Raymond Dulaurens
Raymond Dulaurens, né le Modèle:Date à Paris<ref name="naissance">
« DULAURENS Raymond, Paris 10, 1891, Naissances, vue 143/168, acte no 753, (haut-gauche) », sur Archives Paris, 10ème arr.
</ref> , décédé le Modèle:Date à Nanterre<ref>Archives municipales de Nanterre acte no ...</ref>, est un homme de lettres, polyglotte, professeur d'espéranto et publicitaire. Pionnier du voyage en mobilhome, il sillonne une partie de l'Europe et de l'Afrique subsaharienne dans les années 20. Pendant l'Occupation, son intelligence et son excellente maitrise de l'allemand lui valent d'être recruté par les occupants, et chargé de l'achat des métaux non ferreux. En 1944, il est finalement dénoncé puis arrêté, avant d'être condamné définitivement en 1946 pour "commerce avec l'ennemi".
Situation personnelle et jeunesse
Naissance
Raymond Dulaurens est né le 7 février 1891 à Paris au domicile de ses parents, 95 Quai de Valmy<ref name="naissance"/> Il est le troisième enfant de René Louis Marie Dulaurens (1860-1930)<ref> « DULAURENS René, Paris 10, 1930, Décès, 10 10D, acte no 387 », sur Archives Paris, 10ème arr.
</ref>, employé des chemins de fer de l'Est, et de Fanny Amélie Bouessé de la Bellonière (1867-1943)<ref> « Fanny BOUESSE DE LA BELLONIERE, 1943, XXX, acte no XXX », sur Archives Paris, 10ème arr.
</ref>, sans profession, mariés le 5 mai 1885 à Paris<ref> « DULAURENS x BOUESSE DE LA BELLONIERE, Paris, 1885, Mariages, vue no 11/146,acte no 279 bis », sur Archives Paris, 10ème arr.
</ref>. Son père et sa mère son cousins germains, son grand-père paternel étant le frère de sa grand-mère maternelle. Après des études de lettres à ....,
Engagement pour la cause espérantiste
C'est en 1909 qu'il s'engage pleinement pour la cause espérantiste. Il intègre le groupe espérantiste de Paris et participe à la formation en 1909 d'un groupe espérantiste à Villemomble, auquel il donne des cours. Il devient délégué de l'Association universelle d'espéranto (UEA). Il fait parallèlement partie de l'équipe de rédaction du journal "L'Art dramatique et musical", journal satirique paraissant le 15 et le 30 de chaque mois, dans lequel il publie dès octobre 1909 une série d'articles « destinés à répandre parmi les artistes, l'Espéranto, la langue universelle de l'avenir ». La même année, il est nommé Directeur de la publicité de la revue mensuelle l'Enfant, consacrée à la protection de l'Enfance, dans lequel il rédige des articles promouvant l'espéranto comme remède à. Dans un article publié en décembre 1909, Dulaurens termine par : Modèle:Citation bloc
Délégué du comité central à de la 530ème section de la Dotation de la jeunesse (1912).
Première Guerre mondiale
En 1911, à l'âge de 20 ans, il est promu à la 10ème section de secrétaire d'état major. Il se marie au début de la Grande Guerre le 11 novembre 1914 à Rennes avec Marie-Thérèse Eulalie Léonie Pretceille.<ref> « DULAURENS x PRETCEILLE, Rennes, 1914, Mariages, 3E 123, vue 170/312, acte no 402 », sur Archives de Rennes
</ref> En 1915, il est envoyé sur le front au 75ème régiment d'infanterie puis change sept fois de régiment entre 1915 et 1917 passant progressivement de l'infanterie à l'artillerie puis au génie, avant d'être envoyé en pension plus régulièrement pour « troubles psychopathiques avec hyper-émotivité, dysthémie asthénie et dyspnée, vertiges de l’escalier.». C'est sur le front qu'il fait la connaissance de Julien Guillemard, fondateur de la revue littéraire La Mouette, où il rédige en pensions quelques articles très critiques envers la guerre et ouvertement germanophobes. Après la fin de la Guerre, sa pension d'invalidité est déclarée nulle son état étant jugé «très satisfaisant, sans aucun désordre nerveux objectif, nerveux constatables».<ref> « DULAURENS Raymond, Paris 10, 1911, matricule no 273 », sur Archives Paris, 10ème arr.
</ref>
Les voyages en Maison roulotte (1923-1939)
En 1922, il fait agencer en maison roulotte sa voiture Ford. En 1923, il rejoint en tant que représentant de commerce les établissements Técalémit de Paris qui sponsorisent son "home" par des affiches publicitaires sur la carrosserie<ref>Modèle:Article</ref>. Il effectue pendant quelques mois des tournées de représentation en France. Fort du succès de ce mode de transport inédit, la société annonce en 1924 que Raymond Dulaurens entamera une tournée de représentation au Maroc, en Algérie et en Tunisie en fin d'année.
La roulotte automobile de Dulaurens
Raymond Dulaurens, pionnier du camping automobile en France, conçoit et utilise plusieurs modèles de roulottes entre 1921 et 1932. Ses véhicules, qualifiés de "maisons roulantes" ou "homes sur route", se distinguent par leur ingéniosité et leur adaptation aux besoins du tourisme itinérant.
Évolution des modèles
- Premier modèle (1921) : Réalisé sur un châssis Ford 1 tonne pour 25 000 francs<ref name="Ford1T">Modèle:Cite journal</ref>, avec remorque attelée de 300 kg documentée dans L'Automobile sur Route<ref name="Remorque">Modèle:Cite journal</ref>. Décrit comme "la solution économique" dans Le Journal du Camping<ref name="Eco">Modèle:Cite journal</ref>.
- Modèle Latil (1926) : Présenté en exclusivité dans La Vie Automobile<ref name="MaisonRoulante">Modèle:Cite journal</ref> avec ses 4,25 m de long et son châssis 1 500 kg. Le Courrier de l'Ouest vante son "agencement ingénieux"<ref name="Ouest">Modèle:Cite news</ref>, notamment pour son lit breveté "pliante Dulaurens" primé au Salon des Inventeurs<ref name="SalonInv">Modèle:Cite news</ref>.
- Modèle de luxe : Qualifié de "palais roulant" par Dimanche Auto<ref name="Luxe">Modèle:Cite news</ref>, avec ses 600 000 francs de valeur.
Aménagements caractéristiques
L'intérieur combine :
- Un lit double (1,90 x 1,35 m) convertible en divan le jour<ref name="Ford1T"/>
- Un lavabo pliant de type maritime avec réservoir d'eau isolé de 80 litres<ref name="MaisonRoulante"/> testé par Camping Magazine<ref name="Cuisine">Modèle:Cite journal</ref>
- Une cuisine "Illor" équipée d'un réchaud à gaz d'essence<ref name="MaisonRoulante"/>
- Un bureau intégré avec machine à écrire Underwood<ref name="Bureau">Modèle:Cite journal</ref>
- Des sièges transformables de la maison Astruc (Castres)<ref name="MaisonRoulante"/>
- Un système de ventilation par quadruple cloison (liège, contreplaqué, revêtement intérieur) validé par le Bulletin des Ponts et Chaussées<ref name="Ponts">Modèle:Cite journal</ref>
Innovations techniques
- Structure légère en chêne et tôle avec isolation thermique<ref name="MaisonRoulante"/>
- Moteur Latil 14 HP à essence (20 L/100km) avec radiateur avant<ref name="MaisonRoulante"/>
- Système électrique complet avec dynamo Marcelle certifiée "sans entretien" pour 50 000 km<ref name="Dynamo">Modèle:Cite journal</ref> et batteries Dinet 48 Ah<ref name="MaisonRoulante"/>
- Volets de tôle escamotables pour isolation nocturne<ref name="MaisonRoulante"/>
- Banne latérale déroulante de 3,45 m de hauteur<ref name="MaisonRoulante"/>
Particularités
Dulaurens expose sa philosophie dans Le Touriste Français : Modèle:Citation<ref name="Chroniques">Modèle:Cite journal</ref>. L'Illustration lui consacre un reportage complet<ref name="Illustration">Modèle:Cite journal</ref>, soulignant ses solutions à 35 000 francs là où d'autres dépensaient 150 000 francs.
L'expédition nord-Africaine de 1924-1295
En 1924, le représentant de commerce R. Dulaurens entame un vaste périple à bord d'une maison roulante motorisée qu'il a fait spécialement aménager sur un châssis de voiture Ford, avec le soutien des Établissements Técalémit. Ce "home ambulant", équipé de tout le confort moderne de l’époque (lits, réserve d’eau, installation électrique autonome), a pour vocation de promouvoir le caravaning comme mode de vie itinérant, tout en représentant la marque Técalémit à travers le Maghreb. Le récit de ce voyage sera publié de manière rétrospective dans la revue *Dimanche Auto* en décembre 1926.
Départ de la France
Le véhicule est inauguré le 28 octobre 1924. Accompagné de son épouse et de leurs deux chiennes, Yucca et Zita, Dulaurens quitte Saint-Ouen-l'Aumône le 4 novembre. La roulotte embarque à Bordeaux le 30 novembre, à bord du *Volubilis*, un navire de la Compagnie générale transatlantique, et atteint Casablanca le 5 décembre. Le débarquement, illustré par plusieurs clichés de l’époque, impressionne par la grue soulevant la roulotte depuis le quai du port<ref>« La Roulotte Moderne », Le Petit Marocain, Casablanca, 12 décembre 1924.</ref>.
Etape 1 : Le Maroc
Dès son arrivée, la roulotte suscite curiosité et admiration : « rien ne se perd, rien ne se crée » écrit un chroniqueur du Petit Marocain, qui célèbre la roulotte comme une application moderne de l’automobile, remplaçant le cheval par un moteur, et supprimant la dépendance aux hôtels<ref>« La Roulotte Moderne », Le Petit Marocain, Casablanca, 12 décembre 1924.</ref>. M. Dulaurens, qualifié d’« homme pratique » par la presse, incarne l’idéal du voyageur moderne et autonome, un ambassadeur du tourisme motorisé, soucieux de conjuguer efficacité professionnelle et confort personnel<ref>Ibid.</ref>. Depuis Casablanca, le convoi prend la direction de Marrakech, en passant par Settat et Machraa Ben Abbou, avec des bivouacs dans les plaines de Ben Guerir. À Marrakech, la famille séjourne notamment à la Mamounia. Un article publié dans Echo du Maroc souligne que M. Dulaurens y poursuit son rôle de représentant de commerce avec méthode et régularité, tout en faisant la démonstration publique des innovations embarquées sur son véhicule<ref>« Grand Tourisme automobile », Echo du Maroc, Rabat, 2 janvier 1925.</ref>.
Ils poursuivent ensuite vers Amizmiz, puis gagnent la côte atlantique via Mogador, Safi, et Mazagan, avant de revenir à Casablanca à la mi-janvier 1925. La roulotte est décrite comme un "véhicule d’ingéniosité", avec des aménagements complets : lit transversal de 2 m x 1,35 m, armoire-commode, cuisine avec réchaud à gaz, batterie de cuisine, table à écrire, réservoir de 80 litres d’eau potable et deux batteries d’accumulateurs. Le tout permettait à l’équipage de vivre en autonomie complète pendant plusieurs jours. M. Dulaurens, toujours accompagné de son épouse et de leurs deux chiennes, gère aussi l'entretien technique de la roulotte, la navigation sur des pistes parfois inexistantes et les contacts avec les autorités locales. La presse insiste sur sa capacité à allier improvisation sur la route et sérieux dans sa mission de propagande industrielle. Les voyageurs mettent ensuite le cap vers le nord : Rabat, Kénitra, Volubilis, Meknès, Fès, Taza, Guercif et Oujda. Le voyage au Maroc est marqué par la diversité des paysages, l’accueil des populations, les visites de médinas, de mosquées (notamment à Fès et Meknès), de palais de justice, et par l’observation des modes de vie indigènes. « Chaque service se promènera sur son propre domaine » ironise l’auteur d’un billet humoristique du journal La Vigie Marocaine, imaginant un avenir entièrement motorisé<ref>« Propos du jour », La Vigie Marocaine, Casablanca, 12 décembre 1924.</ref>. Dans ce contexte, M. Dulaurens est présenté comme l’incarnation d’un nouveau type de voyageur : à la fois technicien, agent commercial, chroniqueur et aventurier du bitume.
Etape 2 : L'Algérie
Depuis Oujda, la roulotte entre en Algérie par l’est et commence sa traversée des trois départements algériens. À Philippeville, le couple fait halte aux bains de Hammam Sidi M’Cid, où la température de l’eau permet de profiter d’une baignade en plein air à 25 °C<ref>Dimanche Auto, 26 décembre 1926.</ref>. Séduits par la douceur du climat, ils séjournent quelques jours sur la côte, puis reprennent la route vers Bône. Ils visitent la basilique Saint-Augustin d'Hippone, située sur une colline dominant la mer, avant de camper à la plage de Chapuis. Ils poursuivent ensuite vers El Kala en traversant les gorges du Rummel, Guelma, Souk Ahras, puis remontent vers les montagnes de Sétif et El Kantara. La traversée de l’Algérie est aussi marquée par une ascension difficile du Djurdjura et par le franchissement du col de Teniet el-Haad, atteint à 1 150 mètres d’altitude dans des conditions hivernales. La roulotte progresse dans des gorges étroites, sur des routes non goudronnées, parfois au bord de précipices. Des photographies publiées montrent le véhicule sur des corniches abruptes<ref>Ibid.</ref>. Le passage par Biskra marque une transition vers les régions du Sud, avec ses palmeraies et ses paysages désertiques. Après un arrêt à Alger, les voyageurs campent dans les hauteurs boisées autour de Tizi-Ouzou, puis poursuivent à travers la Kabylie via Fort National et Michelet. Cette partie du périple, particulièrement accidentée, est décrite comme rude mais splendide, avec une nature luxuriante et des villages perchés<ref>Dimanche Auto, 19 décembre 1926.</ref>. Ils atteignent ensuite Béjaïa, située au bord de la Méditerranée, où ils contemplent la baie depuis le Cap Carbon. À Constantine, les articles mentionnent la visite des gorges du Rummel et de sites archéologiques romains comme Timgad ou Lambèse<ref>Ibid.</ref>. Ces lieux, associés à l’architecture coloniale, sont abondamment photographiés et décrits comme parmi les plus saisissants du parcours. À La Calle, les voyageurs franchissent la frontière tunisienne.
Etape 3 : La Tunisie
En Tunisie, le voyage se poursuit par Bizerte, où la roulotte est photographiée en train de traverser le bac<ref>« Une roulotte de grand tourisme », La Dépêche Sfaxienne, Sfax, 5 mai 1925.</ref>. R. Dulaurens et sa famille rejoignent ensuite Tunis, où ils séjournent plusieurs jours à proximité de l’avenue de Carthage. La roulotte y suscite à nouveau l’attention de la presse locale, notamment du Petit Matin et du journal La Liberté de Tunis<ref>« Tourisme pratique », La Liberté, Tunis, 3 mai 1925.</ref>. Le 29 mai 1925, après plus de six mois de route à travers le Maghreb, la roulotte embarque à bord du cargo *Eugénie* en partance de Tunis pour Nice, marquant ainsi la fin de cette grande expédition<ref>« Une heureuse réalisation de roulotte automobile », Le Petit Matin, Tunis, 30 avril 1925.</ref>.
Ce périple pionnier est restitué en détail dans les articles de R. Dulaurens publiés entre 1924 et 1926 dans la presse francophone du Maghreb (Le Petit Marocain, Echo du Maroc, La Vigie Marocaine, La Liberté, Dimanche Auto), illustrés de cartes, de croquis et de photographies. Il témoigne d’une première grande tentative de caravaning motorisé au Maghreb, à une époque où ce mode de transport restait rare et aventureux.
L'expédition Italienne au printemps 1926
L'expédition suisse à l'été 1926
Procès contre le Maire de Bayonne (1927-1932)
Contexte et faits
En 28 août 1927, Raymond Dulaurens arrive à Bayonne avec sa roulotte automobile de luxe. Selon sa pratique habituelle, il sollicite à la mairie un emplacement pour stationner, insistant sur son statut de touriste et non de forain ou de romanichel. Le maire de la ville Joseph Garat, également député et directeur du journal Le Sud-Ouest, lui oppose un refus catégorique, s'appuyant sur un arrêté municipal interdisant le stationnement des "voitures de nomades". Dulaurens est finalement expulsé avec l'intervention de la police municipale.
Affrontement par lettres interposées
L'affaire déclenche un vif débat :
- Le 30 août 1927, Raymond Dulaurens publie dans Le Courrier de Bayonne une lettre ouverte dénonçant ce qu’il qualifie d’« inhospitalité » de la ville, à la suite d’un échange conflictuel avec le maire. Dans un ton mêlant ironie, provocation et revendications juridiques, il conclut sa missive par une déclaration percutante :
- Le lendemain, Joseph Garat réplique dans son journal Le Sud-Ouest. Il lui répond de manière conjointe avec Napoléon Rancy, un forain s'étant vu refusé lui-aussi l'accès à Bayonne pour son cirque. Les passages consacrés à Dulaurens est le suivant :
- Le 2 septembre 1927, Le Courrier de Bayonne publie la réponse de Dulaurens, qui reprends points par points le " fatras bien indigeste" de M.Garat. Sa réponse complète :
Recours devant le Conseil d’État
En 1928, Raymond Dulaurens engage un recours pour excès de pouvoir contre la décision du maire de Bayonne qui lui a refusé l’autorisation de stationner sa roulotte automobile à usage d’habitation sur le domaine public. Il avance principalement deux arguments :
1) Détournement de pouvoir : selon lui, l’arrêté municipal du 2 août 1927 visait les « voitures de nomades » et non les touristes motorisés.
2) Inégalité de traitement : des permis de stationnement étaient accordés à d'autres véhicules dans des conditions similaires.
L’affaire est examinée par le Conseil d’État le 3 juin 1932. Lors de l’audience, le commissaire du gouvernement Marcel Detton reconnaît que « la législation gagnerait à être mise à la page », mais conclut néanmoins que « la voie publique n’est pas faite pour servir de chambre à coucher »<ref>Conseil d’État, arrêt Dulaurens-Pretecille, 3 juin 1932.</ref>. Dans sa décision, la haute juridiction rejette la requête, estimant que le maire a agi dans le cadre de ses pouvoirs de police et que le stationnement prolongé d’un véhicule à des fins d’habitation ne peut être assimilé à celui d’une voiture ordinaire. Le Conseil précise en outre qu’il n’a pas compétence pour statuer sur un refus portant sur un terrain appartenant au domaine privé de la commune<ref>Ibid.</ref>.
Décision et conséquences
Le Conseil d'État rejette finalement le pourvoi en juin 1932, validant le pouvoir de police des maires<ref>« En Conseil d'État », Le Courrier de Bayonne, 2 septembre 1927, p.9.</ref>.
Jurisprudence issue du procès
Le Conseil d'État rend le 3 juin 1932 un arrêt fondateur dans l'affaire opposant Raymond Dulaurens à la ville de Bayonne<ref>Modèle:Cite journal</ref> :
Postérité
Application ultérieure :
« CE, 1954, Société Ciné-Paramount », sur {{{site}}}
(proportionnalité)
« CE, 1985, Fédération nationale des cinémas français », sur {{{site}}}
(discrimination)
Limites maintenues :
- Pouvoir d'interdire le camping sur voie publique (CE, 1938, Dlle Bobard)
- Possibilité de zones spécifiques (CE, 1962, Commune de Saint-Raphaël)
Arrêt Dulaurens Conseil d'État, Assemblée, 3 juin 1932, n°4789
Fait juridique
Le maire Joseph Garât de Bayonne avait édicté un arrêté municipal le 2 août 1927 interdisant le stationnement des "roulottes de nomades" sur le territoire communal. Cette mesure fut appliquée à Raymond Dulaurens, propriétaire d'une voiture-aménagée de tourisme haut de gamme, bien qu'il ne fût pas forain ni romanichel<ref>Recueil des arrêts du Conseil d'État, 1932, p.573</ref>.
Problème de droit
La question centrale portait sur l'étendue des pouvoirs de police municipale (art. 97 de la loi du 5 avril 1884) : « Un maire peut-il interdire spécifiquement un type de véhicule sur la voie publique au titre de ses pouvoirs de police ? »
Solution
Le Conseil d'État a statué que :
- Le principe des pouvoirs de police municipale était valide (art. L.2212-2 du CGCT)
- Mais avec deux limites essentielles :
# La mesure doit être proportionnée aux troubles réels à l'ordre public # Elle ne peut établir une discrimination arbitraire entre différents usagers
Portée juridique
Cette décision a établi que : 1. Les maires ne peuvent pas édicter d'interdictions catégorielles sans motif légitime 2. Le statut de "nomade" ne saurait s'appliquer aux touristes motorisés 3. La liberté de circulation ne peut être restreinte que pour des raisons impérieuses
- Toiles illustrant la légende napoléonienne
- Antoine-Jean Gros - Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa.jpg
- Baron Antoine-Jean Gros-Battle Pyramids 1810.jpg
- Napoleon-Gérome.jpg
- Bonaparte ante la Esfinge, por Jean-Léon Gérôme.jpg
Activités pendant l'Occupation et répercussions (1940-1946)
De traducteur à receleur de métaux pour les allemands
Le Procès Dulaurens pour commerce avec l'ennemi (juillet 1945-janvier 1946)
Fin de sa vie et décès
Notes et particularités
- La roulotte était équipée d’un lit escamotable, d’un réchaud, d’une installation de douche, d’un réservoir d’eau et d’une génératrice. - Le voyage s’est déroulé sans incident majeur, malgré les conditions parfois extrêmes (neige, pistes rocailleuses, chaleur saharienne). - R. Dulaurens publiera par la suite plusieurs articles illustrés dans *Dimanche Auto* relatant les différentes étapes du voyage.
Voir aussi
Références
Modèle:... à compléter avec les articles originaux de presse scannée ...
arrivée voiture Casablanca : 05/12/1924
Algérie : fin janvier 245
Tunisie : avril/mai 25
Départ : 25/05/25
Juin 25 : retour à Nice
Tour de la terre
Printemps 26 : Italie
Eté 1926 : Suiisse
Fin 26 : Ouest de la France
Printemps 27 : Sud France
08/27-06/32 : Maire Bayonne
Starsbourg / Alsace / Mulhouse : été 28
1935 : articles (propretés camping)
En 1927, il entre au comité fondateur de l'"Auto Camping Club de France" et devient membre du Touring Club de France.
Conseil d'État, 3 juin 1922, Dulaurens-Pretecille
Référence : CE, 3 juin 1922, Dulaurens-Pretecille, non publié au Recueil Lebon Type de décision : Arrêt de rejet Juridiction : Conseil d'État, Section du contentieux Date : 3 juin 1922 Parties : M. Dulaurens-Pretecille c/ Ville de Bayonne
Résumé
L'arrêt Dulaurens-Pretecille est une jurisprudence fondatrice concernant le stationnement sur le domaine public, notamment par des véhicules à usage d’habitation. Le requérant contestait le refus du maire de Bayonne d'autoriser le stationnement de son véhicule destiné à servir de logement, sur la voie publique ou sur des terrains appartenant à la commune. Le Conseil d’État rejette sa demande.
Apports jurisprudentiels
- Le maire peut refuser le stationnement prolongé sur le domaine public pour des motifs d’ordre public, dans le cadre des articles 97 et 98 de la loi du 5 avril 1884 (ancêtre du CGCT).
- Le stationnement à des fins d’habitation est un usage anormal du domaine public, qui diffère du stationnement ordinaire des véhicules.
- Le refus d’autorisation ne constitue pas une atteinte au principe d’égalité, en raison de la différence de situation entre les usagers.
- Le Conseil d’État rappelle que les litiges relatifs au domaine privé de la commune relèvent de la compétence du juge judiciaire.
Portée
Cette décision a servi de fondement à de nombreuses réglementations locales encadrant l'installation de véhicules utilisés comme logement (caravanes, camions aménagés, etc.) sur les voies publiques. Elle est encore invoquée pour justifier les arrêtés municipaux visant à prévenir l’occupation durable du domaine public.
Voir aussi
- Police administrative
- Pouvoir de police du maire
- Domaine public
- Droit administratif français
- CE, Commune de Saint-Leu, 1986
- Code général des collectivités territoriales (CGCT)