Le Mouvement des Femmes du 20ème siècle en Suisse
Introduction
Le mouvement des femmes en Suisse plonge ses racines dans la première moitié du XIXe siècle. Dans le cadre du débat sur le paupérisme, des associations féminines locales virent le jour dans les grandes communes protestantes du Plateau dès les années 1830. Lancées et dirigées par des pasteurs et des hommes politiques préoccupés par la question sociale, elles s'occupaient d'assistance et d'éducation des filles. Les membres de ces sociétés étaient des femmes issues des milieux dirigeants de l'économie, de la politique et de la formation. Les filles devaient recevoir une éducation qui les préparait à assumer leur fonction de mère et de ménagère (rôle des sexes), ce qui se traduisit par l'intégration de l'enseignement des travaux à l'aiguille dans les programmes scolaires (travaux manuels). Entre 1846 et 1870, des femmes posèrent les premiers jalons d'une organisation autonome, bien qu'encore informelle, au niveau cantonal. Elles intervenaient, le plus souvent sans succès, lors de révisions constitutionnelles (constitution) ou du droit privé, afin d'améliorer leur situation juridique ou d'étendre leurs moyens d'action.
Enjeux
Les enjeux principaux pour ce projets étaient les suivants :
- Identifier des acteurs et actrices méconnus du mouvement des femmes en Suisse, et mettre en lumière ces personnages à travers une datafication grâce à Impresso.
- Analyser les impacts de ces personnages sur le mouvement féministe en Suisse, et explorer quels étaient leurs moyens d'agir (associations, politique, système légal, cadre social).
- Etudier la façon dont sont représentés ces personnages dans la presse Suisse. En particulier, nous nous sommes plus penchés sur la presse romande, car elle ne pose pas de problème de traduction.
Personnages
Analyse et conclusion
A travers l'étude de nos personnages, nous avons pu recenser différents moyens d'actions et d'impact sur le mouvement féministe.
Monde du travail
La reconnaissance des femmes en tant que membres à part entière de la société passe par la représentation. Pour celà, un grand moyen d'action étaient les associations qui étaient vouées à montrer la place que les femmes pouvaient et devraient avoir. La SAFFA était une initiative importante, à laquelle deux de nos personnages ont largement contribué : Elisabeth Nägeli et Anna Martin. Le succès rencontré lors de la première édition en 1928 a permis d'en lancer une deuxième en 1958, mais surtout de lancer la société de cautionnement de la SAFFA, qui a financé des centaines de projets de femmes pour leur permettre l'indépendance financière.
Monde associatif
Impossible de parler d'associations féministe sans parler de l'Alliance des sociétés féminines Suisses(ASF). Cette association était très présente dans le mouvement au 20ème siècle, puisque Danielle Bridel, Elisabeth Nägeli et Anna Martin en faisaient toutes trois partie. Elle tient un grand rôle, puisqu'elle coordonne et soutient les activités de divers groupes et institutions féministes. Notamment :
- Elisabeth Nägeli représente l'ASF à la commission fédérale de l'AVS, qui vise à assurer que les femmes soient prises en charge par l'AVS.
- L'ASF soutient le suffrage féminin par le biais de l'Association suisse pour le Suffrage féminin, dans laquelle Emile Béranger a siégé au comité.
- L'ASF s'engage pour le travail des femmes, et participe à la SAFFA de 1928, dans laquelle Anna Martin est commissaire générale.
- L'ASF participe au développement du Service Complémentaire Féminin (SCF), dans lequel Danielle Bridel été impliquée.
- Il peut être intéressant de mentionner que le mouvement ouvrier féminin, avec lequel Rosa Grimm avait des liens, refuse d'adhérer à l'ASF, jugeant la lutte ouvrière plus importante.
On peut donc voir que l'Alliance des sociétés féminines Suisses a eu un rôle important de soutient et de coordination, dans des domaines divers. Elle est la liaison entre nos personnages, et un point central du mouvement.
Cadre législatif
Le féminisme au 20ème siècle passe par la reconnaissance de nouveaux droits aux femmes. Sur ce point, Danielle Bridel a été très active, étant la première femme en Suisse à occuper un poste de direction au sein de l'administration fédérale, et ayant poussé le débat sur l'assurance maternité. Le suffrage féminin est un sujet important, qui a occupé Emile Béranger, mais qui ne sera gagné qu'en 1971 soit après la période d'activité de la majorité de nos personnages.
Monde politique
Bien que la politique soit un domaine primordial, les femmes en sont relativement absentes durant la première moitié du 20ème siècle. Les contributions de Rosa Grimm au mouvement ouvrier sont les seules véritables empreintes qu'un de nos personnages a laissé en politique. Cela peut être expliqué par le fait que n'ayant pas le droit de vote, il paraît inpensable pour une femme du début du 20ème siècle de s'engager politiquement.
Représentation dans la presse romande
Une autre des découvertes que nous avons faite en explorant Impresso concerne la représentation dans la presse, et les limitations de cette source.
- Au 20ème siècle, les journaux étaient utilisés pour informer sur des évènements à venir et pas seulement sur des évènements passés. Cela nous a beaucoup aidés dans nos recherches puisque les conférences données par nos personnages étaient mises en avant dans la presse.
- Les articles étant à grande majorité écrits par des hommes, il était intéressant de voir les opinions biaisées sur le mouvement des femmes dans la presse. Certains rédacteurs étaient offusqués, et semblaient avoir peur d'un futur ou homme et femmes partagent les mêmes rôles dans la société. D'autres semblaient considérer ces évènements avec un manque de sérieux total, commentant l'apparence physique des femmes plus que leurs actions[1],[2].
- Les évènements les plus représentés dans la presse ne sont pas nécéssairement les plus importants. Certains évènements semblaient totalement absents des journaux, car ils ne se sont révélés importants que longtemps après l'évènement en question.