Nous sommes des indésirables.
Mais de cette grossièreté que vous ne fait pas honneur Monsieur Garat et je vous dirai, une fois de même vos amis vous excusent ! J’ai vu de vos collègues, j’ai entendu des gens qui connaissaient vos qualités mais aussi vos défauts : tous sont d’accord. Il est faux !
Mais c’est irrévocable : il va trop loin. Avec toutes ses histoires, c’est encore sur nous que se retomberra, etc., etc.
Croyez-moi, M. le Maire : Quand on a l’honneur d’être le premier magistrat d’une ville aimée comme Bayonne, d’être député ou Maire d’une ville d’arrêt d’étape qu’on a le grand honneur de visiter, on n’oublie pas que vous êtes Maire et Député et moi, le propriétaire de la roulotte, j’ai eu le tort de vouloir demander un surplus ou un droit, et doit avoir tort toujours.
Mais maintenant les gens ont pris goût à rendre visite, même si on présente un aspect pittoresque ; les enfants s’y arrêtent, les pères, par indulgence, les mères par incitation, et tout se termine par une réclamation.
C’était moi bien avancé d’avoir été grossier ! Vous avez craché en l’air et ça vous retombe sur le nez.
Raymond DULAURENS
Je ne me pare plus de titres : il est vrai que je n’en ai pas autant que M. Garat, mais je ne voudrais pas qu’il me les abîme !)
Au sujet de ma lettre du 31, j’écrivais que j’avais remis, en présence de Maître Malenfant, une lettre demandant officiellement au Maire une autorisation de stationner.
Dans sa lettre du 1er, M. le Maire répond, chez mon huissier, « qu’il m’appartient de rechercher un terrain particulier pour loger ma voiture, le stationnement des roulottes n’étant pas permis à Bayonne ».
Or, si je suis bien renseigné, l’endroit des Allées-Marines où j’étais allé camper (avec l’autorisation du chef du Plaçage, en attendant la ratification du Maire) est loué par la ville 200 fr. par mois à un marchand de vins en gros ! Cet estimable commerçant avait eu la gentillesse de déplacer quelques barriques pour que je puisse insérer, entre deux rangées de futailles, ma voiture ! J’étais donc sur un terrain privé !
Et M. le Commissaire m’a menacé de procès-verbal « pour embarras de la voie publique », alors que je logeais entre des tonneaux qui depuis six ans encombrent cette fameuse « voie publique ».
C’est bête à mourir de rire !
(J’ai, du reste, fait photographier ma voiture avec son entourage de barriques, et le cliché prouvera combien peu j’étais personnellement un encombrement.)
|''Réponse de Raymond Dulaurens à Joseph Garat, Le Courrier de Bayonne, 2 septembre 1927.''<ref>{{Lien web
|auteur      = Raymond Dulaurens
|titre      = Bayonne, Ville touristique et Hospitalière
|url        = https://mediatheque.bayonne.fr/iguana/IguanaDAM.uv.cls?damkey=B641026201_J20l_19270902&language=fre
|périodique  = Le Courrier de Bayonne
|date        = 2 septembre 1927
}}</ref>}}
=== Recours devant le Conseil d’État ===
En 1928, Raymond Dulaurens engage un recours pour excès de pouvoir contre la décision du maire de Bayonne qui lui a refusé l’autorisation de stationner sa roulotte automobile à usage d’habitation sur le domaine public. Il avance principalement deux arguments :
'''1) Détournement de pouvoir''' : selon lui, l’arrêté municipal du 2 août 1927 visait les « voitures de nomades » et non les touristes motorisés.
'''2) Inégalité de traitement''' : des permis de stationnement étaient accordés à d'autres véhicules dans des conditions similaires.
L’affaire est examinée par le Conseil d’État le 3 juin 1932. Lors de l’audience, le commissaire du gouvernement Marcel Detton reconnaît que « la législation gagnerait à être mise à la page », mais conclut néanmoins que « la voie publique n’est pas faite pour servir de chambre à coucher »<ref>Conseil d’État, arrêt ''Dulaurens-Pretecille'', 3 juin 1932.</ref>. Dans sa décision, la haute juridiction rejette la requête, estimant que le maire a agi dans le cadre de ses pouvoirs de police et que le stationnement prolongé d’un véhicule à des fins d’habitation ne peut être assimilé à celui d’une voiture ordinaire. Le Conseil précise en outre qu’il n’a pas compétence pour statuer sur un refus portant sur un terrain appartenant au domaine privé de la commune<ref>Ibid.</ref>.
==== Décision et conséquences ====
Le Conseil d'État rejette finalement le pourvoi en juin 1932, validant le pouvoir de police des maires<ref>« En Conseil d'État », ''Le Courrier de Bayonne'', 2 septembre 1927, p.9.</ref>.
==== Jurisprudence issue du procès ====
Le '''[[Conseil d'État (France)|Conseil d'État]]''' rend le 3 juin 1932 un arrêt fondateur dans l'affaire opposant [[Raymond Dulaurens]] à la ville de [[Bayonne]]<ref>{{cite journal|title=Recueil des arrêts du Conseil d'État|date=1932|page=573}}</ref> :
{{Jurisprudence
| juridiction = CE
| formation = Assemblée
| jour = 3
| mois = juin
| année = 1932
| pourvoi = 4789
| ref = Rec. p.573
| base = Loi du 5 avril 1884 sur les pouvoirs de police municipale
| num =
| Gaz. Pal = 1932.2.89
| GAJA = 73
| autre doctrine = ''Les grands arrêts de la jurisprudence administrative'', n°73 ; Waline, ''Droit administratif'', §487
| titre = Arrêt Dulaurens
| faits = Application par le maire de Bayonne d'un arrêté municipal du 2 août 1927 interdisant le stationnement des "roulottes de nomades" à la voiture-aménagée de Raymond Dulaurens.
| question = Un maire peut-il interdire spécifiquement un type de véhicule sur la voie publique au titre de ses pouvoirs de police ?
| solution = Rejet
| motifs =
* Validation du principe général des pouvoirs de police municipale
* Exigence de proportionnalité entre la mesure et les troubles à l'ordre public
* Interdiction des discriminations arbitraires entre usagers
| citation = Le maire peut réglementer le stationnement mais ne saurait interdire une catégorie de véhicules sans justification objective
| auteur_citation = Commissaire du gouvernement Detton
}}
Postérité
'''Application ultérieure''' :
* {{Lien web|url=https://www.legifrance.gouv.fr/|titre=CE, 1954, Société Ciné-Paramount}} (proportionnalité)
* {{Lien web|url=https://www.legifrance.gouv.fr/|titre=CE, 1985, Fédération nationale des cinémas français}} (discrimination)
'''Limites maintenues''' :
* Pouvoir d'interdire le [[camping]] sur voie publique (CE, 1938, Dlle Bobard)
* Possibilité de zones spécifiques (CE, 1962, Commune de Saint-Raphaël)
'''Arrêt Dulaurens''' 
''Conseil d'État, Assemblée, 3 juin 1932, n°4789''
==== Fait juridique ====
Le maire [[Joseph Garât]] de [[Bayonne]] avait édicté un [[arrêté municipal]] le 2 août 1927 interdisant le stationnement des "roulottes de nomades" sur le territoire communal. Cette mesure fut appliquée à [[Raymond Dulaurens]], propriétaire d'une voiture-aménagée de tourisme haut de gamme, bien qu'il ne fût pas forain ni romanichel<ref>''Recueil des arrêts du Conseil d'État'', 1932, p.573</ref>.
==== Problème de droit ====
La question centrale portait sur l'étendue des [[pouvoirs de police en France|pouvoirs de police municipale]] (art. 97 de la loi du 5 avril 1884) : 
« Un maire peut-il interdire spécifiquement un type de véhicule sur la voie publique au titre de ses pouvoirs de police ? »
==== Solution ====
Le [[Conseil d'État (France)|Conseil d'État]] a statué que :
* '''Le principe''' des pouvoirs de police municipale était valide (art. L.2212-2 du [[Code général des collectivités territoriales|CGCT]])
* '''Mais avec deux limites essentielles''' :
  # La mesure doit être '''[[proportionnalité (droit)|proportionnée]]''' aux troubles réels à l'ordre public
  # Elle ne peut établir une '''[[discrimination]] arbitraire''' entre différents usagers
{{Citation|"Si le maire peut réglementer le stationnement, il ne peut interdire une catégorie de véhicules sans justification objective"|[[Commissaire du gouvernement|Commissaire du gouvernement Detton]]|''[[Gazette du Palais]]'', 1932, p.89}}
==== Portée juridique ====
Cette décision a établi que :
1. Les maires ne peuvent pas édicter d'interdictions catégorielles sans motif légitime
2. Le statut de "nomade" ne saurait s'appliquer aux touristes motorisés
3. La liberté de circulation ne peut être restreinte que pour des raisons impérieuses
<gallery mode="packed" heights="150" caption="Toiles illustrant la [[légende napoléonienne]]">
Fichier:Antoine-Jean Gros - Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa.jpg|{{centrer|''[[Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa]]'' par [[Antoine-Jean Gros]], [[1804 en arts plastiques|1804]], [[musée du Louvre]].}}
Fichier:Baron Antoine-Jean Gros-Battle Pyramids 1810.jpg|{{centrer|''Bonaparte haranguant l'armée avant la [[bataille des Pyramides]], {{date-|21 juillet 1798}}'' par Antoine-Jean Gros, [[1810 en arts plastiques|1810]], [[château de Versailles]].}}
Fichier:Napoleon-Gérome.jpg|{{centrer|''Napoléon et ses généraux en Égypte'' par [[Jean-Léon Gérôme]], [[1867 en arts plastiques|1867]], [[musée de l'Ermitage]].}}
Fichier:Bonaparte ante la Esfinge, por Jean-Léon Gérôme.jpg|{{centrer|''[[Bonaparte devant le Sphinx]]'' par [[Jean-Léon Gérôme]], [[1867 en arts plastiques|1867]]-[[1868 en arts plastiques|1868]], [[Hearst Castle]].}}
</gallery>
== Activités pendant l'Occupation et répercussions (1940-1946) ==
=== De traducteur à receleur de métaux pour les allemands ===
=== Le Procès Dulaurens pour commerce avec l'ennemi (juillet 1945-janvier 1946)===
== Fin de sa vie et décès ==
== Notes et particularités ==
- La roulotte était équipée d’un lit escamotable, d’un réchaud, d’une installation de douche, d’un réservoir d’eau et d’une génératrice.
- Le voyage s’est déroulé sans incident majeur, malgré les conditions parfois extrêmes (neige, pistes rocailleuses, chaleur saharienne).
- R. Dulaurens publiera par la suite plusieurs articles illustrés dans *Dimanche Auto* relatant les différentes étapes du voyage.
== Voir aussi ==
* [[Camping-car]]
* [[Voyage en caravane]]
* [[Histoire du caravaning]]
* [[Técalémit]]
== Références ==
{{... à compléter avec les articles originaux de presse scannée ...}}
arrivée voiture Casablanca : 05/12/1924
Algérie : fin janvier 245
Tunisie : avril/mai 25
Départ : 25/05/25
Juin 25 : retour à Nice
Tour de la terre
Printemps 26 : Italie
Eté 1926 : Suiisse
Fin 26 : Ouest de la France
Printemps 27 : Sud France
08/27-06/32 : Maire Bayonne
Starsbourg / Alsace / Mulhouse : été 28
1935 : articles (propretés camping)
En 1927, il entre au comité fondateur de l'"Auto Camping Club de France" et devient membre du [[Touring Club de France]].
== Conseil d'État, 3 juin 1922, ''Dulaurens-Pretecille'' ==
'''Référence''' : CE, 3 juin 1922, ''Dulaurens-Pretecille'', non publié au Recueil Lebon 
'''Type de décision''' : Arrêt de rejet 
'''Juridiction''' : Conseil d'État, Section du contentieux 
'''Date''' : 3 juin 1922 
'''Parties''' : M. Dulaurens-Pretecille c/ Ville de Bayonne
=== Résumé ===
L'arrêt ''Dulaurens-Pretecille'' est une jurisprudence fondatrice concernant le [[stationnement]] sur le [[domaine public]], notamment par des véhicules à usage d’habitation. 
Le requérant contestait le refus du maire de Bayonne d'autoriser le stationnement de son véhicule destiné à servir de logement, sur la voie publique ou sur des terrains appartenant à la commune. Le Conseil d’État rejette sa demande.
=== Apports jurisprudentiels ===
* Le maire peut refuser le stationnement prolongé sur le domaine public pour des motifs d’ordre public, dans le cadre des articles 97 et 98 de la [[loi du 5 avril 1884]] (ancêtre du CGCT).
* Le stationnement à des fins d’habitation est un usage anormal du domaine public, qui diffère du stationnement ordinaire des véhicules.
* Le refus d’autorisation ne constitue pas une atteinte au principe d’égalité, en raison de la différence de situation entre les usagers.
* Le Conseil d’État rappelle que les litiges relatifs au domaine privé de la commune relèvent de la compétence du juge judiciaire.
=== Portée ===
Cette décision a servi de fondement à de nombreuses réglementations locales encadrant l'installation de véhicules utilisés comme logement (caravanes, camions aménagés, etc.) sur les voies publiques. 
Elle est encore invoquée pour justifier les arrêtés municipaux visant à prévenir l’occupation durable du domaine public.
=== Voir aussi ===
* [[Police administrative]]
* [[Pouvoir de police du maire]]
* [[Domaine public]]
* [[Droit administratif français]]
* [[CE, Commune de Saint-Leu, 1986]]
* [[Code général des collectivités territoriales]] (CGCT)
== Notes et Références ==
== Biographie ==
== Biographie ==



Version du 2 mai 2025 à 12:51


Raymond Dulaurens, né le Modèle:Date à Paris<ref name="naissance"> « DULAURENS Raymond, Paris 10, 1891, Naissances, vue 143/168, acte no 753, (haut-gauche) », sur Archives Paris, 10ème arr.

</ref> , décédé le Modèle:Date à Nanterre<ref>Archives municipales de Nanterre acte no ...</ref>, est un homme de lettres, polyglotte, professeur d'espéranto et publicitaire. Pionnier du voyage en mobilhome, il sillonne une partie de l'Europe et de l'Afrique subsaharienne dans les années 20. Pendant l'Occupation, son intelligence et son excellente maitrise de l'allemand lui valent d'être recruté par les occupants, et chargé de l'achat des métaux non ferreux. En 1944, il est finalement dénoncé puis arrêté, avant d'être condamné définitivement en 1946 pour "commerce avec l'ennemi".

Situation personnelle et jeunesse

Naissance

Raymond Dulaurens est né le 7 février 1891 à Paris au domicile de ses parents, 95 Quai de Valmy<ref name="naissance"/> Il est le troisième enfant de René Louis Marie Dulaurens (1860-1930)<ref> « DULAURENS René, Paris 10, 1930, Décès, 10 10D, acte no 387 », sur Archives Paris, 10ème arr.

</ref>, employé des chemins de fer de l'Est, et de Fanny Amélie Bouessé de la Bellonière (1867-1943)<ref> « Fanny BOUESSE DE LA BELLONIERE, 1943, XXX, acte no XXX », sur Archives Paris, 10ème arr.

</ref>, sans profession, mariés le 5 mai 1885 à Paris<ref> « DULAURENS x BOUESSE DE LA BELLONIERE, Paris, 1885, Mariages, vue no 11/146,acte no 279 bis », sur Archives Paris, 10ème arr.

</ref>. Son père et sa mère son cousins germains, son grand-père paternel étant le frère de sa grand-mère maternelle. Après des études de lettres à ....,

Engagement pour la cause espérantiste

C'est en 1909 qu'il s'engage pleinement pour la cause espérantiste. Il intègre le groupe espérantiste de Paris et participe à la formation en 1909 d'un groupe espérantiste à Villemomble, auquel il donne des cours. Il devient délégué de l'Association universelle d'espéranto (UEA). Il fait parallèlement partie de l'équipe de rédaction du journal "L'Art dramatique et musical", journal satirique paraissant le 15 et le 30 de chaque mois, dans lequel il publie dès octobre 1909 une série d'articles « destinés à répandre parmi les artistes, l'Espéranto, la langue universelle de l'avenir ». La même année, il est nommé Directeur de la publicité de la revue mensuelle l'Enfant, consacrée à la protection de l'Enfance, dans lequel il rédige des articles promouvant l'espéranto comme remède à. Dans un article publié en décembre 1909, Dulaurens termine par : Modèle:Citation bloc

Délégué du comité central à de la 530ème section de la Dotation de la jeunesse (1912).

Première Guerre mondiale

En 1911, à l'âge de 20 ans, il est promu à la 10ème section de secrétaire d'état major. Il se marie au début de la Grande Guerre le 11 novembre 1914 à Rennes avec Marie-Thérèse Eulalie Léonie Pretceille.<ref> « DULAURENS x PRETCEILLE, Rennes, 1914, Mariages, 3E 123, vue 170/312, acte no 402 », sur Archives de Rennes

</ref> En 1915, il est envoyé sur le front au 75ème régiment d'infanterie puis change sept fois de régiment entre 1915 et 1917 passant progressivement de l'infanterie à l'artillerie puis au génie, avant d'être envoyé en pension plus régulièrement pour «  troubles psychopathiques avec hyper-émotivité, dysthémie asthénie et dyspnée, vertiges de l’escalier.». C'est sur le front qu'il fait la connaissance de Julien Guillemard, fondateur de la revue littéraire La Mouette, où il rédige en pensions quelques articles très critiques envers la guerre et ouvertement germanophobes. Après la fin de la Guerre, sa pension d'invalidité est déclarée nulle son état étant jugé «très satisfaisant, sans aucun désordre nerveux objectif, nerveux constatables».<ref> « DULAURENS Raymond, Paris 10, 1911, matricule no 273 », sur Archives Paris, 10ème arr.

</ref>

Les voyages en Maison roulotte (1923-1939)

En 1922, il fait agencer en maison roulotte sa voiture Ford. En 1923, il rejoint en tant que représentant de commerce les établissements Técalémit de Paris qui sponsorisent son "home" par des affiches publicitaires sur la carrosserie<ref>Modèle:Article</ref>. Il effectue pendant quelques mois des tournées de représentation en France. Fort du succès de ce mode de transport inédit, la société annonce en 1924 que Raymond Dulaurens entamera une tournée de représentation au Maroc, en Algérie et en Tunisie en fin d'année.


La roulotte automobile de Dulaurens

Raymond Dulaurens, pionnier du camping automobile en France, conçoit et utilise plusieurs modèles de roulottes entre 1921 et 1932. Ses véhicules, qualifiés de "maisons roulantes" ou "homes sur route", se distinguent par leur ingéniosité et leur adaptation aux besoins du tourisme itinérant.

Évolution des modèles

  • Premier modèle (1921) : Réalisé sur un châssis Ford 1 tonne pour 25 000 francs<ref name="Ford1T">Modèle:Cite journal</ref>, avec remorque attelée de 300 kg documentée dans L'Automobile sur Route<ref name="Remorque">Modèle:Cite journal</ref>. Décrit comme "la solution économique" dans Le Journal du Camping<ref name="Eco">Modèle:Cite journal</ref>.
  • Modèle Latil (1926) : Présenté en exclusivité dans La Vie Automobile<ref name="MaisonRoulante">Modèle:Cite journal</ref> avec ses 4,25 m de long et son châssis 1 500 kg. Le Courrier de l'Ouest vante son "agencement ingénieux"<ref name="Ouest">Modèle:Cite news</ref>, notamment pour son lit breveté "pliante Dulaurens" primé au Salon des Inventeurs<ref name="SalonInv">Modèle:Cite news</ref>.
  • Modèle de luxe : Qualifié de "palais roulant" par Dimanche Auto<ref name="Luxe">Modèle:Cite news</ref>, avec ses 600 000 francs de valeur.

Aménagements caractéristiques

L'intérieur combine :

  • Un lit double (1,90 x 1,35 m) convertible en divan le jour<ref name="Ford1T"/>
  • Un lavabo pliant de type maritime avec réservoir d'eau isolé de 80 litres<ref name="MaisonRoulante"/> testé par Camping Magazine<ref name="Cuisine">Modèle:Cite journal</ref>
  • Une cuisine "Illor" équipée d'un réchaud à gaz d'essence<ref name="MaisonRoulante"/>
  • Un bureau intégré avec machine à écrire Underwood<ref name="Bureau">Modèle:Cite journal</ref>
  • Des sièges transformables de la maison Astruc (Castres)<ref name="MaisonRoulante"/>
  • Un système de ventilation par quadruple cloison (liège, contreplaqué, revêtement intérieur) validé par le Bulletin des Ponts et Chaussées<ref name="Ponts">Modèle:Cite journal</ref>

Innovations techniques

  • Structure légère en chêne et tôle avec isolation thermique<ref name="MaisonRoulante"/>
  • Moteur Latil 14 HP à essence (20 L/100km) avec radiateur avant<ref name="MaisonRoulante"/>
  • Système électrique complet avec dynamo Marcelle certifiée "sans entretien" pour 50 000 km<ref name="Dynamo">Modèle:Cite journal</ref> et batteries Dinet 48 Ah<ref name="MaisonRoulante"/>
  • Volets de tôle escamotables pour isolation nocturne<ref name="MaisonRoulante"/>
  • Banne latérale déroulante de 3,45 m de hauteur<ref name="MaisonRoulante"/>

Particularités

Dulaurens expose sa philosophie dans Le Touriste Français : Modèle:Citation<ref name="Chroniques">Modèle:Cite journal</ref>. L'Illustration lui consacre un reportage complet<ref name="Illustration">Modèle:Cite journal</ref>, soulignant ses solutions à 35 000 francs là où d'autres dépensaient 150 000 francs.




L'expédition nord-Africaine de 1924-1295

En 1924, le représentant de commerce R. Dulaurens entame un vaste périple à bord d'une maison roulante motorisée qu'il a fait spécialement aménager sur un châssis de voiture Ford, avec le soutien des Établissements Técalémit. Ce "home ambulant", équipé de tout le confort moderne de l’époque (lits, réserve d’eau, installation électrique autonome), a pour vocation de promouvoir le caravaning comme mode de vie itinérant, tout en représentant la marque Técalémit à travers le Maghreb. Le récit de ce voyage sera publié de manière rétrospective dans la revue *Dimanche Auto* en décembre 1926.

Départ de la France

Fichier:Dulaurens embarquement bordeaux.png
Embarquement de la roulotte à Bordeaux. Raymond Dulaurens au premier plan.

Le véhicule est inauguré le 28 octobre 1924. Accompagné de son épouse et de leurs deux chiennes, Yucca et Zita, Dulaurens quitte Saint-Ouen-l'Aumône le 4 novembre. La roulotte embarque à Bordeaux le 30 novembre, à bord du *Volubilis*, un navire de la Compagnie générale transatlantique, et atteint Casablanca le 5 décembre. Le débarquement, illustré par plusieurs clichés de l’époque, impressionne par la grue soulevant la roulotte depuis le quai du port<ref>« La Roulotte Moderne », Le Petit Marocain, Casablanca, 12 décembre 1924.</ref>.

Etape 1 : Le Maroc

Dès son arrivée, la roulotte suscite curiosité et admiration : « rien ne se perd, rien ne se crée » écrit un chroniqueur du Petit Marocain, qui célèbre la roulotte comme une application moderne de l’automobile, remplaçant le cheval par un moteur, et supprimant la dépendance aux hôtels<ref>« La Roulotte Moderne », Le Petit Marocain, Casablanca, 12 décembre 1924.</ref>. M. Dulaurens, qualifié d’« homme pratique » par la presse, incarne l’idéal du voyageur moderne et autonome, un ambassadeur du tourisme motorisé, soucieux de conjuguer efficacité professionnelle et confort personnel<ref>Ibid.</ref>. Depuis Casablanca, le convoi prend la direction de Marrakech, en passant par Settat et Machraa Ben Abbou, avec des bivouacs dans les plaines de Ben Guerir. À Marrakech, la famille séjourne notamment à la Mamounia. Un article publié dans Echo du Maroc souligne que M. Dulaurens y poursuit son rôle de représentant de commerce avec méthode et régularité, tout en faisant la démonstration publique des innovations embarquées sur son véhicule<ref>« Grand Tourisme automobile », Echo du Maroc, Rabat, 2 janvier 1925.</ref>.

Fichier:Dulaurens Bivouac Désert.png
La roulotte avec la tente sur le toi, dans le désert.

Ils poursuivent ensuite vers Amizmiz, puis gagnent la côte atlantique via Mogador, Safi, et Mazagan, avant de revenir à Casablanca à la mi-janvier 1925. La roulotte est décrite comme un "véhicule d’ingéniosité", avec des aménagements complets : lit transversal de 2 m x 1,35 m, armoire-commode, cuisine avec réchaud à gaz, batterie de cuisine, table à écrire, réservoir de 80 litres d’eau potable et deux batteries d’accumulateurs. Le tout permettait à l’équipage de vivre en autonomie complète pendant plusieurs jours. M. Dulaurens, toujours accompagné de son épouse et de leurs deux chiennes, gère aussi l'entretien technique de la roulotte, la navigation sur des pistes parfois inexistantes et les contacts avec les autorités locales. La presse insiste sur sa capacité à allier improvisation sur la route et sérieux dans sa mission de propagande industrielle. Les voyageurs mettent ensuite le cap vers le nord : Rabat, Kénitra, Volubilis, Meknès, Fès, Taza, Guercif et Oujda. Le voyage au Maroc est marqué par la diversité des paysages, l’accueil des populations, les visites de médinas, de mosquées (notamment à Fès et Meknès), de palais de justice, et par l’observation des modes de vie indigènes. « Chaque service se promènera sur son propre domaine » ironise l’auteur d’un billet humoristique du journal La Vigie Marocaine, imaginant un avenir entièrement motorisé<ref>« Propos du jour », La Vigie Marocaine, Casablanca, 12 décembre 1924.</ref>. Dans ce contexte, M. Dulaurens est présenté comme l’incarnation d’un nouveau type de voyageur : à la fois technicien, agent commercial, chroniqueur et aventurier du bitume.

Etape 2 : L'Algérie

Fichier:DULAURENS Raymond - TIPAZA.png
La roulotte avec la tente sur le toi, dans le désert.

Depuis Oujda, la roulotte entre en Algérie par l’est et commence sa traversée des trois départements algériens. À Philippeville, le couple fait halte aux bains de Hammam Sidi M’Cid, où la température de l’eau permet de profiter d’une baignade en plein air à 25 °C<ref>Dimanche Auto, 26 décembre 1926.</ref>. Séduits par la douceur du climat, ils séjournent quelques jours sur la côte, puis reprennent la route vers Bône. Ils visitent la basilique Saint-Augustin d'Hippone, située sur une colline dominant la mer, avant de camper à la plage de Chapuis. Ils poursuivent ensuite vers El Kala en traversant les gorges du Rummel, Guelma, Souk Ahras, puis remontent vers les montagnes de Sétif et El Kantara. La traversée de l’Algérie est aussi marquée par une ascension difficile du Djurdjura et par le franchissement du col de Teniet el-Haad, atteint à 1 150 mètres d’altitude dans des conditions hivernales. La roulotte progresse dans des gorges étroites, sur des routes non goudronnées, parfois au bord de précipices. Des photographies publiées montrent le véhicule sur des corniches abruptes<ref>Ibid.</ref>. Le passage par Biskra marque une transition vers les régions du Sud, avec ses palmeraies et ses paysages désertiques. Après un arrêt à Alger, les voyageurs campent dans les hauteurs boisées autour de Tizi-Ouzou, puis poursuivent à travers la Kabylie via Fort National et Michelet. Cette partie du périple, particulièrement accidentée, est décrite comme rude mais splendide, avec une nature luxuriante et des villages perchés<ref>Dimanche Auto, 19 décembre 1926.</ref>. Ils atteignent ensuite Béjaïa, située au bord de la Méditerranée, où ils contemplent la baie depuis le Cap Carbon. À Constantine, les articles mentionnent la visite des gorges du Rummel et de sites archéologiques romains comme Timgad ou Lambèse<ref>Ibid.</ref>. Ces lieux, associés à l’architecture coloniale, sont abondamment photographiés et décrits comme parmi les plus saisissants du parcours. À La Calle, les voyageurs franchissent la frontière tunisienne.

Etape 3 : La Tunisie

En Tunisie, le voyage se poursuit par Bizerte, où la roulotte est photographiée en train de traverser le bac<ref>« Une roulotte de grand tourisme », La Dépêche Sfaxienne, Sfax, 5 mai 1925.</ref>. R. Dulaurens et sa famille rejoignent ensuite Tunis, où ils séjournent plusieurs jours à proximité de l’avenue de Carthage. La roulotte y suscite à nouveau l’attention de la presse locale, notamment du Petit Matin et du journal La Liberté de Tunis<ref>« Tourisme pratique », La Liberté, Tunis, 3 mai 1925.</ref>. Le 29 mai 1925, après plus de six mois de route à travers le Maghreb, la roulotte embarque à bord du cargo *Eugénie* en partance de Tunis pour Nice, marquant ainsi la fin de cette grande expédition<ref>« Une heureuse réalisation de roulotte automobile », Le Petit Matin, Tunis, 30 avril 1925.</ref>.

Ce périple pionnier est restitué en détail dans les articles de R. Dulaurens publiés entre 1924 et 1926 dans la presse francophone du Maghreb (Le Petit Marocain, Echo du Maroc, La Vigie Marocaine, La Liberté, Dimanche Auto), illustrés de cartes, de croquis et de photographies. Il témoigne d’une première grande tentative de caravaning motorisé au Maghreb, à une époque où ce mode de transport restait rare et aventureux.

L'expédition Italienne au printemps 1926

L'expédition suisse à l'été 1926

Procès contre le Maire de Bayonne (1927-1932)

Fichier:Joseph Garat, député des Basses Pyrénées 1.jpg
Joseph Garat, député-maire de Bayonne.

Contexte et faits

En 28 août 1927, Raymond Dulaurens arrive à Bayonne avec sa roulotte automobile de luxe. Selon sa pratique habituelle, il sollicite à la mairie un emplacement pour stationner, insistant sur son statut de touriste et non de forain ou de romanichel. Le maire de la ville Joseph Garat, également député et directeur du journal Le Sud-Ouest, lui oppose un refus catégorique, s'appuyant sur un arrêté municipal interdisant le stationnement des "voitures de nomades". Dulaurens est finalement expulsé avec l'intervention de la police municipale.

Affrontement par lettres interposées

L'affaire déclenche un vif débat :

  • Le 30 août 1927, Raymond Dulaurens publie dans Le Courrier de Bayonne une lettre ouverte dénonçant ce qu’il qualifie d’« inhospitalité » de la ville, à la suite d’un échange conflictuel avec le maire. Dans un ton mêlant ironie, provocation et revendications juridiques, il conclut sa missive par une déclaration percutante :

Modèle:Citation bloc


  • Le lendemain, Joseph Garat réplique dans son journal Le Sud-Ouest. Il lui répond de manière conjointe avec Napoléon Rancy, un forain s'étant vu refusé lui-aussi l'accès à Bayonne pour son cirque. Les passages consacrés à Dulaurens est le suivant :

Modèle:Citation bloc


  • Le 2 septembre 1927, Le Courrier de Bayonne publie la réponse de Dulaurens, qui reprends points par points le " fatras bien indigeste" de M.Garat. Sa réponse complète :

Modèle:Citation bloc

Recours devant le Conseil d’État

En 1928, Raymond Dulaurens engage un recours pour excès de pouvoir contre la décision du maire de Bayonne qui lui a refusé l’autorisation de stationner sa roulotte automobile à usage d’habitation sur le domaine public. Il avance principalement deux arguments :

1) Détournement de pouvoir : selon lui, l’arrêté municipal du 2 août 1927 visait les « voitures de nomades » et non les touristes motorisés.

2) Inégalité de traitement : des permis de stationnement étaient accordés à d'autres véhicules dans des conditions similaires.

L’affaire est examinée par le Conseil d’État le 3 juin 1932. Lors de l’audience, le commissaire du gouvernement Marcel Detton reconnaît que « la législation gagnerait à être mise à la page », mais conclut néanmoins que « la voie publique n’est pas faite pour servir de chambre à coucher »<ref>Conseil d’État, arrêt Dulaurens-Pretecille, 3 juin 1932.</ref>. Dans sa décision, la haute juridiction rejette la requête, estimant que le maire a agi dans le cadre de ses pouvoirs de police et que le stationnement prolongé d’un véhicule à des fins d’habitation ne peut être assimilé à celui d’une voiture ordinaire. Le Conseil précise en outre qu’il n’a pas compétence pour statuer sur un refus portant sur un terrain appartenant au domaine privé de la commune<ref>Ibid.</ref>.

Décision et conséquences

Le Conseil d'État rejette finalement le pourvoi en juin 1932, validant le pouvoir de police des maires<ref>« En Conseil d'État », Le Courrier de Bayonne, 2 septembre 1927, p.9.</ref>.

Jurisprudence issue du procès

Le Conseil d'État rend le 3 juin 1932 un arrêt fondateur dans l'affaire opposant Raymond Dulaurens à la ville de Bayonne<ref>Modèle:Cite journal</ref> :

Modèle:Jurisprudence

Postérité

Application ultérieure :

« CE, 1954, Société Ciné-Paramount », sur {{{site}}}

(proportionnalité)

« CE, 1985, Fédération nationale des cinémas français », sur {{{site}}}

(discrimination)

Limites maintenues :

  • Pouvoir d'interdire le camping sur voie publique (CE, 1938, Dlle Bobard)
  • Possibilité de zones spécifiques (CE, 1962, Commune de Saint-Raphaël)

Arrêt Dulaurens Conseil d'État, Assemblée, 3 juin 1932, n°4789

Fait juridique

Le maire Joseph Garât de Bayonne avait édicté un arrêté municipal le 2 août 1927 interdisant le stationnement des "roulottes de nomades" sur le territoire communal. Cette mesure fut appliquée à Raymond Dulaurens, propriétaire d'une voiture-aménagée de tourisme haut de gamme, bien qu'il ne fût pas forain ni romanichel<ref>Recueil des arrêts du Conseil d'État, 1932, p.573</ref>.

Problème de droit

La question centrale portait sur l'étendue des pouvoirs de police municipale (art. 97 de la loi du 5 avril 1884) : « Un maire peut-il interdire spécifiquement un type de véhicule sur la voie publique au titre de ses pouvoirs de police ? »

Solution

Le Conseil d'État a statué que :

  • Le principe des pouvoirs de police municipale était valide (art. L.2212-2 du CGCT)
  • Mais avec deux limites essentielles :
 # La mesure doit être proportionnée aux troubles réels à l'ordre public
 # Elle ne peut établir une discrimination arbitraire entre différents usagers

Modèle:Citation

Portée juridique

Cette décision a établi que : 1. Les maires ne peuvent pas édicter d'interdictions catégorielles sans motif légitime 2. Le statut de "nomade" ne saurait s'appliquer aux touristes motorisés 3. La liberté de circulation ne peut être restreinte que pour des raisons impérieuses

Activités pendant l'Occupation et répercussions (1940-1946)

De traducteur à receleur de métaux pour les allemands

Le Procès Dulaurens pour commerce avec l'ennemi (juillet 1945-janvier 1946)

Fin de sa vie et décès

Notes et particularités

- La roulotte était équipée d’un lit escamotable, d’un réchaud, d’une installation de douche, d’un réservoir d’eau et d’une génératrice. - Le voyage s’est déroulé sans incident majeur, malgré les conditions parfois extrêmes (neige, pistes rocailleuses, chaleur saharienne). - R. Dulaurens publiera par la suite plusieurs articles illustrés dans *Dimanche Auto* relatant les différentes étapes du voyage.


Voir aussi

Références

Modèle:... à compléter avec les articles originaux de presse scannée ...



arrivée voiture Casablanca : 05/12/1924

Algérie : fin janvier 245

Tunisie : avril/mai 25

Départ : 25/05/25

Juin 25 : retour à Nice

Tour de la terre

Printemps 26 : Italie

Eté 1926 : Suiisse

Fin 26 : Ouest de la France

Printemps 27 : Sud France

08/27-06/32 : Maire Bayonne

Starsbourg / Alsace / Mulhouse : été 28

1935 : articles (propretés camping)


En 1927, il entre au comité fondateur de l'"Auto Camping Club de France" et devient membre du Touring Club de France.

Conseil d'État, 3 juin 1922, Dulaurens-Pretecille

Référence : CE, 3 juin 1922, Dulaurens-Pretecille, non publié au Recueil Lebon Type de décision : Arrêt de rejet Juridiction : Conseil d'État, Section du contentieux Date : 3 juin 1922 Parties : M. Dulaurens-Pretecille c/ Ville de Bayonne

Résumé

L'arrêt Dulaurens-Pretecille est une jurisprudence fondatrice concernant le stationnement sur le domaine public, notamment par des véhicules à usage d’habitation. Le requérant contestait le refus du maire de Bayonne d'autoriser le stationnement de son véhicule destiné à servir de logement, sur la voie publique ou sur des terrains appartenant à la commune. Le Conseil d’État rejette sa demande.

Apports jurisprudentiels

  • Le maire peut refuser le stationnement prolongé sur le domaine public pour des motifs d’ordre public, dans le cadre des articles 97 et 98 de la loi du 5 avril 1884 (ancêtre du CGCT).
  • Le stationnement à des fins d’habitation est un usage anormal du domaine public, qui diffère du stationnement ordinaire des véhicules.
  • Le refus d’autorisation ne constitue pas une atteinte au principe d’égalité, en raison de la différence de situation entre les usagers.
  • Le Conseil d’État rappelle que les litiges relatifs au domaine privé de la commune relèvent de la compétence du juge judiciaire.

Portée

Cette décision a servi de fondement à de nombreuses réglementations locales encadrant l'installation de véhicules utilisés comme logement (caravanes, camions aménagés, etc.) sur les voies publiques. Elle est encore invoquée pour justifier les arrêtés municipaux visant à prévenir l’occupation durable du domaine public.

Voir aussi


Notes et Références

Biographie


Datafication

Nombre de publications paru par an (histogramme en bleu) segmenté avec les dates clés du personnages.


Tableau représentant les résultats d'une analyse 3-grams sur le corpus de la personne étudié
Groupe de mots Occurences
1 (monsieur, et, madame) 212
2 (meilleurs, vœux, pour) 144
3 (pour, la, nouvelle) 130
4 (la, nouvelle, année) 129
5 (ses, meilleurs, vœux) 128
6 (vœux, pour, la) 122
7 (de, faire, part) 116
8 (conseil, d, etat) 96
9 (amis, et, connaissances) 84
10 (de, la, société) 82
11 (à, 20, h) 78
12 (il, y, a) 77
13 (et, leurs, enfants) 76
14 (de, la, suisse) 72
15 (présente, à, ses) 68
16 (n, est, pas) 68
17 (la, suisse, romande) 66
18 (le, conseil, d) 62
19 (et, de, la) 59
20 (l, union, ouvrière) 58
21 (de, l, union) 57
22 (de, la, ville) 55
23 (n, a, pas) 55
24 (de, l, ecole) 55
25 (du, décès, de) 54
26 (la, voix, du) 53
27 (clients, et, amis) 53
28 (que, l, on) 52
29 (et, petits, enfants) 51
30 (voix, du, peuple) 50